Des gardes forestiers allemands sont confrontés à une situation plutôt exceptionnelle. En temps normal, les forêts accueillent principalement des promeneurs et ne sont pas vraiment en proie des voleurs. Mais entre 10 juin et le 1er juillet, près de 9 mètres cubes de bois ont disparu dans le secteur de Carsten Breder, garde forestier à Paderborn en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Les troncs se trouvaient au bord d’un chemin en attendant d’être récupérés par l’acheteur, apprend-on dans le journal allemand «Die Welt». Voler ce butin a demandé une organisation minutieuse. Pour le garde forestier, cela ne fait aucun doute: «Les auteurs ont dû venir avec un camion-grue, donc de manière assez professionnelle.»
Un problème croissant en Allemagne
Carsten Breder est convaincu, c’est un problème croissant. Au téléphone, il affirme: «La tendance au vol de bois est clairement là. Je l’entends aussi de la part de collègues de d’autres régions. Je crains que cela ne se répande davantage.»
Une situation certes insolite mais qui ne surprend par l’Allemand. L’annonce d’une crise énergétique inquiète la population. Pénurie de gaz, appartements froids, hausse des prix du mazout… Cela ne présage rien de bon (et de chaud) pour l’hiver à venir.
Et le bois de chauffage est aussi victime de la flambée des prix en Allemagne. L’année dernière, un mètre cube coûtait environ 64 euros. A l’heure actuelle, les prix pour la même quantité varient entre 100 et 180 euros. Selon Carsten Breder, cette augmentation peut donner «l’idée de se procurer du bois illégalement».
Des vols spectaculaires
Les 300 gardes forestiers de la région ont récemment livré un témoignage dans le «Landesbetrieb Wald und Holz», le service forêt et bois de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, pour livrer leur inquiétude. Selon Nicole Fiegler, porte-parole de l’Office national des forêts à Münster: «Il y a une augmentation des vols, mais ce ne sont pour l’instant que quelques cas isolés. Mais cela n’exclut pas que davantage de bois soit dérobé à l’insu de tous. Il n’est malheureusement pas possible de le contrôler sans faille.»
Certaines régions d’Allemagne ont cependant fait état de vols spectaculaires ces derniers mois. Le cas le plus notoire s’est déroulé en mai dernier. C’est plus de 200 mètres cubes d’épicéa d’une valeur de 20’000 euros qui ont disparu près de Schulenberg en Basse-Saxe. Pour la police, les voleurs ont employé les grands moyens: plus de huit chargements de camion ont dû être nécessaires pour s’emparer des troncs de plus de cinq mètres de long.
Et ramasser du bois mort?
Mais les cas les plus répandus restent tout de même à plus petite échelle, pas tout le monde possède un camion-grue dans son garage. Selon le garde forestier c’est surtout «des particuliers qui ramassent un peu de bois mort sur leur vélo ou dans une brouette, sûrement pour s’en servir comme chauffage». Pas de quoi se réchauffer durant tout l’hiver…
Mais sachez-le, en Allemagne, ce geste constitue un délit, précise Nicole Fiegler pour le journal allemand. «D’un point de vue juridique, c’est clairement un délit. Mais les gens ne s’en rendent pas compte. C’est pourquoi nous les avertissons. On les informe que cela nuit également à la nature de ramasser du bois mort, car cela prive les animaux d’habitat et de nourriture.»
En Suisse la législation semble différente. Selon le site de l’Etat de Genève, il est autorisé de ramasser du bois en forêt sauf interdiction mentionnée par le propriétaire ou dans des espaces protégés. Dans le canton de Vaud, récupérer un peu de branchages est autorisé. Pour de plus grande quantité, il faut demander une autorisation.
Pas de cas connu en Suisse
Mais qu’en est-il de la situation en Suisse? A l’heure actuelle, il semblerait que les forêts helvétiques soient épargnées par les voleurs de bûches. Aucun cas de vol n’a été communiqué, pour l'instant, en Suisse romande.
Contactée par la rédaction, la division des forêts du service de l’environnement de l’Etat de Vaud le confirme: aucun vol n’est à déplorer. Selon Denis Rychner, conseiller en communication du service, «le territoire est très petit, cela ne serait pas passé inaperçu. On aurait vu les troncs manquants puisque la plupart sèchent en bordure de chemin.»