La belle saison n’est pas uniquement celle des vacances et des terrasses ensoleillées. C’est aussi celle des mariages. Chaque année en Suisse, on célèbre autour de 40’000 unions, selon l’Office fédéral de la statistique. Autant de cérémonies qui ne se ressemblent pas toutes et évoluent au gré des modes, des tendances et… des préoccupations. Alors que le dérèglement climatique est dans tous les esprits, bon nombre de personnes cherchent à alléger la facture environnementale d’un tel événement.
Il faut dire qu’en moyenne, on estime qu’un mariage génère entre 10 et 15 tonnes de CO2, soit l’équivalent de la consommation d’un Suisse pendant un an. Voici quelques astuces.
Un faire-part numérique ou à planter
Et cela commence dès les faire-part. Pour éviter les émissions liées à l’impression et l’envoi, on peut préférer une version numérique. Mais si vous n’êtes pas prêt à passer le cap, l’usage de papier recyclé est une option. Sur leur site internet, Laure et Marion Routier, organisatrices d’événements installées dans le canton du Valais, suggèrent aussi d’utiliser du papier ensemencé, qui peut être «planté»: «Les petites graines contenues dans le papier vont se transformer en herbes aromatiques ou en fleurs, en fonction du papier choisi», expliquent-elles.
Choisir un lieu accessible
Une bonne partie des émissions de CO2 liées à un mariage sont générées par les déplacements des invités. Sans surprise, organiser des épousailles à l’étranger, et donc faire prendre l’avion à tout le monde, n’est pas l’option la plus durable. Mieux vaut choisir un lieu proche, et de préférence le même pour le vin d’honneur et le repas, pas trop éloigné de là où se tient la cérémonie. Le plus: mettre sur pied un système de covoiturage qui évitera de faire rouler trop de véhicules.
Mais le plus radical reste encore de réduire le nombre d’invités. Morgane Raposo, photographe suisse, est aussi organisatrice d’elopements. Derrière cet anglicisme se cache le refus de «faire un mariage traditionnel avec une trame rigide» pour opter plutôt pour «un événement plus intime et centré sur le couple». Dix personnes maximum, et souvent le couple seul, qui se retrouvent le temps d’une journée (ou plus) dans un cadre idyllique - en l’occurrence, dans les montagnes suisses.
«Ce qui est important, c’est d’être reconnecté à la nature à travers cette journée. On s’aperçoit qu’on n’a pas besoin de milliards de décorations et tant pis pour les traditions», explique la jeune femme. Qui reconnaît néanmoins qu’il n’est pas toujours facile de convaincre les proches. «On a peur de vexer le papa ou la grand-mère si on ne fait pas comme tout le monde.»
Faire attention à sa tenue
Pas de grand jour sans tenue de fête. Mais on le sait, l’industrie textile est l’une des plus polluantes du monde et la robe ou le costume ne font pas exception. Pour limiter la casse, il est possible de miser sur le recyclage. «Pendant longtemps, dans l’esprit des gens, cela rimait avec poubelle ou bonnet qui gratte. Mais en 10-15 ans, j’ai vu les choses changer», témoigne Valérie Pache.
Cette créatrice de robes, installée en France à Chamonix et membre de l’association suisse NiceFuture, qui vise à accélérer la transition écologique, s’est spécialisée dans la réutilisation de toiles de parachute ou de parapente pour en faire des vêtements de fête. Elle donne également des cours de couture et propose aussi de reprendre des robes qui existent déjà pour les remettre au goût du jour et de ses clientes.
«Avant, [ces dernières] étaient surtout des personnes très engagées. Aujourd’hui, la seconde main s’est démocratisée», explique Valérie Pache. «J’ai des personnes qui viennent me voir parce qu’elles ont un mode de vie zéro déchet, et d’autres qui sont simplement sensibles au design de mes robes.» Valérie Pache propose aussi de louer ses créations. Une option durable et économique.
L’importance des fleurs et de la décoration
Du côté des fleurs aussi, le faux pas environnemental n’est jamais loin. Beaucoup viennent de l’étranger et contiennent des pesticides. «Je suggère de faire appel à des fleuristes qui produisent des fleurs locales et de saison», souligne Morgane Raposo. Les fleurs séchées peuvent d’ailleurs être une bonne alternative et sont parfois proposées à la location.
Marion et Laure Routier, quant à elles, proposent à leurs clients d’utiliser de la décoration qu’elles ont déjà en stock, pour éviter de racheter. Là aussi, des prestataires offrent des services de location. Tout est souvent une question d’inventivité. Les petits cadeaux laissés aux invités deviennent des biscuits ou des confitures faits maison, les menus s’écrivent sur du papier recyclé et les wedding planneuses ont déjà utilisé des courges et des feuilles pour servir de plan de table ou de marque-place.
Le gros morceau: le traiteur
Pour diminuer son empreinte carbone, il faut végétaliser son alimentation. Sans surprise, un menu sans viande permettra donc de réduire la facture environnementale de son mariage. Mais choisir un traiteur local qui propose des produits de saison est déjà un grand pas.
Idem avec le vin. Bouteilles consignées et carafes d’eau, possibilité pour les invités de repartir avec les restes… Certains petits gestes permettent de verdir son mariage. Veillez aussi à bien penser aux quantités pour éviter le gaspillage. La solution d’un buffet plutôt que d’un service à l’assiette peut aussi permettre de jeter le moins possible.
Et les alliances dans tout ça?
Même le plus petit objet a son importance! En l’occurrence, les alliances peuvent avoir un impact environnemental (et social) déplorable. Certaines marques proposent des pierres et des matériaux précieux labellisés, ce qui permet de s’assurer que les bijoux viennent de mines légales qui respectent des standards écologiques et les droits humains.
D’autres offrent également de la seconde main, de l’or ou de l’argent recyclé, voire des pierres fabriquées en laboratoire. Dans le guide qu’elle propose à ses clients, la photographe Morgane Raposo liste d’ailleurs quantité de boutiques ou de sites internet pour trouver son bonheur sans abîmer la planète.