Alexeï Navalny, Vladimir Kara-Moursa...
Comment Poutine élimine peu à peu ses opposants pour rester au pouvoir

La persécution de l'opposition en Russie s'intensifie: le chef du Kremlin a éliminé presque tous ses opposants. Mais comment s'y prend le président russe pour faire taire les critiques? Blick fait le point sur ses stratégies.
Publié: 29.02.2024 à 17:22 heures
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Vladimir Poutine a soit emprisonné, soit contraint à l'exil, soit réduit au silence presque tous ses opposants de premier plan.
Photo: AFP
Johannes Hillig

Vladimir Poutine est prêt à tout pour conserver le pouvoir. Il ne tolère aucune contradiction, aucun adversaire – et pourtant, des opposants, il y en a. La plupart des critiques du Kremlin ont déjà tous été éliminés: emprisonnés, exilés ou morts, Poutine a écarté les fortes têtes de son chemin. Blick fait un tour d'horizon sur le sort des opposants en Russie et sur les stratégies mises en œuvre par le chef du Kremlin pour arriver à ses fins.

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La mort, en prison

Pendant plus d'une décennie, Alexeï Navalny a été le plus grand critique du Kremlin. Son engagement lui a valu du harcèlement, constant, puis l'emprisonnement. Le critique a même subi un empoisonnement qui a failli lui coûter la vie. Mais la mort a fini par avoir sa peau le 16 février dernier. L'opposant a rendu son dernier souffle dans une colonie pénitentiaire digne de l'enfer près du cercle polaire.

Ses partisans et de nombreux politiciens occidentaux ont tenu Poutine pour responsable de la mort de Navalny. Certains parlent même de meurtre, en vue de l'attaque au poison dont Navalny a été victime. Après avoir été soigné en Allemagne, il était revenu en terre russe en janvier 2021. C'est à ce moment-là qu'il a été arrêté et condamné, entre autres, à 19 ans de prison ferme pour «extrémisme».

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La mort, par assassinat

Boris Nemtsov était le vice-chef du gouvernement. A un certain moment, il était pressenti pour succéder au président Boris Eltsine (1931-2007). Mais c'est Poutine qui a ensuite accédé au pouvoir. Boris Nemtsov faisait partie de ses plus virulents détracteurs. Et sa réticence lui a coûté cher.

En février 2015, l'homme de 55 ans a été assassiné de quatre balles dans le dos sur un pont situé à quelques mètres du Kremlin. Ses proches ont accusé le président de la République russe de Tchétchénie Ramzan Kadyrov d'avoir commandité le meurtre. Par la suite, cinq Tchétchènes ont été condamnés pour le crime, sans que le commanditaire ne soit officiellement désigné.

En octobre 2006, la journaliste Anna Politkovskaïa a été abattue à son domicile à Moscou. Elle travaillait pour le journal indépendant «Novaïa Gazeta» et avait documenté pendant des années les crimes de l'armée russe en Tchétchénie.

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La prison, pour des années

De nombreux autres opposants à Poutine ont échappé à la mort – du moins pour l'instant – au profit de la prison. Mardi, le militant des droits de l'homme Oleg Orlov a été condamné à deux ans et demi d'enfermement pour avoir été membre de l'ONG russe de défense des droits de l'Homme Memorial, qu'il co-présidait. Motif de sa peine? Des critiques à l'encontre de la guerre en Ukraine.

L'opposant Vladimir Kara-Moursa a, de son côté, été empoisonné à deux reprises, selon ses propres dires. En avril 2023, un tribunal l'a condamné à 25 ans de prison pour avoir diffusé de «fausses informations» sur l'armée russe. Il purge actuellement sa peine en Sibérie.

Huit ans et demi de prison: c'est le verdict prononcé en avril contre le politicien Ilia Iachine. Il avait dénoncé «l'assassinat de civils» dans la ville ukrainienne de Boutcha.

Xenia Fadejewa, ancienne députée et alliée d'Alexeï Navalny, a été comdanée à une peine de neuf ans de prison fin 2023. Les autorités reprochent à la jeune femme de 31 ans d'avoir fondé une «organisation extrémiste». Pour le même motif, Lilia Tchanycheva, la première collaboratrice de Navalny, a été condamnée en juin 2023 à sept ans et demi de prison.

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L'exil

De nombreux opposants vivent désormais à l'étranger. L'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov en fait partie. L'opposant et ancien magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski a retrouvé la liberté en 2013 après avoir passé dix ans en prison. A sa sortie, il s'est enfui à Londres, où il finance des plateformes d'opposition au gouvernement russe.

De nombreux autres partisans de Khodorkovski et de Navalny ont quitté le pays au cours des trois dernières années. La répression s'est encore endurcie, surtout depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Mais même en exil, les opposants ne sont pas épargnés. En février, les autorités russes ont ouvert une enquête pour «incitation au terrorisme» contre l'écrivain Boris Akounine, qui vit à Londres depuis 2014.

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L'étiquette d'«agents de l'étrangers»

Une autre méthode pour faire taire les critiques consiste à les classer comme «agents de l'étranger». Des centaines de militants des droits de l'homme, d'opposants et de journalistes ont reçu cette étiquette, parmi lesquels l'ex-chef du gouvernement Mikhaïl Kassianov et le rédacteur en chef de la «Novaïa Gazeta», Dmitri Mouratov. Des ONG comme Memorial ou le Centre Sakharov ont également été dissoutes pour avoir enfreint la loi sur les «agents étrangers».

(avec l'AFP)

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