Au secours, mon agenda déborde!
Comment se préserver face à la fatigue de fin d’année

À l’approche des Fêtes, nos réserves d’énergie s’amenuisent aussi vite que se remplit l’agenda. Repas, obligations, to-do listes interminables… Une psychologue du travail nous aide à se préserver.
Publié: 28.11.2023 à 18:32 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2023 à 09:42 heures
«Les mois de novembre et décembre représentent une période de travail intense, sachant que l’élan de motivation post-rentrée s’est dissipé», note la psychologue FSP Nadia Droz.
Photo: Midjourney
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Vous souvenez-vous de ces petits jouets mécaniques, dont on tournait la manivelle pour les faire avancer tout seuls? Les premières secondes, ils fonçaient joyeusement vers un avenir radieux. Puis, petit à petit, leur élan s’essoufflait, les laissant chancelants, avant de s’épuiser. La fin de l’année est un peu semblable: l’endurance puisée dans les vacances d’été menace de fondre. Alors que les guirlandes lumineuses enveloppent les rues, on vacille sur place, comme ces petits canards en métal qui luttent pour s’empêcher de ralentir. 

Nadia Droz, psychologue FSP spécialisée en santé au travail, confirme: «Les mois de novembre et décembre représentent une période de travail particulièrement intense, sachant que l’élan de motivation post-rentrée s’est dissipé, alors que tous les objectifs fixés pour la fin de l’année nous guettent, résume-t-elle. On hésite à prendre des vacances, préférant ‘tenir jusqu’à Noël’ et prendre des jours de congés après. Mais l’agenda se remplit, on doit rester productif, et le manque de repos commence à peser.»

Une impression de «fin du monde»

En outre, notre experte remarque que ce mouvement d’intensité se combine mal avec notre physiologie: «Notre rythme circadien ralentit, ce qui contredit totalement les exigences de cette suractivité professionnelle et privée. Sans oublier que certaines personnes souffrent beaucoup des changements saisonniers et éprouvent un blues d’automne.» En d’autres termes, on devrait dormir plus… mais on ne le fait pas. 

Plutôt que de s’enrouler dans le duvet comme des chenilles de Noël, on dégaine les sequins, on enchaîne les repas et les missions professionnelles, avec la sensation harassante de courir dans tous les sens: «À l’approche des Fêtes, on ressent souvent une impression stressante de ‘fin du monde’, note Nadia Droz. On se démène pour compléter nos to-do listes, persuadés qu’il s’agit d’urgences absolues, alors que le monde continuera simplement de tourner le 1er janvier.» 

Afin de se prémunir des effets de cette fatigue accumulée, notre intervenante propose 6 outils efficaces, à parsemer sur notre vie comme des confettis dorés. Cependant, en cas d’épuisement, de symptômes soudains et inhabituels, n’hésitez jamais à consulter votre médecin. 

1

Garder des «zones tampon»

C’est le piège classique: on vous propose une soirée fondue et, voyant des cases libres dans votre planning, vous acceptez. Deux heures plus tard, quatre rendez-vous s’ajoutent à la même semaine et vous n’osez plus annuler. Résultat: votre emploi du temps rivalise avec celui d’Albus Dumbledore.

«Si notre emploi le permet et qu’on dispose d’une certaine marge de manœuvre sur notre programme quotidien, il est toujours bénéfique de garder des zones ‘tampon’ dans l’agenda, de poser des jours de congé, de récupérer les heures supplémentaires, énumère Nadia Droz. Il y aura toujours une proposition ou une tâche de dernière minute pour remplir ce créneau calme, mais il nous faut préserver ces heures de repos.» 

Ces plages horaires vacantes devraient donc devenir aussi sacrées que votre cours de sport préféré ou les passages obligés au marché de Noël.

2

Accepter qu’on n’est pas infatigable

Malgré un emploi du temps digne de Dumbledore, nous ne possédons malheureusement pas ses pouvoirs magiques: «Notre courbe de productivité varie sur la journée comme sur l’année, on ne peut pas constamment tout donner», rappelle la psychologue. 

Cette idée n’est pas toujours facile à digérer, surtout «quand on se définit par des phrases de type ‘Je suis super dynamique, tout le monde le sait, tout le monde compte sur moi!’.» Pour Nadia Droz, le réflexe de lutter contre l’épuisement nous dérobe encore plus d’énergie. À la place, elle recommande un petit exercice de «météo intérieure» et de verbaliser nos ressentis: «Si on identifie une certaine fatigue, on peut simplement faire ce qu’on peut ce jour-là sans s’autoflageller: par rapport à la quantité d’énergie dont on dispose à ce moment précis, on donne quand même notre maximum!» 

3

Apprendre à dire «Oui, mais…»

Lorsque nous abordons la fameuse promesse de «dire non plus souvent», Nadia Droz esquisse un sourire: «Pendant de nombreuses années, j’ai tenté d’apprendre à mes patients comment dire ‘non’, partage-t-elle. Mais je me suis rendu compte que cela ne fonctionnait pas vraiment. Le simple ‘non’ est trop abrupt, on a peur de décevoir l’autre, d’être égoïste.» 

Afin de contourner le simple refus, il est possible de se tourner vers la négociation, préférer le «oui, mais», ou gagner du temps en expliquant à la personne qu’on doit d’abord y réfléchir: «Cela permet de prendre un peu de distance, d’estimer si cette tâche supplémentaire nous semble raisonnable ou de réaliser que cela provoquera un report d’une autre délai. On dispose ainsi d’une période de réflexion pour interroger nos besoins et nos véritables envies, avant d'accepter ou de faire des promesses.»

Si vous avez tendance à toujours dire ‘oui’ ou à vous dévouer pour toutes les tâches, Nadia Droz conseille d’inspirer trois fois avant de se proposer volontaire pour une tâche qui ne nous intéresse pas: «Vous verrez que d’autres personnes se manifesteront!»

4

Prioriser davantage

L’idée de «revenir à l’essentiel» paraît absurde lorsque dix convives se réjouissent de votre repas de Noël à huit plats ou comptent sur vos jolies cartes de vœux. Notre cerveau, obnubilé par toutes ces missions, risque d’oublier ce qui est réellement important. 

«Le démon du perfectionnisme nous rattrape facilement et nous persuade que tout doit être exceptionnel, ce qui inflige une grande pression, constate notre experte. Pour l’atténuer un peu, commençons déjà par reconnaître quelles pressions viennent de nous-mêmes: car on peut agir sur celles-là!» 

La psychologue remarque en effet que de nombreuses obligations stressantes reposent sur de simples présupposés: «On pense que tout le monde attend cela de nous, alors qu’on n’en a jamais discuté.»

5

Distinguer nos envies des obligations

Et si on a vraiment envie de les cuisiner, ces 10 plats? De fabriquer nos propres cartes ou de passer deux jours à décorer la table? Peut-être que tous ces rendez-vous empilés sur le calendrier vous réjouissent sincèrement! Lorsqu’on oscille entre fatigue et enthousiasme, une autre manière de prioriser est de faire la distinction entre nos envies et ce qui s’apparente à une obligation. 

«Pour cela, les signaux du corps ne trompent pas, précise Nadia Droz. Si l’idée d’une activité nous fatigue d’avance, si notre ventre se noue ou se crispe, il y a une résistance, une limite franchie.» 

6

Pratiquer la cohérence cardiaque

Si, malgré ces recommandations, le stress menace tout de même de nous submerger, Nadia Droz nous encourage à s’appuyer sur différentes techniques de relaxation ou de méditation, afin d’interrompre le rythme effréné de cette période: la méthode la plus simple est la cohérence cardiaque, qui consiste à inspirer et expirer lentement 6 fois par minute durant 5 minutes. Des applications telles que RespiRelax ou Headspace peuvent vous aider à la pratiquer. 

Précisons qu’il ne s’agit évidemment pas de tout annuler pour s’asseoir en lotus dans le salon! Même si elles nous fatiguent, nos activités de fin d’année peuvent procurer beaucoup de joie: «Le sport ou toute activité ressource qui suscite un sentiment de fatigue positive, nous redonne le sourire et de l’énergie!», conclut Nadia Droz. 

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