«C'est pas du Coca». Avec ce commentaire-guillotine, la dégustation avec mes collègues de la rédaction commence sur les chapeaux de roue.
Et donc ce Coca qui n'en est pas, c'est du Coca Intergalactic (Starlight aux Etats-Unis), une série limitée lancée sur quelques marchés européens, hélas pas en Suisse nous confirme Natasja Sommer-Feldbrugge, porte-parole de Coca-Cola Suisse.
Le géant américain de la boisson a récemment lancé Coca-Cola Creations, «une nouvelle plateforme qui élève l'iconique marque Coca-Cola et la prête à de nouvelles expressions basées sur la collaboration, la créativité et les connexions culturelles», décrit Natasja Sommer-Feldbrugge. Bon, ça ne nous avance pas beaucoup, mais c'est en résumé une stratégie qui fait de l'oeil aux jeunes avec des produits originaux, pop, décalés et basée sur la culture du «drop» (des produits balancés par surprise, en quantités limitées).
Et pour attirer ces jeunes, Coca décrit son breuvage, lequel a «une teinte stellaire brillante et rougeoyante ainsi qu'une sensation fraîche évoquant la sensation d'un froid voyage dans l'espace»(!). Non il n'y a pourtant aucun trace de champignons hallucinogène dans la boisson, la référence à l'espace provenant du fait que le Coca aurait été la première boisson non alcoolisée à être consommée dans l’espace en 1985, lorsque les astronautes à bord de la navette Challenger en ont bu dans une canette spécialement conçue pour cela. Pourquoi pas.
Dégustation oenologique du Coca Intergalactic
Étant tombé sur cette curiosité lors d'un déplacement à Londres, j'ai ramené quelques canettes de la boisson cosmique dans ma fusée et organisé une petite séance de dégustation dans la rédaction.
Pschit, on verse la boisson dans un verre: le liquide gazeux est de couleur grenat, quelque part entre le sirop de fruits rouges et le vin de noix. Oui, la teinte évoque vaguement celle de la célèbre nébuleuse de l'hélice ou de la tête de cheval, mais au risque de voir ce trip interstellaire faire pschit, la rigueur scientifique m'oblige à vous rappeler que ces couleurs proviennent de traitements informatiques et non de mère nature.
Du côté du nez, ce coca sent les bonbons, la barbapapa, avec de complexes notes épicées et fruitées.
En bouche, la saveur est étonnante. Moi, il me fait penser à un goût de pâtisserie, genre une tarte aux fruits rouges caramélisés. Je ne pense pas avoir tapé très loin puisque parmi les remarques de mes estimés collègues, j'ai relevé «hé on dirait du pain d'épices», «non plutôt du Speculoos», «moi je trouve que ça a le goût de cheesecake aux fruits rouges», et enfin un énigmatique «entremets au goût de Coca».
Vérification faite sur l'étiquette, nous n'étions pas dans la Lune puisque le Coca Intergalactic contient des jus concentrés de carotte et de cassis (et aussi quelques édulcorants, puisqu'il s'agit ici d'une version «zéro calories»).
Bref c'est un Coca finalement pas si mal, à mon avis, mais avouons que ce produit a divisé les dégustateurs. Rangeons-le donc dans la catégorie des bizarres, mais pas des infâmies du genre Coca Vanille, soyez rassurés.
Si la curiosité vous démange, vous pourrez probablement en trouver cet été si vous allez faire un tour hors de Suisse (vous en trouverez en Espagne, au Royaume-Uni, en Norvège ou encore en Roumanie). D'autres Coca de cet acabit sont également sortis aux Etats-Unis, tel que le Coca «Zero Sugar Bytes» (octets), apparu début mai.
On ne sait pas quel goût ont les pixels «synchronisés» avec la boisson, mais la stratégie commerciale semble bien ficelée: ce coca est destiné aux gamers et a même déjà sa propre île dans le jeu Fortnite, avec des mini-jeux et des quêtes à accomplir.