Les yeux levés vers le ciel, les deux mains grandes ouvertes, l’alter-ego illustré de Laetitia Leroux recueille la pluie avec un sourire soulagé. L’eau se déverse sur elle comme une vague, tandis qu’elle la laisse couler, libérée... Précisions d'emblée que cette image n’est qu’une métaphore, puisque c’est ainsi que la coach française, autrice de «La Magie de la tristesse» (Éd. Eyrolles) nous conseille de vivre nos émotions désagréables: en les accueillant, sans lutter.
«Je parle évidemment d’une tristesse simple, celle qui peut nous assaillir au quotidien, et non pas du chagrin terrible d'un processus de deuil, par exemple, précise l'autrice. La tristesse dont je parle est celle qu’on essaie constamment de fuir, poussés par une société qui nous encourage à viser un bonheur extatique tout le temps, tout de suite. On est persuadé que deux minutes de mélancolie vont gâcher notre vie, alors que non: cette émotion est légitime, brève et a toujours quelque chose à nous apprendre.»
Au travers de dessins émouvants qui relatent le chemin parcouru depuis une rupture douloureuse, la bande dessinée de Laetitia Leroux nous invite à suivre la trajectoire qui l’a menée à ce constat. Et sa promesse n’est pas des moindres: pour l’autrice, l’accueil de la tristesse peut changer notre vie, comme elle a changé la sienne. Il paraît même que les émotions difficiles se dissipent plus vite quand on leur ouvre la porte.
Voici 4 bonnes raisons d’accueillir la tristesse, plutôt que de l'envoyer paître à coups de pantoufle, telle une colocataire un peu maladroite qui ne souhaite pourtant que nous aider.
S'il est bénéfique d'accueillir nos émotions, afin d'analyser les messages qu'elles tentent de nous transmettre, la tristesse, la mélancolie, l'angoisse ou le regret ne doivent jamais empiéter sur votre quotidien.
«Lorsque l'état émotionnel devient stagnant ou qu'il colore toutes nos expériences, il faut agir, prévient Catalina Woldarsky, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP. Si une personne voit toutes ses expériences de vie au travers du filtre de l’émotion désagréable, se sent bloquée ou porte en elle la croyance profonde de ne pas être digne d’amour, il est important de demander de l’aide professionnelle.»
En effet, l'experte indique que certaines émotions, dont la peur et la honte, suggèrent des traumatismes et nécessitent un peu d'attention pour être apaisées: «Quand la douleur prend le dessus sur tout, elle n’est plus une simple messagère et ne nous apporte plus d’aide. À ce moment-là, l'émotion a besoin d'être transformée grâce à un travail personnel réalisé en psychothérapie, idéalement avec une personne dont l'approche est centrée sur l’émotion.»
Besoin d'aide?
Si vous vous inquiétez pour vous ou quelqu'un de votre entourage, contactez de manière confidentielle 24h/7j
S'il est bénéfique d'accueillir nos émotions, afin d'analyser les messages qu'elles tentent de nous transmettre, la tristesse, la mélancolie, l'angoisse ou le regret ne doivent jamais empiéter sur votre quotidien.
«Lorsque l'état émotionnel devient stagnant ou qu'il colore toutes nos expériences, il faut agir, prévient Catalina Woldarsky, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP. Si une personne voit toutes ses expériences de vie au travers du filtre de l’émotion désagréable, se sent bloquée ou porte en elle la croyance profonde de ne pas être digne d’amour, il est important de demander de l’aide professionnelle.»
En effet, l'experte indique que certaines émotions, dont la peur et la honte, suggèrent des traumatismes et nécessitent un peu d'attention pour être apaisées: «Quand la douleur prend le dessus sur tout, elle n’est plus une simple messagère et ne nous apporte plus d’aide. À ce moment-là, l'émotion a besoin d'être transformée grâce à un travail personnel réalisé en psychothérapie, idéalement avec une personne dont l'approche est centrée sur l’émotion.»
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Elle est une messagère
L’idée peut sembler absurde, puisque notre premier instinct est justement de refouler toute émotion négative, dans une tentative automatique de se protéger. Combien de fois ne s’est-on pas bâillonné soi-même, à coups de phrases du style «C’est bon, c’est rien» ou «J’exagère», au risque d'illégitimiser nos propres expériences?
«Nous tendons à lutter contre les émotions négatives, car elles font mal, confirme la Dre. Catalina Woldarsky, psychologue et psychothérapie FSP, spécialisée en thérapie centrée sur les émotions. Je constate une sorte de phobie collective de la douleur, dans la mesure où nous mettons tout en œuvre pour les éviter et les rationaliser. Mais cela nous éloigne de nos véritables ressentis.»
Notre experte rappelle en effet que nos émotions sont indispensables à notre survie, puisqu’elles représentent des systèmes de communication internes: «Quand on écoute ces messagères, notre cerveau cesse de nous les transmettre en boucle, car il se dit qu’on a compris et qu’on fera le nécessaire pour agir. En revanche, si on n’écoute pas, il continuera de nous envoyer les mêmes messages, jusqu’à ce qu’on saisisse l’information.» En d’autres termes, plus nous luttons, plus l’émotion persiste, tourne en boucle et grandit.
Elle nous connecte aux autres
Parmi les besoins les plus courants que peut exprimer la tristesse, Catalina Woldarsky évoque le réconfort et la proximité: «Pour mieux les comprendre, il convient d’analyser le contexte et se demander ce qu’on va faire de cette émotion, afin qu’elle nous permette d’identifier les ressources nécessaires à l’apaiser, recommande-t-elle. L’émotion est semblable à une boussole qui nous guide et nous pousse vers les actions adéquates.»
Et où nous pousse la boussole, quand on a besoin de proximité ou de réconfort? Dans un immense pot de Ben&Jerry’s… ou - encore mieux - dans les bras d’une personne qu'on aime. Laetitia Leroux remarque en effet que ce partage vulnérable de nos émotions permet de tisser des liens: «Quand on parle uniquement de nos joies et de nos réussites, les liens restent plus superficiels, constate-t-elle. Il faut beaucoup de courage pour se voir et s’accepter sous toutes nos facettes, surtout quand c’est inconfortable. Mais ces vécus communs nous soudent.»
Elle nous aide à nous accepter
Le courage d’accepter ses facettes, Laetitia Leroux l’a trouvé. Et en accueillant ses émotions, l’autrice française a obtenu la paix: «C’est un acte d’amour, car rejeter nos émotions revient à rejeter une part de nous-mêmes, analyse-t-elle. Il s’agit de s’accepter en entier, sans cacher certaines parties de notre intérieur et sans avoir besoin que les autres les accueillent à notre place.»
En effet, notre cerveau est plutôt doué pour nous convaincre que les émotions désagréables vont s’inscrire dans la durée et définir nos vies: «On croit qu’on va rester bloqué dedans pour toujours, acquiesce notre intervenante. Or, quand on l’accueille, l’émotion passe. C’est ce que font naturellement les enfants, qui ne tentent pas de refouler leurs ressentis.»
Toujours par téléphone, l’autrice nous raconte qu’en entendant parler de son ouvrage, de nombreuses personnes pensaient qu’il était destiné aux enfants: «Cela suggère que la société attend des adultes de savoir parfaitement gérer leurs émotions, alors que ce n’est souvent pas le cas!»
Elle est un tremplin vers le changement
Le premier pas vers cette régulation émotionnelle dite «mature» est d’observer les signes physiques: «On peut commencer par analyser ce qu’il se passe dans le corps, explique Catalina Woldarsky. Le but est d’apprendre à les accueillir sans les laisser nous submerger, car il convient de garder un pas de recul pour analyser le message que les émotions tentent de nous transmettre.» Ainsi que le rappelle notre experte, l’émotion permet de nous propulser vers l’action, en attirant notre attention sur le besoin qu'elle exprime.
«Le deuxième pas est de nommer l'émotion, afin de verbaliser ce qu'on vit, poursuit-elle. Cela peut être très difficile pour certaines personnes, en raison d’expériences traumatisantes ou des contextes familiaux dans lesquels il n’y avait aucune place pour l’expression des émotions.» En effet, le champ lexical des émotions est si vaste que la quête du mot juste peut s'avérer ardue.
Pour conclure, Laetitia Leroux nous partage l’exercice de visualisation qu’elle pratique régulièrement: «Je commence par reconnaître la tristesse, comme si elle symbolisait l'enfant intérieur qu’on doit guérir, explique-t-elle. On peut lui affirmer que ses émotions sont légitimes, que c’est normal de se sentir ainsi, en évitant à tout prix de le juger. Il peut être bénéfique d’imaginer votre enfant intérieur, lui faire un câlin, lui demander ce dont il a besoin et lui offrir un espace pour s’exprimer. Lui dire ‘tu as le droit de ressentir tout cela, lâche tout.’ C'est une immense marque de bienveillance envers soi-même.»
Désormais, plutôt que de chasser cette colocataire lunatique, faites-lui un chocolat chaud (avec des marshmallows dedans) et installez-la dans votre salon. Vous verrez, quand elle aura vidé son sac, elle prendra la porte. Jusqu'à la prochaine fois.