Que valent les sushis les moins chers? Autrefois l’apanage de boutiques spécialisées, les sushis sont désormais disponibles dans la plupart des supermarchés. Pour les comparer, Blick a dégusté 5 types de sushis achetés dans des enseignes de grande distribution.
Un bon sushi, c’est d’abord un riz bien préparé (le shari). Le terme sushi signifie d’ailleurs «riz au vinaigre»: aucune référence à un quelconque poisson dans ce vocable. Pour être délicieux, les grains doivent être nappés du «vinaigre à sushi» qu’on appelle l’awazesu ou sushizu, un vinaigre de riz mélangé avec du sucre et du sel. Cela suppose une parfaite préparation: cuire le riz à la bonne température après une courte ébullition, puis le mélanger délicatement avec le vinaigre pour en imprégner chaque grain, sans les briser. Une fois façonné, le riz doit avoir une bonne tenue et ne pas s’effriter.
Vient ensuite le poisson, qui doit être ultra frais et parfaitement découpé, voire préparé (avec du sel par exemple) pour ajuster sa saveur et sa texture, qu’on ne veut ni trop sèche, ni trop aqueuse. Les lamelles épaisses de quelques millimètres doivent recouvrir le riz.
Nos sushis de supermarché remplissent-ils ces quelques critères non exhaustifs? Voici notre verdict impitoyable.
1. Sushi Box Aldi
Cette barquette contient huit sushis nigiri et quatre makis pour un total de 330 grammes. Pour 9,99 francs, c’est une affaire. Hélas, les choses se gâtent vite sévèrement. Les makis sont trop humides, on ne perçoit ni le goût de la minuscule garniture à l’intérieur, ni celui de l’algue nori. Seule subsiste une vague saveur un peu salée, un peu umami.
Même chose du côté des nigiri. La crevette, complètement desséchée, évoque un vulgaire bout de carton. Le riz est sec et si compact qu’on a l’impression de s’enfiler une boule de pétanque, poussière du terrain incluse. Enfin, les tranches de saumon sont beaucoup trop fines. Même le plus radin des dealers n’arrive pas à couper son shit aussi fin. Finalement, nos 9,99 francs ont servi à acquérir un gros plat de riz trop cuit et trop salé.
Note: 0/5
2. Migros Sushi Mania Sasayama
Cette barquette contient 179 grammes, avec trois sushis nigiri au thon et trois makis au concombre. C’est un peu chiche. Pour 11,90 francs, c’est beaucoup plus cher que chez Aldi: mieux vaut ne pas trop avoir faim, ou doubler la mise.
Visuellement, on est sur du mi-figue mi-raisin: les tranches de thon sont certes plus épaisses et recouvrent bien le riz. En revanche, la couleur est pâle et terne, pas vraiment appétissante. La découpe est un freestyle absolu, pas du tout régulière.
Le riz des nigiri s’écroule dès qu’on le touche: Pas étonnant: il est sec et n’a aucune tenue. Au lieu du bon goût aigre-doux, on a la désagréable surprise de se retrouver avec un gloubi-boulga méga salé. Impardonnable pour le prix.
Les makis sont moins désespérants, le riz est bien plus humide, mais là encore, on est davantage devant une bouchée parfumée à l’Aromat qu’en face d’un bon maki. L’algue nori est mouillée et n’a absolument aucun goût. À noter enfin que l’assortiment de Migros semble avoir récemment changé, pour le pire. Les sushis Migros c’est comme le rap: c’était mieux avant.
Note: Aromat/5
3. Coop Sushi Snack Zenbu
Pour 6,95 francs, on peut choper une barquette contenant deux nigiri et quatre makis, soit 128 grammes. Les makis nous font de l’œil: le saumon et le concombre sont généreux. Mais ils sont franchement ratés, notamment de par la présence d’une espèce de sauce jaune (au curry ou au curcuma?) qui n’a rien à faire là.
Le nigiri saumon est une catastrophe: le riz est sec comme un coup de trique, c’est à se demander depuis combien de temps il nous attendait pour se jouer de nos pharynx. Le saumon est découpé au laser, certainement grâce à un outil développé par la NASA car faire aussi fin, on ne voit pas comment c’est possible. Quant au nigiri au thon, il était tellement moche et d’un aspect douteux que personne n’a voulu y toucher.
Note: Poubelle/5
4. Manor Bento Nikko
Les sushis disponibles chez Manor sont préparés sur place sous la bannière Sushi Zen, et cela se ressent. Nous avons acheté une petite barquette de cinq nigiri au saumon de belle allure pour 12,90 francs. Le riz est relativement souple et propose une texture finale agréable: il tient bien dans les baguettes mais se sépare facilement sous la dent. Il manque un peu de saveur tout de même.
Les tranches de saumon sont de loin les plus généreuses, leur texture est agréable, ni humide ni sèche, et ils recouvrent intégralement la petite boule de riz. En bouche, la fraicheur est bel et bien présente, la différence est indiscutable avec les horreurs dégustées jusqu’ici. Oui, c’est un peu plus cher, mais au moins le contrat est honoré.
Note: 4 / 5
5. Aldi, sushis vegans
Notre collègue Lauriane a acheté cette curieuse barquette avant de fuir sans y toucher, sans doute pour nous achever par pur sadisme gustatif.
Ici pas de poisson donc, rien que du végétal. Cela coûte 8,90 francs pour cet assortiment de 330 grammes. Visuellement, c’est bizarre, ni beau ni vraiment moche: avec ces couleurs bigarrées qui bavent dans tous les sens, on dirait un T-shirt Desigual. Chacun ses goûts, vous me direz.
Deux nigiri ressemblent beaucoup à du vrai poisson, mais on n’a pas réussi à déterminer de quoi il s’agissait. C’est un peu gélatineux, et surtout salé. «Ça a un goût de bouillon», conclut notre collègue Camille, qui a certainement senti ses papilles excitées par le sel et le glutamate de sodium, condiment cache-misère des ingrédients de piètre qualité.
Les california makis contiennent du tofu mariné assez intéressant, bien identifiable. Les petits makis sont préparés avec divers légumes, notamment de la betterave et des poivrons croquants.
Franchement après avoir dégusté de vrais sushis si catastrophiques, on en a conclu que mieux valait déguster des sushis vegans acceptables que de mauvais sushis au poisson, alors vous faites ce que vous voulez mais d’après nous ce petit plateau n’était finalement pas si mal. Notre collègue végétarien Pierre l’a d’ailleurs confirmé.
Note: Ecolo/5