A l'issue du scrutin dominical
Ces cinq duos détermineront l'avenir de l'Europe

Qu'ils l'emportent ce soir à l'issue des élections européennes, chacun pour leur camp politique, ou qu'ils soient battus dans les urnes, ces cinq personnalités détermineront l'avenir de l'Union européenne. Les suivre de près est une obligation.
Publié: 09.06.2024 à 16:29 heures
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Ursula von der Leyen est la présidente sortante de la Commission européenne, candidate à un second mandat.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

L’avenir de l’Union européenne sera entre leurs mains à partir de demain. Lorsque à l’issue d’un scrutin ouvert le jeudi 6 juin, ces cinq duos de personnalités pèseront de tout leur poids politique sur l’UE et ses prochaines échéances. Les uns sortiront vainqueurs de cette élection unique à un tour, pour laquelle 360 millions d’électeurs des 27 pays membres sont conviés. Les autres auront perdu du terrain. Mais tous se retrouveront, d’une manière ou d’une autre, autour de la table de l’UE afin de forger d’indispensables compromis.

Bardella-Krah, les bulldozers anti-UE


La tête de liste du Rassemblement national français est bien plus «présentable» que son homologue de l’AfD allemande, prié de ne plus faire campagne par ses soutiens depuis sa déclaration sur le fait que tous les SS n’étaient pas des criminels. Pourquoi les mettre ensemble alors? Parce que ces deux partis, même s’ils sont aujourd’hui en instance de divorce politique, symbolisent ce qui est en train de changer au sein de l’Union européenne. Le RN, qui a abandonné ses demandes passées de sortir la France de l’UE et de l’euro, s’est banalisé au point d’être presque considéré comme un parti de gouvernement. 

Et de ce point de vue, son chef de file de 28 ans est l’archétype du nouveau national-populiste, très populaire auprès des jeunes. A l’inverse, l’AfD allemande semble figée dans ses refrains nauséabonds. Gare toutefois à ce qui va se passer après le scrutin: les deux bulldozers anti-UE Bardella et Krah pourraient bien conclure une alliance, ou du moins mettre en commun leurs efforts pour affaiblir les institutions communautaires.

Meloni – Orban, les faiseurs de rois d’extrême-droite

La Première ministre italienne a assumé jusqu’au bout. Elle est la tête de liste de son parti Fratelli d’Italia aux élections européennes, et même si elle ne siégera pas à Strasbourg, une victoire ce dimanche lui donnerait encore plus de poids dans les futurs débats entre les 27 membres de l'UE. Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, est la figure de proue du camp national-populiste. Il plaide – contrairement à Meloni – pour une politique d’apaisement envers la Russie et son pays assumera à partir du 1er juillet la présidence tournante semestrielle de l’Union européenne. 

Tous les deux sont d’extrême-droite. Tous les deux ont des liens avec la droite traditionnelle du Parti populaire européen, qui soutient la candidature d’Ursula von der Leyen à un second mandat à la présidence de la Commission. Tous les deux siègent au Conseil européen, qui représente les États-membres. Ils seront les faiseurs de rois.

Macron – Draghi, les architectes inquiets

Emmanuel Macron est le dirigeant politique en exercice qui a le plus à perdre d’une lourde défaite de son camp à ces élections européennes. Pourquoi? Parce qu’il s’est le plus avancé en faveur d’une défense européenne et qu’il n’a cessé de répéter: «Notre Europe est mortelle.» Il s’est donc exposé, et une victoire fracassante du RN sera interprétée comme son échec. Bien sûr, le chancelier allemand Olaf Scholz sera aussi ébranlé si son parti social-démocrate est battu, mais il est resté bien plus discret que Macron ces dernières semaines. 

Pourquoi citer l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi, qui n’est ni dirigeant sortant, ni candidat? Parce que beaucoup le voient comme un recours à la présidence de la Commission européenne. L’ex-patron de la Banque centrale européenne pourrait être soutenu par la droite et la gauche pro-européenne. Problème: le bâtiment européen dont hériteront Macron et Draghi après le scrutin de dimanche pourrait bien être très fissuré.

Schmit – Glucksmann, les sauveurs de la gauche pro-UE

Qui connaît le commissaire européen sortant luxembourgeois aux Affaires sociales? Presque personne. Nicolas Schmit, qui n’est pas candidat aux élections européennes, est pourtant le «Spitzenkandidat» de la gauche sociale-démocrate européenne à la présidence de la Commission. Pour parler «Suisse», il serait l’homme que soutiendrait Pierre-Yves Maillard et le PS helvétique si la Confédération était dans l’UE. 

Or Schmit a un programme: conforter la dimension sociale européenne, ravagée par la domination des grands conglomérats, la concurrence salariale déloyale et la disparition progressive de la production industrielle du continent. L’un des espoirs de ce camp social-démocrate est la liste française de Raphaël Glucksmann soutenue par le PS. Ce duo-là est existentiel pour l’Union, car sans crédibilité sociale, les institutions communautaires prêtent le flanc aux pires critiques des populistes.

Von der Leyen – Breton, le duel de l’après scrutin

Ces deux-là ne se supportent plus. La présidente allemande sortante de la Commission européenne a, dans les pattes, le très influent et prolifique commissaire français au marché intérieur Thierry Breton. Les citer tous les deux, c’est rappeler qu’après l’élection du Parlement européen, la balle reviendra dans le camp des chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 qui devront attribuer les «top jobs», les postes importants à la tête des institutions communautaires. 

A ce stade, voici une liste. Présidence de la Commission? Von der Leyen (alias VDL) tiendra la corde si la droite traditionnelle arrive en tête. Sinon… Présidence du Conseil européen? On parle de plus en plus du socialiste portugais Antonio Costa. Haut représentant pour les Affaires étrangères? La Première ministre estonienne Kaja Kallas est en lice. Sauf qu’à l’image du duo VDL-Breton, tout peut exploser. Chaque «grand» pays va chercher à maximiser ses intérêts. Idem pour chaque camp politique. Le duel pourrait bien virer en foire d’empoigne, avec comme arbitre les futurs (et nombreux) élus nationaux populistes du Parlement européen.

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