Le Père Noël est reparti, remballant dans son sillage toute la joie de décembre. Les papiers-cadeau gisent sur la moquette, les guirlandes s’éteignent et les sapins ne tarderont pas à regagner la forêt (ou les âtres de cheminée…). La perspective de rues sombres suffit à renfrogner le cœur des fans de Noël, qui sauteraient à pieds joints dans la luge volante s’ils le pouvaient.
«Les festivités s’arrêtent très brusquement, observe la psychologue Carolyn Jost. Les marchés de Noël ferment leurs portes, les décorations sont remises au placard… On dirait que la magie et la joie de cette période ont une date de péremption, ce qui augmente encore le contraste ressenti. Ce biais cognitif rend le retour au travail et à la normalité encore plus compliqué.»
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Pourquoi est-on triste après les Fêtes?
En ce qui concerne notre rapport émotionnel à cette période, notre experte identifie deux types de profils différents: d'un côté, les personnes qui se réjouissent de passer du temps avec leur famille et d’acheter des cadeaux. De l'autre, les personnes qui redoutent les Fêtes parce qu’elles sont seules, souffrent de relations familiales toxiques ou de problèmes financiers.
Pour cette première catégorie, Noël représente donc une célébration, avec ou sans connotation religieuse: «De manière générale, les fans de l’Avent vivent des pics de dopamine, le neurotransmetteur responsable, entre autres, de la sensation de plaisir, explique la psychologue. C’est lui qui renforce certains comportements, lorsque le résultat de l’action accomplie est agréable. Puis, lorsque les célébrations prennent fin et que ces personnes doivent reprendre leur routine habituelle, elles peuvent ressentir un énorme contraste: le pic de dopamine se calme et un sentiment de nostalgie ou de tristesse peut survenir.»
La seconde catégorie vit cette transition très différemment, bien qu’une forme de blues puisse aussi survenir: «Pour les individus qui redoutent les Fêtes, la période de l’Avent est d’autant plus épuisante, d’un point de vue physique et émotionnel, affirme Carolyn Jost. Les jours suivant Noël seront consacrés à la récupération et caractérisés par une grande fatigue. En effet, ces jours de fête leur ont demandé une grande préparation mentale, ainsi que des efforts intenses, dans l’anticipation de l’anxiété ou de la tristesse occasionnées par les Fêtes.»
Voici quelques pistes pour adoucir le passage à janvier, que vous vous sentiez plus proche du Grinch ou d’un elfe:
Célébrer le «Boxing Day», comme les Anglais
Traditionnellement, du temps de la reine Victoria, les aristocrates britanniques préparaient des boîtes de cadeaux pour les personnes démunies et leurs domestiques, qu’ils leur distribuaient le 26 décembre. Au fil du temps, cette pratique à la «Downton Abbey» s’est transformée en Boxing Day, un troisième jour de fête très apprécié des britanniques. «Cette journée est généralement dédiée au calme et permet de décélérer le rythme après la frénésie des Fêtes, nous explique Chris Anderson, qui tient la boutique Jim’s British Market à Gland. On profite de la journée pour faire une balade, se reposer, passer du temps en famille et jouer à des jeux de société.»
En effet, tout au long du 25 décembre, Chris et sa famille anticipent déjà le Boxing Day en s’assurant qu’il y aura des restes de dinde et de jambon pour préparer des sandwiches et de la soupe de volaille le lendemain. «Le jour de Noël est plus significatif, mais les Fêtes seraient incomplètes sans le Boxing Day, ajoute-t-il. Ce jour permet de profiter encore un peu de l’ambiance festive, avant de retourner au travail et de prendre congé des proches vivant à l’étranger.»
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Se reposer au maximum
En effet, une journée d’entre-deux permet de récupérer de la veille, tout en évitant un «crash» de dopamine. «La fatigue est un facteur notable pour chacun d’entre nous, souligne Carolyn Jost. Elle nous rend vulnérables aux émotions difficiles, qu’on risque de vivre plus intensément.»
Ainsi, une reprise trop brusque et des batteries vidées par Noël peuvent favoriser la baisse de moral: «Pour nous qui tenons un magasin, et pour de nombreuses autres personnes, les mois de novembre et de décembre sont les plus chargés de l’année, confirme Chris. Nous travaillons le 24 décembre, ce qui signifie que le 25 et le 26 sont nos seuls moments de repos. On essaie donc de maximiser leurs bienfaits.»
Accueillir nos émotions
Si le blues post-Noël vous guette, Carolyn Jost conseille de ne pas le refouler: «Quand on se sent triste, notre premier réflexe est de lutter contre ces émotions, qu’on juge “mauvaises”, analyse-t-elle. Or, elles se décuplent quand on ne s’autorise pas à les vivre! J’encourage chaque personne à accueillir leurs émotions, qui sont totalement valides: c’est normal d’être triste que Noël s’achève, que des membres de la famille repartent.»
Le fait de les accueillir et de les anticiper permet aussi de mieux lutter contre ce contraste avant/après, en maintenant certains éléments des Fêtes: «Toute la joie de l’hiver ne doit pas s’évanouir d’un coup parce que Noël est fini, poursuit la psychologue. On peut notamment laisser les guirlandes, prévoir des sorties en janvier, se réjouir d’aller au ski ou de repartir en vacances, se focaliser sur toutes les activités qu’on peut continuer de pratiquer.»
Se protéger du blues d’hiver
Oui, parce qu’une fois les guirlandes éteintes, il ne nous reste plus que l’obscurité de janvier, le mois le plus morose de l’année… Notre experte recommande de se prémunir, plus que jamais, contre le blues hivernal: «Il s’agit d’une saison difficile pour de nombreuses personnes, sachant que le manque de lumière inhibe la production de sérotonine, essentielle pour la régulation de l’humeur et des émotions, pointe-t-elle. Pour remédier à cela, on peut prendre de la hauteur pour dépasser le stratus et retrouver le soleil, ou encore utiliser une lampe de luminothérapie.»
Retrouver votre routine
Après la bûche, les marrons et les biscuits (dont on se sépare la larme à l’œil), notre experte rappelle l’importance de retrouver notre équilibre habituel: «Il est essentiel de prendre soin de soi, en retrouvant des habitudes régulières, en termes d’alimentation, de sommeil et d’activité physique. Celles-ci sont également liées à la production de sérotonine et de dopamine, qui nous aident à lutter contre le blues post-Noël.» Et si rien de tout cela ne fonctionne, il est évidemment permis de laisser le sapin jusqu’en mars. Ou de manger des biscuits jusqu'en mai, on vous laisse choisir!