Après avoir évoqué le coût élevé du divorce, Blick Money se penche cette semaine sur les coûts du mariage. Convoler en justes noces comme dans ses rêves peut représenter une enveloppe budgétaire conséquente. En Suisse, un mariage civil coûte entre 300 et 400 francs (documents, cérémonie civile), mais cela n’est que la partie administrative.
Du bœuf Rossini à 120 francs par tête
Le véritable coût réside dans la cérémonie de mariage. Le coût total, pour une fête standard? «Entre 25'000 et 30'000 francs pour 100 personnes», indique Stéphane Bengler, organisateur d’événements chez Suissevents.ch, qui gère une soixantaine de mariages par année. «Le traiteur représente généralement un peu plus d’un tiers du budget, soit 12'000 francs, poursuit Stéphane Bengler. Cela représente un repas à 120 francs par personne (entrée, plat, dessert, boisson, service et couverts). Pour ce prix, le pro de l’événementiel souligne que l’on peut avoir «un filet de bœuf Rossini, une bonne entrée, un apéritif, un buffet dessert et une pièce montée, le tout avec du local (bouchers-traiteurs de la région)».
Pour des mets plus raffinés, des traiteurs facturent facilement 180 à 220 francs par tête. Des prix exagérés, selon Stéphane Bengler. Souvent, les traiteurs profitent de leur contrat d’exclusivité pour monter les prix. «Dans un palace, le prix du diner prend vite l’ascenseur, note aussi Savina Uldry, wedding planner et designer qui organise des mariages pour des clients basés sur l’Arc lémanique et opère à l’international. Il faut par ailleurs penser au droit de bouchon, à savoir la somme demandée par le restaurateur aux clients ayant apporté leurs propres bouteilles d'alcool.»
Les dépaysements ont leur prix
La facture totale dépendra aussi largement du choix du lieu. Pour des lieux particuliers tels que des serres, des châteaux ou des halles rustiques, la facture peut rapidement monter à plusieurs milliers de francs, indique le site de MySwitzerland.
Avec une enveloppe de 30'000 francs, on ne pourra pas envisager de louer un lieu à plus de 10'000 francs la journée. Or c’est souvent le prix demandé par certains lieux cotés, qui facturent 15’000 à 18'000 francs la journée uniquement pour la surface et hors restauration, à l’exemple de la Porte des Iris à Vullierens (VD).
Autre source de frais élevés: fêter son mariage ailleurs, dans le Sud de la France par exemple. «De plus en plus de couples veulent fêter leur mariage dans une destination hors de Suisse, observe Savina Uldry. Ils partent avec leurs invités en Provence, ou dans les Pouilles.» Elle cite la tendance actuelle, qui n’est pas nouvelle, mais qui a la cote, pour des couples aux budgets confortables, d’organiser un mariage sur trois jours. «Ce sont un peu des vacances pour les mariés et leurs invités. On part en Provence par exemple, les invités sont accueillis pour un dîner de bienvenue vendredi, le mariage se déroule samedi, et on termine avec un brunch le dimanche.» Pour ce type d’événement, il faut compter minimum 200'000 francs.
D’autres veulent carrément aller à Bali pour fêter leur mariage: «En pareils cas, conseille Stéphane Bengler, nous recommandons aux clients de ne pas travailler avec des maisons suisses. Autant travailler avec un wedding planner du pays choisi, qui connaît la région et dispose d’un réseau de prestataires locaux éprouvés.»
Ruses pour contenir les coûts
Au-delà des destinations, c’est souvent l’image projetée qui importe: à l’ère d’Instagram, les couples misent sur un cadre somptueux, qui fournira des photos de rêve, et ceux qui n’ont pas le budget requis compensent souvent avec un traiteur moins cher. Pour Stéphane Bengler, le bon plan, c’est de ne pas se ruiner en traiteur ni en salle, mais d’investir surtout dans la décoration et l’animation: «Certains vont préférer louer une salle communale, bien décorée, et dans ce cas le prix de la salle se situera entre 400-1000 francs. Avec une riche décoration, tous les lieux deviennent magiques: on vous transforme la salle et vous avez l’impression de vous retrouver dans un château prestigieux.»
Robert*, trentenaire récemment marié, adhère à une philosophie du moindre coût: «Dans ma génération on trouve des couples qui vont préférer garder leur argent pour s’acheter un bien immobilier, et privilégier un mariage intimiste en gardant les coûts au plus bas.» Lui-même a fêté son mariage dans le restaurant d’un ami à Lutry (VD), en petit comité.
Victor, la trentaine et jeune marié, évoque de son côté quelques ruses pour contenir les coûts: conclure des deals avec le restaurant ou l’hôtel pour ne pas payer tout l’alcool, apporter soi-même l’alcool, et ne proposer que du vin pour limiter la consommation, ou encore rendre les boissons payantes dès 2h du matin.
«Par ailleurs, on voit souvent des mariages célébrés en deux parties, avec quelques invités pour la mairie et l’apéro, et d’autres au restaurant.» Organiser son mariage loin de Suisse réduira aussi le nombre d’invités disponibles pour partir. En outre, les coûts sont réduits si l’on organise une fête dans un lieu bucolique et romantique mais simple, par exemple au bord d’un petit lac de montagne.
Bling bling ou culturel
A l’autre extrême, Robert a vu des mariages très «jet set» et «culture Instagram»: «j’ai été invité à un mariage de 3-4 jours, qui vaut minimum 150'000 francs. La robe de la mariée valait dans les 20'000 francs.» Évoquant un autre mariage encore plus sélect d’une de ses connaissances, il parle d’une «logique de célébration Publicislive et wedding planner»: «Ils ont privatisé la Citadelle de St Tropez, et avaient un chef étoilé. La facture s’élevait à 3-4 millions.»
Au-delà des mariages glamour, la tendance depuis quelques années est d’aller vers une forte personnalisation, constate Savina Uldry: surtout pas de standard, «les couples veulent que cette journée leur ressemble, que le mariage soit à leur image.»
Quand l’aspect culturel s’en mêle, la personnalisation est garantie et le prix n’a pas besoin d’être élevé, à l’exemple de Victor et de son épouse: «Nous avons célébré le mariage en Turquie, pays d’origine de ma compagne, et avons profité de toute la richesse culturelle et des traditions sur place, sans nous ruiner. Pour une cinquantaine de personnes avec alcool abondant, on en a eu pour 2000 francs sur place aux prix locaux.»
Plusieurs robes sur la journée
Comme on le sait, la robe de mariée représente un élément central des mariages contemporains. Et c’est encore plus vrai à l’époque d’Instagram et de Pinterest. «La tendance actuelle est d’avoir plus d’une seule robe, explique Savina Uldry. Il y a bien sûr la robe magnifique pour la cérémonie. Puis 70% des mariées vont changer de robe pendant la soirée, pour en choisir une plus courte pour danser, par exemple, en plus d’une tenue pour le civil la veille, et une tenue pour le welcome dinner.»
Le coût moyen d’une robe de mariée avec les retouches se situe aux alentours de 1500 francs. Toutefois, on peut faire des économies en achetant sa robe sur mesure en France, ou en la commandant en ligne: là, tous les prix, même les plus petits, existent. On peut même louer une robe de mariée en Suisse. Des magasins proposent la location de robes issues d’anciennes collections, à partir de 500 francs, qui peuvent être ajustées à la mariée. Savina Uldry observe qu’aujourd’hui, même sur Suisse, «des marques étrangères proposent de très belles robes à petits prix.»
Enfin, «il faut compter entre 8000 et 12'000 francs pour l’animation», selon Stéphane Bengler, un poste où il inclut major de table, wedding planner, DJ et décoration. Puis environ 3000 frs pour un photographe. La vidéo prend plus de place aujourd’hui.
«Avec la vidéo s’ajoute une émotion supplémentaire», souligne Savina Uldry. Des vidéos aux montages sophistiqués, très demandées, peuvent ajouter quelques milliers de francs à la facture. Quant à l’organisation, le couple décide en général s’il veut organiser le mariage lui-même ou confier l'ensemble ou une partie à des wedding planners. Ces derniers peuvent être disponibles le jour J pour coordonner la gestion de la cérémonie. Dans ce cas, il faut prévoir 1500-2500 francs de plus pour l’encadrement sur place.