C'est le genre de sujet sur lequel les esprits s'échauffent rapidement: les parents ont-ils la priorité sur leurs collègues sans enfant lorsqu'ils planifient leurs vacances?
Beaucoup pensent que oui: «Comment et quand voulez-vous que je parte avec mes enfants si ce n'est pas pendant les vacances scolaires?» s'indigne la plupart d'entre eux.
De facto, les parents sont en effet plus limités dans l'organisation des vacances avec leurs enfants. Mais est-il juste que ceux qui n'ont pas d'enfants soient généralement désavantagés dans leurs projets de voyage d'été?
Tanja* enrage: «Je n'ai pas d'enfants, et alors! J'aimerais quand même profiter de mes congés en été. Je ne souhaite pas forcément prendre mes vacances en dehors de la belle saison!»
Le choix est à la charge de l'employeur
Un porte-parole de l'Union patronale a déclaré que les conflits concernant la priorité donnée aux parents sont connus et récurrents. Un rapide coup d'œil aux pratiques courantes de certaines entreprises suisses montrent en effet que sur la question de l'attribution des congés, les avis divergent.
En principe, c'est l'employeur qui valide les jours de vacances demandés. Mais il doit tenir compte des besoins de chaque employé.
Ainsi, dans le canton de Lucerne, les parents d'enfants scolarisés sont prioritaires pour prendre des jours de vacances pendant l'été. Au sein du groupe pharmaceutique Novartis, les collaborateurs ayant des enfants scolarisés sont également prioritaires pour leur souhait les vacances.
A la Poste, Migros, Nestlé et Swisscom, en revanche, il n'y a pas de préférence dans la planification des vacances. Carmen Hefti, porte-parole de Migros, déclare à ce sujet: «Concilier vie professionnelle et de la vie privée est très important pour nous. Et cela vaut pour tous les collaborateurs, qu'ils aient des enfants ou non.»
Interrogée à ce sujet, l'Union patronale suisse écrit: «Lors de l'attribution des congés, les employeurs essaient surtout de tenir compte au mieux des besoins des collaborateurs ayant des enfants scolarisés. Il est toutefois important que les autres collaborateurs ne soient pas désavantagés.»
Les personnes sans enfant ont aussi des contraintes
Le porte-parole de Novartis, Satoshi Sugimoto, note toutefois: «Comme le coût d'un voyage est plus élevé pendant les vacances scolaires, de nombreux collaborateurs sans enfant scolarisé ont tendance à planifier leurs vacances en dehors de la haute saison.»
Ce qui aide à la résolution des conflits, c'est donc la flexibilité des employés sans enfant. Mais ceux-ci auraient également des contraintes
Ainsi, la présidente de l'association suisse des Ressources Humaines, Jessica Silberman Dunant, fait remarquer que les employés sans enfant ont eux aussi certaines restrictions: «Il y a des collaborateurs sans enfant dont le ou la partenaire doit obligatoirement prendre des vacances à une certaine période, par exemple lorsque l'entreprise ferme, ce qui est souvent aussi le cas pendant les vacances scolaires.»
Des solutions grâce au bon sens
Pour Lucas Zehnder, conseiller en personnel et psychosociologue, les employés sans enfant ne devraient pas être mis de côté sous peine d'engendrer une possible frustration: «Pour que l'attribution des congés soit perçue comme équitable par tous, il faut faire preuve de beaucoup de tact. Chacun doit pouvoir décider pour lui-même s'il veut des enfants ou non. C'est pourquoi je prône les mêmes droits pour tous.»
*Nom modifié