Il dépense 500 francs par mois
Le budget bouffe de Luc: «J'achète toujours les mêmes produits»

Combien dépensez-vous pour vous nourrir, et comment, en ces temps d'inflation galopante? Blick a posé la question à plusieurs Romands: bienvenue dans «Budget Bouffe».
Publié: 13.12.2023 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 14.12.2023 à 15:02 heures
Luc remplit son frigo de la même manière deux fois par mois, pour environ 300 francs. Le reste de son budget passe dans quelques restos et plats en livraison.
Photo: Blick
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Fabien GoubetJournaliste Blick

«Mon budget bouffe? Bof, c'est pas très compliqué, expose Luc*, 49 ans, en tirant sur sa cigarette. J'achète à peu près toujours la même chose, donc il n'y a pas de surprises». Ce fonctionnaire dans une administration cantonale a accepté pour Blick de se prêter au jeu du scanner de budget bouffe: une plongée dans les relevés de compte et les tickets de caisse pour vérifier combien dépensent les Romands pour se nourrir, et comment, en ces temps d'inflation galopante. Rappelons qu'en 2022, le renchérissement en Suisse a été de +2,8%.

Fonctionnaire dans une administration cantonale, Luc est plutôt sûr de son estimation. Organisé, il tient ses comptes sur un fichier Excel. Enfin, pas ces deux derniers mois, il a oublié. Mais comme il le répète, les mois se ressemblent, alors un petit retard ne semble pas l'ennuyer plus que cela. Un double clic sur l'icône du fichier en question, et ses comptes s'ouvrent à nous. En voici le résumé.

Postes de revenus ou de dépensesMontants
Salaire mensuel (80%)6'390 francs
Charges fixes (logement, assurances, abonnement général…)3700 francs
Alimentation, dont:400 à 600 francs
Coop300 francs
Restaurants, livraison100 à 300 francs

Luc affirme dépenser de 400 à 600 francs par mois pour son alimentation. «400 quand je suis raisonnable. Les 600, c'est quand je me lâche sur Uber Eats, rigole-t-il. Mais je fais attention. La bouffe en livraison, ça revient vite très cher». Le midi, au travail, il se fournit au supermarché et s'autorise «un resto par semaine en moyenne, un truc pas cher genre le thaï du coin». Le reste de ses sous passe dans ses charges fixes, principalement le remboursement de son prêt immobilier pour le petit appartement qu'il occupe, ses impôts, son abonnement CFF et son assurance maladie. Pas d'abonnement Netflix ni à un quelconque club de fitness, rien de superflu. Le reste passe dans son épargne et quelques loisirs.

Luc est en contrat à durée indéterminée à 80%. Il profite des vendredis libres pour remplir son frigo. «Je ne me rends au magasin que lorsque le frigo est vide, ça me force à cuisiner les restes et éviter le gaspillage». En général, il va au supermarché un vendredi sur deux. Ça tombe bien, on est vendredi, et son frigo est vide comme une coquille. Je l'accompagne à la Migros du coin.

Un panier à 156 francs, deux fois par mois

À le voir se déplacer dans le supermarché tel un ninja bondissant de rayon en rayon, je veux bien croire qu'il est un homme pétri d'habitudes qui achète souvent les mêmes produits. Il commence par de grosses quantités de fruits: raisins, kiwis, poires, bananes, et deux barquettes de fruits rouges. «Je mange facilement trois ou quatre fruits chaque jour», précise-t-il en les pesant, sans guère prêter attention aux prix.

Les légumes ont l'air de moins l'intéresser. Il embarque tout de même des poivrons, une barquette de tomates cerise, des oignons, des patates, quelques endives. Je parviens à le convaincre de prendre une courge butternut en lui promettant que la recette de Blick le réconciliera avec cette cucurbitacée. Il accepte. Hourra.

Son chariot se remplit de produits bruts. «Je cuisine la plupart de mes repas, détaille-t-il. C'est plus simple comme ça, et c'est plus sain. C'est aussi moins cher qu'aller au restaurant ou manger des plats industriels, même si je prends tout de même un ou deux plats préparés à chaque fois, pour les soirs de flemme». En l'occurrence: deux flammekueches surgelées. Pas un regard sur les pizzas Buitoni voisines, «non merci, je tiens à la vie» plaisante-t-il.

Au rayon viandes, il attrape un steak de cerf, «pour une chasse maison», un paquet de lardons et un autre de jambon, plus un saucisson vaudois. Raisonnable, sachant qu'il ne reviendra pas avant 2, voire 3 semaines. Son pain, il le préfère précuit et en jette une douzaine dans le caddie. Quelques fromages, une boîte d'œufs et un pack de lait plus tard, le voilà à la caisse. Montant: 156 francs. Ce petit train-train est savamment rôdé: il ne lui a pas pris plus de quinze minutes.

Uber Eats et les repas en livaison peuvent faire doubler son budget alimentation

Je lui demande de commenter son ticket de caisse. «C'est bien ce que je pensais. Deux caddies comme ça par mois, ça fait environ 300 francs. Ensuite, selon ce que je dépense le midi et parfois le soir en livraison, j'arrive à 400 à 600 francs par mois». Avec un budget moyen de 500 francs, Luc dépense en aliments et boissons non alcoolisées environ 7,8% de son salaire. Il est un peu au-dessus de la moyenne suisse de 6,5%, selon l'Office fédéral de la statistique, ce qui s'explique notamment par son temps de travail (son budget serait de 6% s'il travaillait à temps plein).

De retour dans son appartement, Luc range ses commissions et admire son frigo magnifiquement ordonné, photo oblige. Je lui demande s'il se lasse parfois d'avoir les mêmes produits dans ses placards, de ne jamais s'écarter de ses habitudes. «Pas du tout. La variété vient avec les saisons. Et lorsque je mange au restaurant, alors je commande des plats variés que je ne me prépare jamais chez moi».

* prénom connu de la rédaction

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