Voilà, comme d’habitude, vous avez quelques minutes d’avance sur votre train mais pas assez pour vous permettre de sortir de la gare et d’aller acheter un petit-déjeuner copieux. On dit souvent qu’il ne faut jamais oublier de manger le matin, alors pour prendre soin de ses lecteurs férus de chemins de fer, Blick a fait le tour des croissants de la gare de Genève.
Le traditionnel croissant de la Migros pur beurre
On le connaît tous, c’est la superstar du hall de gare, le croissant de la Migros a tout pour plaire: pas cher (1 franc!), bien en évidence, aussitôt vu aussitôt acheté. Mais alors que vaut ce classique des rayons? Eh bien figurez-vous que c’est vraiment pas mal: il est peu croustillant, certes, mais très léger. Le goût de beurre est peu prononcé, mais présent en arrière-bouche. Une fois mâché, il est quand même un peu pâteux. D’apparence, on constate qu’il est doré et aéré, avec de belles alvéoles. Et puis l’avantage de la Migros, c’est que les fournées s’enchaînent si vite qu’avec un peu de chance, vous en attraperez un tout chaud.
Le (trop) généreux croissant de Prêt à Manger
Prêt à manger, c’est cette boutique vitrée entre les deux hall principaux de la gare. Leur croissant au beurre classique porte bien son nom: ultra gras, le beurre y est très présent. De forme plus fine, il est néanmoins très épais et assez croustillant. En bouche, on sent un arrière-goût sucré d’amande, que vous apprécierez ou non suivant votre inclinaison pour ce fruit à coque. Vous le payerez la modique somme de 2 francs… ce qui reste le double de celui de la Migros.
Pougnier, c’est pas bon et c’est cher
Avec un prix de 2,20 francs le croissant, nous avons trouvé le plus cher de la gare. Malgré sa forme dodue prometteuse, l’intérieur est vite décevant. En coupant le croissant en deux, on se retrouve avec une tranche sèche qui pourrait à peine servir pour se faire une tartine (si on aime le combo carton/confiture). Le goût en pâtit: ce croissant demande un combo mastication et salivation acharné afin de pouvoir l’avaler. Dommage, car leur étalage de viennoiseries mettait l’eau à la bouche, juste pas assez pour ré-humidifier cette mie sèche.
Coffee and friends, n’y emmenez pas vos amis
Coffee and friends, c’est l’espèce de café/hall d’entrée du Burger King que l’on trouve à l’autre bout de la gare. Côté texture, leur croissant à 2,10.-, est pâteux en bouche. Il laisse un film très gras sur les doigts, ce qui est un peu handicapant lorsqu’on commence à peine sa journée et qu’on peut se laver les mains uniquement dans les toilettes du train (toujours sympa pour un début de journée en douceur). Niveau goût, c’est rapide: il en a très peu et les seuls arômes de beurre que l’on perçoit sont fades. Bref, un croissant qui a les inconvénients goût de celui de la Migros sans les avantages texture du Prêt à Manger.
Remarque: un croissant vegan dans leur vitrine laisse espérer qu’ils ont peut-être tout donné dans cette version. 10 centimes plus cher, la texture est cartonneuse et pas croustillante, une espèce de glaçage rend le croissant collant sans y apporter grand-chose. Le goût rappelle vaguement une couronne des rois, entre les raisins et la fleur d’oranger, qui n’est pas un mélange si désagréable mais plutôt inattendu dans un croissant. Pas mauvais mais pas vraiment ce que l’on recherche non plus.
Greens, Il forno: pas vu pas pris
Dans un souci d’exhaustivité, nous avons également testé les croissants de Greens et d’Il forno, situés juste à côté de Coffee and Friends. Pour Greens, une certitude: ce sont les mêmes croissants, ou alors leur goût et texture sont exactement identiques. Pour Il forno, malgré notre zèle, il y avait pénurie de viennoiseries (à 8h30).
Pouly, chouchou de la faune ferroviaire
Grosse surprise du côté de Pouly. Boulangerie très présente en Suisse, le nombre de clients qui se pressaient au comptoir était de bon augure. Hélas: leur croissant est le pire cauchemar du voyageur qui souhaite être discret. Si sec qu’il tombe en miettes au moindre toucher, il devient un plat d’exception pour les moineaux du quai et un enfer pour les voisins de siège de l’indélicat qui aura osé croquer dedans. Le bon côté des choses, c’est qu’au moins lui, il croustille. Après forcément, avec une pâte à 0% d’humidité, on finit par avoir très soif. Dans l’ensemble, le goût du croissant est assez quelconque, avec une saveur de beurre moins marquée que ses compatriotes.
Le constat final est donc un peu triste: de toutes les boutiques et boulangeries qui vendent des croissants à la gare Cornavin, aucun ne nous a assez convaincu pour nous mettre en appétit dès le matin. Si vous aimez les croissants sucrés, vous pouvez sans autre vous diriger vers le Prêt-à-Manger et ses croissants goût amande. Si au contraire vous cherchez un croissant bien beurré, nous sommes au regret de devoir dédaigner les boulangeries et de vous conseiller la Migros. À 1 franc le croissant, il est certes un peu mou, mais son goût nous a paru le meilleur et sa texture la plus légère. Indétrônable, il doit plus sa place de champion aux lacunes des autres qu’à ses propres qualités, mais il vous remplira le ventre pendant votre trajet.