Cette fois, pas de gaffe. Pas de phrase mal prononcée. Pas d’erreur de script. C’est en commandant en chef et, surtout, en «shérif» du désordre mondial que Joe Biden s’est adressé à ses compatriotes jeudi 19 octobre à 20 heures, en direct de la Maison-Blanche. Le président âgé de 80 ans revenait tout juste d’Israël, sujet principal de son allocution. Il doit recevoir, ce vendredi à Washington, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen (représentant les 27 États membres) Charles Michel. Le moment est décisif. Et il a décidé de le saisir.
Trois affirmations géopolitiques, lors de cette intervention d’une vingtaine de minutes. La première? «Israël a besoin d’être protégé» et tout sera fait pour rendre l’État hébreu «plus fort que jamais». La seconde? Le soutien militaire à l’Ukraine doit se poursuivre «pour stopper la brutalité de Vladimir Poutine». La troisième? Les États-Unis peuvent et doivent être garantir la sécurité de ces deux alliés, et bien au-delà. Joe Biden a fait la comparaison avec la seconde guerre mondiale. Son pays est de nouveau, selon lui, «l’arsenal de la démocratie». Une «balise pour le monde». Une nation tout simplement «indispensable».
«Tous Américains»
Le moment le plus fort de ce discours a toutefois été le passage durant lequel ce président octogénaire, moqué pour son âge et sa maladresse, et confronté au rouleau compresseur électoral Donald Trump, s’est adressé aux Américains, et en particulier aux communautés arabes et palestiniennes. Citant le meurtre d’un garçon musulman de six ans survenu ces jours-ci près de Chicago, Joe Biden a plusieurs fois répété son prénom, soulignant l’appartenance de tous au peuple américain, et demandant à ses concitoyens «de ne pas être aveuglé par la rage». Juste avant, le locataire de la Maison-Blanche avait redit son attachement à une «paix à deux États» entre Israël et la Palestine, et la nécessité pour l’armée israélienne de respecter le droit de la guerre dans sa riposte contre le Hamas. Un couloir humanitaire, a-t-il promis, sera ouvert à partir de l’Égypte pour les convois des Nations unies.
Question maintenant: cet appel pour une assistance d’urgence de 100 milliards de dollars va-t-il être entendu par un Congrès, en pleine crise à la Chambre des Représentants, incapable de désigner un président en raison des divisions au sein du parti Républicain? C’est au Capitole que le «Shérif» Joe Biden doit maintenant être entendu. Et mener bataille.