Entamer ce mois morose en s’interdisant le moindre carré de chocolat? Impensable! Janvier est déjà suffisamment sombre sans listes de résolutions capables de souffler toute étincelle de joie avant même sa naissance. Loin de nous l’idée de s’interdire nos cookies préférés ou de s’infliger 30 minutes de natation quand la brasse coulée nous plombe.
En ce début janvier 2024, écartons-nous des sentiers battus (par des baskets de sport achetées neuves le 1er et congédiées au placard le 22) pour élargir notre horizon: on a demandé à trois psychologues quelle résolution ils et elles nous conseillent d’adopter cette année. Et contre toute attente, aucune de leurs propositions n’exige de soulever des poids! Leurs idées se découvrent et se méditent plutôt sous la couette, bien au chaud, tandis que le monde extérieur trébuche sur ses folles promesses de «nouveau départ».
Soyez votre propre meilleur ami
«Je déteste les résolutions, parce qu’on ne les tient pas et elles nous font culpabiliser», nous affirme Nadia Droz, psychologue FSP spécialisée en santé au travail. Voilà de sages paroles, un brin punk à l’ère des routines matinales, du curcuma et des speechs TikTok pour devenir la «meilleure version de soi-même».
Cet avis rassurant n’a pas empêché notre experte de réfléchir à une résolution plus douce, à contre-courant des éternelles performances qui alourdissement nos vies: «Je m’intéresse beaucoup à l’idée de baisser nos exigences envers nous-mêmes, afin de devenir notre meilleur ami», poursuit-elle.
Nadia Droz constate en effet que de nombreuses personnes s’infligent des attentes bien plus élevées que celles qu’elles appliquent aux autres: «Beaucoup de mes clients sont moins bienveillants envers eux-mêmes qu’envers leurs meilleurs amis. Vous avez droit au même traitement que vous réservez à vos proches!» Ainsi, lorsque cette petite voix stricte s’élèvera dans votre tête pour vous gronder, posez-vous une question toute simple: «Si ma meilleure amie ou mon meilleur ami se trouvait dans cette situation, que lui dirais-je?»
Osez être authentique avec vous-même
Pour la psychologue et psychothérapeute FSP Adèle Zufferey, tout le monde gagnerait à se montrer plus attentif à ses besoins, en 2024. «Trop de personnes s’accrochent encore au regard des autres ou aux pressions sociales, en essayant de s’adapter à toutes les injonctions et toutes les pressions, déplore-t-elle. En allant véritablement à sa propre rencontre, on peut être à l’écoute de ses limites.»
Dans cette optique, l’experte conseille de démarrer le mois de janvier en se demandant ce qu’on a réellement envie de vivre et d’accomplir en 2024. «Même si ce n’est pas forcément réalisable, le fait d’identifier ses envies profondes peut déjà nous aider. Et si on ne parvient pas à les identifier, ce n’est pas grave! C’est juste le signe qu’on peut commencer cet apprentissage, afin de s’habituer petit à petit à se demander ce qu’on veut, au fond de nous.» Et surtout, rappelle la psychologue, ce type de résolution ne doit impliquer aucune pression! L’idée est justement de l’adoucir et non pas d’en créer davantage.
Laissez vos objectifs profonds vous guider
De son côté, le psychologue FSP Julien Borloz évoque la mise en place d’une discipline saine, afin de créer les habitudes qui nous serviront vraiment. Qu’on souhaite développer une passion artistique, améliorer notre santé, travailler notre confiance en nous, dégager plus de temps avec nos proches ou se lancer dans un nouveau hobby, l’idée est de se fier à deux personnages intérieurs qui nous habitent: le général et le soldat.
«En premier lieu, le général doit fixer la mission, réfléchir aux objectifs profonds et planifier une stratégie concrète pour les réaliser, explique notre intervenant. Pour cela, on peut notamment bloquer des créneaux spécifiques dans l’agenda, programmer certaines activités, comme un cours de sport, une balade ou une heure d’activité créative, à un moment très précis.»
Puis, c’est le rôle du soldat qui entre en jeu pour appliquer cette stratégie: «Le risque est qu’il remette en question les ordres du général ou qu’il tente de les renégocier, surtout lorsqu’il est fatigué ou triste, poursuit Julien Borloz. Il s’agira alors de se baser sur notre engagement et se souvenir nos objectifs réels, plutôt que de se fier au niveau fluctuant de la motivation. Une fois qu’on parvient à ne plus négocier avec soi-même, on peut développer n’importe quelle habitude bénéfique et embellir notre vie.»