Gros jouets dans les petits souliers, déplacements en traineau à réacteurs ou pot(s) d'échappement, filet de bœuf cuisson lente ou décorations trop mignonnes: les fêtes — comprenez Noël et le 31 décembre — ne sont pas du tout écolos.
En Suisse, chaque personne émettrait entre 150 et 200 kg d'équivalent CO2 ces jours-là, estime Sascha Nick, chercheur au Laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Ce chiffre correspondrait à 1,7% au maximum des émissions annuelles: c'est énorme.
Pas de données officielles en Suisse
Il n'existe pas de données plus précises et officielles pour la Suisse à ce sujet, confirme l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), contacté par Blick. Pour son estimation, Sascha Nick s'est donc basé sur une étude française, réalisée par l'Agence gouvernementale de la transition écologique (Ademe) en 2022, relayée par «Le Monde» ce 10 décembre. Selon cette enquête, la population de l'Hexagone consomme pour 94 kg d'équivalent CO2 par personne durant ces quelques soirées.
La moitié moins qu'en Helvétie! Pourquoi? «Les Suissesses et les Suisses sont beaucoup plus riches et achètent une part plus élevée de cadeaux plus nuisibles au climat, comme des produits électroniques ou des bijoux, explique Sascha Nick, également professeur à la Business School Lausanne. Les Suissesses et les Suisses prennent aussi deux à trois fois plus souvent l’avion, y compris à Noël.»
Principaux coupables: les cadeaux!
Le reste des résultats publiés par l'Ademe sont «probablement transposables» à la Suisse, juge-t-il. Ainsi, en proportion, les cadeaux sont responsables de 57% des émissions d'équivalent CO2 de Noël et de la Saint-Sylvestre. Les déplacements pèsent pour un quart et l'alimentation pour 15%. Suivent les décorations (2%) et les déchets (1%).
Mais puisque c'est Noël, et qu'on n'est pas là pour souffrir et se sentir coupable, Blick vous offre 8 conseils pour réduire l'impact environnemental de vos réveillons. Avec l'aide de l'Ademe et de Sascha Nick.
Offrir moins, offrir mieux
La hotte du père Noël est responsable de presque deux tiers des émissions de gaz à effet de serre pendant les Fêtes. L'alléger est donc un vrai moyen d'agir pour le climat.
Comment? Par exemple, en organisant un «secret santa». Chaque adulte offre et reçoit un seul cadeau, selon un tirage au sort. D'après l'Ademe, passer de 4,5 présents (moyenne française) à un seul peut permettre de réduire les émissions jusqu'à 77%, relève «Le Monde».
Et pour les enfants? Suivez cette tradition britannique! Chaque enfant reçoit quatre cadeaux: un qui lui fait envie, un qui lui est utile, un à lire et un vêtement.
Des cadeaux de seconde main ou immatériels
Acheter d'occasion prolonge la durée de vie d'un objet. C'est donc un geste pour la planète. Par exemple, un smartphone reconditionné représente jusqu'à 57% d'émissions en moins par rapport à un téléphone neuf.
L'Ademe propose encore de miser sur un cadeau «utile» (une gourde, un savon, un panier garni de produits bio, des cotons démaquillants lavables...). Ou de sortir de la pulsion matérielle, en optant pour un cours de cuisine, un massage ou un billet de concert.
Remplacez le foie gras par de la truite
Se détacher du menu traditionnel peut s'avérer payant. Les repas festifs sont plus nocifs pour l'environnement que les repas habituels, développe l'Ademe. Surtout à cause de la viande (36% des émissions liées aux repas festifs) et des desserts (45% des émissions).
Suggestion? «En entrée, remplacez par exemple les Saint-Jacques ou le foie gras [...] par du saumon ou de la truite fumée. Et pour le dessert, remplacez la bûche glacée par une bûche ou un dessert maison.» Les émissions baisseraient ainsi de 43%, calcule l'Ademe.
Pas d'inspi? Le célèbre chef français Philippe Etchebest («Cauchemar en cuisine», «Top Chef») est là pour vous aider (arrivée de la truite saumonée à 13:29 dans la vidéo ci-dessous).
De la dinde plutôt que de l'agneau
La viande blanche est plus verte que la rouge. «Par kilo, la dinde génère environ 7 fois moins d’émissions de gaz à effet de serre que le bœuf, et 10 fois moins que l’agneau», affirme l'Ademe.
Un menu végé
Un menu végétarien et les émissions d'équivalent CO2 de votre repas seraient amputées de deux tiers (65%)! L'Ademe vous soumet même des idées: tarte de légumes de saison en entrée, risotto aux champignons et au tofu fumé agrémenté d'un fromage bleu en plat principal et poire rôtie à l'orange pour le dessert. Manger moins carné et moins tout court est aussi meilleur pour la santé, rappelle Sascha Nick. Bon appétit!
Privilégiez le train à la voiture ou l'avion
Vous devez vous rendre chez vos parents, chez vos amis ou votre belle-famille? Choisissez le train et les transports publics, plutôt que la voiture ou l'avion, suggère Sascha Nick. En plus, si vous offrez moins et mieux, vous aurez beaucoup moins de choses encombrantes à trimballer.
Construisez un sapin avec des livres
Bon, c'est vrai, le sapin (artificiel ou non) ne compte que pour 1% des émissions totales des célébrations de fin d'année. Mais si vraiment vous insistez, voici deux façons de le remplacer facilement.
Première possibilité: un book tree! Faites une pyramide avec tous ces livres que vous n'ouvrez jamais. Décorez-la ensuite à votre guise!
Deuxième option: ressortez l'échelle en bois. Habillez-la d'une guirlande et de belles boules scintillantes.
Mettez-vous au furoshiki
Les emballages en papier ne sont pas le diable. C'est 0,37% des émissions de CO2 à Noël. Mais l'Ademe suggère de se mettre au furoshiki, «technique de pliage et de nouage de tissu utilisée pour envelopper les cadeaux au Japon». Et pas besoin de sacrifier un foulard en soie! Un bout de vieux drap fait l'affaire. Vous avez besoin d'un tuto? Il nous semblait aussi.