Adieu, courlis à bec grêle
Cet oiseau migrateur européen a officiellement disparu

Le courlis à bec grêle, un oiseau migrateur européen, a officiellement disparu, alerte une étude parue dans la revue d'ornithologie Ibis. Pour les chercheurs, cette mauvaise nouvelle annonce une longue série d'extinctions.
Publié: 25.11.2024 à 13:13 heures
«L’extinction du courlis à bec grêlepourrait inaugurer une longue série macabre si nous n’agissons pas», insiste Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Il ressemblait vaguement à un cousin du kiwi, un parent du héron, avec de grands yeux innocents et un long bec remarquablement fin. Le courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris) était unique en son genre et ne volera plus jamais. Ainsi que le déplore une étude parue fin novembre dans la revue spécialisée en ornithologie Ibis, la probabilité que cet oiseau migrateur ait complètement disparu de la surface de notre planète atteint désormais les 96%, ce qui le classe officiellement dans la catégorie des espèces éteintes. 

Selon les précisions d'Ibis, l'espèce n'a pas été observée avec certitude depuis 1995, alors qu'elle peuplait autrefois les zones humides d'Europe et d'Asie, avec une préférence pour le bassin méditerranéen et le nord-ouest de l'Afrique durant les longs mois hivernaux. Les raisons précises de sa disparition «ne pourront jamais être clairement établies», mais les chercheurs pointent que d'autres espèces de Numenius sont également menacées, notamment en raison du développement rapide de l'agriculture dans leurs zones d'habitation.

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ajoute en effet que le courlis esquimau (Numenius boralis) a été observé pour la dernière fois en 1987: «Sur les 9 espèces de courlis décrites dans le monde, 2 ont donc cessé d’exister en moins de 40 ans», peut-on lire dans un communiqué. 

Le début d'une «longue série macabre»

Pour les chercheurs, il s'agit d'un signal d'alarme clair. La LPO pointe en outre qu'il s'agit de la toute première extinction officielle d'une espèce d'oiseau continentale dans la zone du Paléarctique occidental, qui couvre l’Europe, l’Afrique du Nord et une partie de l'Asie. La nouvelle est d'autant plus inquiétante, sachant que la majorité des espèces disparues de la planète depuis l'an 1500 étaient des «oiseaux endémiques, fragilisés par l'insularité» ou «décimées par la chasse». Et non pas des espèces communes, bien installées, comme le courlis. 

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«Il est crucial de bien mesurer l’importance du signal d’alarme que représente l’extinction du courlis à bec grêle, car elle pourrait inaugurer une longue série macabre si nous n’agissons pas, insiste Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux. Des animaux autrefois communs comme les moineaux, les hirondelles ou les hérissons voient aujourd’hui leurs populations s’effondrer.» 

Les courlis existent-ils en Suisse?

Bien que les espèces survivantes de courlis élisent le plus souvent domicile en Finlande ou en Sibérie, la plateforme Vogelwarte note que certains, dont le courlis corlieu, sont parfois observés en Suisse. Les terres helvétiques constituent apparemment un lieu de repos idéal pendant leur longue migration annuelle vers l'Afrique. 

En France, les courlis sont protégés par une suspension de chasse depuis 2020, ainsi que le notait Franceinfo il y a deux ans. Or, il arrive ponctuellement que certains spécimens soient quand même tirés, suscitant la colère de l'Office français de la biodiversité. 

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