C’est la science qui le dit
Quand les pères s’impliquent, les enfants vont mieux

Des chercheurs japonais ont mené une vaste étude auprès des pères de famille. Ils ont trouvé un lien positif entre leur implication et le développement des jeunes enfants.
Publié: 04.09.2023 à 19:01 heures
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Dernière mise à jour: 06.09.2023 à 12:12 heures
Selon une étude japonaise, l'implication active du père dans l'éducation des enfants donne des bambins plus heureux et équilibrés.
Photo: Shutterstock
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Margaux BaralonJournaliste Blick

En Europe de l’Ouest, la Suisse fait figure de parent pauvre des politiques familiales. Un congé maternité de 14 semaines, un congé paternité (ou pour l’autre parent dans le cas d’un couple homosexuel) de deux semaines seulement depuis 2021… et aucun congé parental. Et ce, en dépit des coups de boutoir de la Commission fédérale des affaires familiales, qui a publié en février dernier des recommandations bien plus ambitieuses, préconisant de passer à 38 semaines, soit 22 de plus.

Les choses bougent pourtant au niveau cantonal. En juin, la population genevoise a ainsi approuvé à une large majorité un congé parental de 24 semaines, dont six qui iront obligatoirement à l’autre parent – qui est, dans la majorité des cas, le père. L’objectif affiché est de garantir une plus grande égalité dans la répartition des tâches au sein du couple et de permettre aux pères de s’impliquer davantage auprès de leur enfant. Mais quels sont exactement les effets de cet investissement?

Des effets sur le développement physique et psychique

Pour avoir la réponse, il faut se tourner vers une étude japonaise, publiée cet été dans la revue «Pediatrich Research». Menée auprès de plus de 28'000 bambins, qui ont été suivis de l’âge de six mois à celui de trois ans, celle-ci vient combler un cruel manque de données sur le sujet. Et le résultat est sans appel: «l’implication active du père dans les soins apportés pendant la petite enfance peut favoriser le développement des jeunes enfants.»

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont fait remplir des questionnaires aux pères, les invitant à déclarer la nature et la fréquence de leur participation sur sept critères différents: changer les couches, nourrir ou endormir le bébé, lui donner son bain, l’habiller, le promener à l’extérieur ou encore jouer avec lui. Parallèlement, des tests ont été menés sur les enfants pour évaluer leur développement physique comme psychique.

Selon les auteurs de l’étude, «une grande implication du père dans les soins donnés à l’enfant est associée à un risque plus faible de retard dans le développement de la motricité globale, de la motricité fine, de la capacité à résoudre des problèmes et des aptitudes personnelles et sociales».

Moins de stress maternel

Cela s’explique bien sûr par un effet direct de l’implication paternelle. Avoir deux parents plutôt qu’un seul qui parle, joue et interagit avec l’enfant permet à celui-ci d’avoir plus d’occasions d’exercer ses capacités langagières ou motrices. Mais l’étude pointe aussi un bénéfice indirect d’avoir un papa poule: cela permet de «réduire le stress maternel». «Les conclusions de nos recherches indiquent que l’engagement du père dans le soin au bébé a des avantages à la fois pour l’enfant et pour la mère», résume l’un des auteurs de l’étude, le Dr. Tsuguhiko Kato.

Ces conclusions viennent apporter de l’eau au moulin de la Commission fédérale des affaires familiales suisse, qui remet régulièrement la question du congé parental sur la table. Reste que le sujet est toujours délicat dans le pays. Si l’allongement du congé a été adopté à Genève, la gauche aurait préféré une réforme plus ambitieuse encore. Quant au canton de Berne, qui votait en même temps sur une proposition similaire, il l’avait rejetée à une large majorité (plus de 66% des suffrages). Ses détracteurs avaient notamment soulevé la question du coût de la mesure, évalué à 200 millions de francs par an.

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