Le sport est une échappatoire, une part de notre identité. Qu'on aime nager, danser, courir ou slalomer dans la neige, l'activité physique qui fait bondir notre cœur peut nous servir à la fois de moteur, de réconfort et – il faut l'admettre – de psy.
Alors, quand on nous ôte soudainement le tremplin qui nous propulsait vers la plénitude, tout un équilibre s'effondre. Dans la tête d'un marathonien terrassé par une entorse, six mois sans courir s'apparentent à une sentence terrible. On est comme puni, recalé d'une partie de la vie qu'on pensait pourtant si fiable. Et nous voilà dans les gradins, le menton dans les mains, à regarder nos coéquipiers bondir vers les sensations exaltantes qui nous manquent.
Ce cas de figure n'est malheureusement pas rare, d'après le Bureau suisse de prévention des accidents, qui recense plus de 54'000 accidents de sport par année, comprenant les blessures graves ou moyennement graves.
Par ailleurs, certains problèmes de santé peuvent forcer les athlètes à abandonner définitivement leur passion: c'est le cas d'Emilia Brangefält, traileuse suédoise de 21, diagnostiquée d'une fréquence cardiaque trop élevée. Fin novembre 2023, la jeune femme s'est suicidée. Une véritable tragédie, soulignant à quel point le sport peut être central dans une vie.
Des émotions semblables au deuil
Ainsi que le soulignait «The New York Times» début 2023, les émotions provoquées par un arrêt forcé du sport peuvent se calquer sur les différentes étapes du deuil, caractérisées par la tristesse, la colère, la confusion, la baisse d'estime de soi et le déni. «Cette réaction est complexe, expliquait Natalia Skritskaya, chercheuse scientifique à l'Université de Columbia, auprès du média américain. On peut la définir par l'absence de quelque chose qui était gratifiant autrefois.»
Ainsi que l'ajoute Matthew Sacco, psychologue du sport à la clinique de Cleveland, toujours d'après le «New York Times», ce brusque changement d'habitudes provoque une «restructuration de notre identité» et ouvre une nouvelle phase de vie dépourvue de notre hobby favori.
Un manque d'hormones du bonheur
Réputée pour être «addictive», l'activité physique libère un cocktail d'hormones grisantes, dont les endorphines, bien connues des fans de sports qui se délectent de la sensation de légèreté survenant après une séance: on a l'impression que chaque cellule de notre corps applaudissait la performance!
«Quand le sport représente votre seul moyen d'accès à ces substances, l'arrêt de votre activité physique implique la perte d'une grande part de ce qui vous complète et vous satisfait», précise Jared Vagy, professeur assistant en physiothérapie à l'Université de Californie du Sud.
Afin d'aider les personnes qui se reconnaissent dans cette description, le «New York Times» a dressé une liste de 4 recommandations susceptibles d'alléger une pause sportive forcée:
Accordez du temps à votre corps
Lorsque le sport nous manque, on voudrait presser l'organisme à guérir au plus vite. «Allez, remets-toi!», le gronde-t-on, alors que le pauvre met déjà tout en œuvre pour se rétablir. D'après la physiothérapeute spécialisée dans le football américain Damilola Gbolahan, de nombreuses personnes tentent de précipiter la guérison en enchaînant les séances de physio: «Cela peut avoir des conséquences néfastes, en suscitant de la frustration, du stress et même des symptômes dépressifs, qui peuvent ralentir le progrès», prévient-elle.
Notez vos progrès
«Il est essentiel de comprendre que vous êtes un athlète et que la guérison fait désormais partie de votre entraînement, encourage Carrie Jackson, fondatrice d'un club américain dédié aux sportifs blessés. Ainsi, chaque amélioration, même la plus minime, devrait être notée et célébrée, à l'instar d'une performance physique.»
Carrie Jackson recommande également d'imaginer d'autres activités divertissantes, qui pourraient combler les plages horaires autrefois consacrées au sport: «On a tendance à se focaliser sur tout ce qu'on ne peut pas faire, alors qu'il faudrait se concentrer sur des éléments qu'on peut contrôler.»
Demandez du soutien
«L'esprit de communauté est une partie importante de la guérison, reprend Matthew Sacco. Même si notre hobby se pratiquait de manière individuelle, le fait de ne plus retrouver les autres adeptes peut nous attrister.» Pour cette raison, il peut être très bénéfique de discuter avec d'autres athlètes ayant vécu une expérience similaire, afin de recréer des liens et conserver l'esprit d'équipe que tant de sportifs recherchent.
Par ailleurs, si l'absence de sport provoque une tristesse insupportable et empiète sur votre qualité de vie, n'hésitez jamais à contacter votre médecin.
Apprivoisez l'incertitude
Voilà qui est plus facile à dire qu'à faire, surtout quand la reprise sportive obnubile nos pensées et investit nos rêves. «La capacité à s'ouvrir à de nouvelles expériences et un avantage significatif pour les personnes blessées, ajoute le Dr. Sacco. Le fait de réaménager votre vie peut mener à une plus grande satisfaction générale.»
Pour y parvenir, les experts cités par le «New York Times» conseillent de réduire la pression entourant le moment de votre reprise, en découvrant d'autres activités physiques, ou en se plongeant dans d'autres parts importantes de notre vie. «Même si vous ne savez pas dans quelle direction vous allez, vous rebondirez forcément», assure Carrie Jackson.
Anticipez une reprise houleuse
Entre la crainte de se blesser de nouveau, de réactiver la douleur ou de perdre toutes nos compétences sportives, le retour dans l'arène peut s'avérer compliqué. Plutôt que de viser les mêmes performances qu'avant la blessure, il convient de recommencer petit à petit:
«J'encourage mes patients à reconnaître et accepter leur peur, avant de refocaliser leurs pensées sur le présent, note Jared Vagy. Il y aura des hauts et des bas. Mais votre corps est résilient.»
Si vos ruminations ou votre angoisse impactent votre qualité de vie, n’hésitez jamais à demander de l’aide. Vous n’êtes pas seul, de nombreuses personnes traversent la même situation que vous, et des ressources existent pour trouver du soutien. Vous pouvez notamment faire appel au service 24h sur 24 de la Main tendue (143), dédiée à l’aide aux personnes en détresse. Les plateformes Pro Juventute (147) ou On t’écoute proposent des conseils et du soutien aux jeunes ou aux parents. Si vous broyez du noir ou si une personne de votre entourage présente des signes d'alarme, vous pouvez vous tourner vers l'association Stop-Suicide, active dans tous les cantons romands.
D’autres dispositifs cantonaux sont également disponibles, comme le réseau fribourgeois de santé mentale, le réseau d’entraide Valais ou encore le centre neuchâtelois de psychiatrie. En cas d'urgence médicale, contactez le 144, ou la police au 117.
Si vos ruminations ou votre angoisse impactent votre qualité de vie, n’hésitez jamais à demander de l’aide. Vous n’êtes pas seul, de nombreuses personnes traversent la même situation que vous, et des ressources existent pour trouver du soutien. Vous pouvez notamment faire appel au service 24h sur 24 de la Main tendue (143), dédiée à l’aide aux personnes en détresse. Les plateformes Pro Juventute (147) ou On t’écoute proposent des conseils et du soutien aux jeunes ou aux parents. Si vous broyez du noir ou si une personne de votre entourage présente des signes d'alarme, vous pouvez vous tourner vers l'association Stop-Suicide, active dans tous les cantons romands.
D’autres dispositifs cantonaux sont également disponibles, comme le réseau fribourgeois de santé mentale, le réseau d’entraide Valais ou encore le centre neuchâtelois de psychiatrie. En cas d'urgence médicale, contactez le 144, ou la police au 117.