Âmes romantiques, ne tendez pas l'oreille: vous n'entendrez pas beaucoup de gazouillis nuptiaux par temps de pluie... Alors que les humains raffolent des scènes romantiques tournées en pleine averse, avec des chemises transparentes et des cheveux plaqués sur le front, les oiseaux ne partagent absolument pas cet avis. Au contraire: selon une étude publiée mi-novembre dans la revue «British Ecological Society», les petits barytons à plumes subissent davantage de divorces par temps pluvieux.
Et ce n'est pas une plaisanterie! Comme 90% des espèces d'oiseaux sont strictement monogames, les ornithologues parlent très sérieusement de «divorce» lorsque les chemins de deux spécimens amoureux se séparent. L'étude souligne en outre que ce phénomène peut guetter 92% des oiseaux ayant pour habitude de s'accoupler à vie.
Des divorces liés au stress
Pour aboutir à cette étonnante conclusion, un groupe de chercheurs britanniques s'est évertué à observer les comportements sociaux de la rousserolle des Seychelles, espèce qu'ils ont étudiée durant près de 16 ans sur l'île Cousin.
À leur grande surprise, les cas de divorces analysés durant les périodes de reproduction coïncidaient de manière plutôt flagrante avec des périodes très pluvieuses ou, au contraire, des phases exceptionnellement sèches. Preuve que les variations météorologiques peuvent nuire à la vie amoureuse des oiseaux: d'après les responsables de l'étude, le taux de divorce établi durant la période observée varie entre 1 et 16% chez la rousserolle.
L'une des raisons possibles proposées par l'étude est l'augmentation du stress dont souffrent les oiseaux lorsque la météo varie trop: ainsi que le résume «Newsweek», l'absence de pluie peut rendre leurs sources nutritionnelles moins accessibles, tandis que des averses abondantes les empêchent de maintenir une température corporelle satisfaisante, tout en détruisant leurs nids.
Un constat alarmant pour la biodiversité
De précédentes études avaient surtout mis en cause les distances migratoires, l'infidélité masculine ou les variations de température, pour expliquer les divorces des rousserolles. Selon les chercheurs, il s'agit donc d'un constat aussi inédit qu'alarmant, soulignant les effets dévastateurs du changement climatique sur la reproduction et le système social des oiseaux.
«Toute espèce a besoin de certaines conditions physiques et biologiques, ainsi que de ressources très spécifiques pour survivre, avait notamment souligné Frédérik Saltré, chercheur à l'Université Flinders, en Australie, auprès de Newsweek. Celles-ci comprennent la température, l'humidité, l'ensoleillement, mais aussi leurs interactions avec d'autres organismes vivants, leurs prédateurs, leurs proies, les rivaux... Le changement climatique perturbe ces conditions, modifiant la température, la quantité de pluie et les sources de nourriture, rendant des zones d'habitat intolérables et inhabitables pour certaines espèces.»
Selon les responsables de l'étude, ce phénomène pourrait bien s'étendre à d'autres espèces d'oiseaux, rendant ce type de recherche d'autant plus crucial pour les efforts de conservation des animaux vulnérables face à la crise climatique.