Ouvert en janvier, le nouveau restaurant libanais en vue de Lausanne me fait de l’œil depuis quelques semaines déjà. Le chef, Toni Chidiac, qui a auparavant cuisiné chez Obeirut pendant plus de dix ans, propose des plats traditionnels revisités, le tout dans un décor qui apparaît déjà moderne et frais de l’extérieur, avec quelques couleurs sobres sur la devanture. Je me rends donc au Taolé un soir de semaine, curieuse de me faire ma propre idée. J'y vais avec mon compagnon (on peut goûter plus de choses à deux). À notre arrivée, le décor est simple, un olivier trône au milieu de la salle et des touches de bleu sur les murs et dans la décoration rappellent l’océan. Nous sommes jeudi soir, le restaurant est bondé et par la même occasion très bruyant.
L’accueil rattrape immédiatement le brouhaha qui sature la salle. Les serveurs sont 3 ou 4 pour toute la salle et attentifs au possible. Souriants, ils répondent à la moindre de mes questions sur la carte et notre serveuse attitrée nous conseille sur le choix des plats: «Si vous voulez goûter de tout, c’est un peu plus cher, mais moi je prendrais la taolé du chef.» La taolé (qui veut dire table en libanais) du chef, c’est un assortiment des traditionnels mezze, ces petites assiettes servies froides ou chaudes, et accompagnées de rissoles et de brochettes choisies par le chef en personne. Alors là, je suis vendue, d’autant plus que je peux quand même choisir la moussaka libanaise, mon petit faible. Les adjectifs précédant chaque plat – «la somptueuse moussaka», «l’onctueux hommos» – aident à se rendre compte des textures et ajoutent une petite touche personnelle à une liste déjà fort sympathique.
Un succès fulgurant
En attendant les plats, je bavarde avec la serveuse. «Depuis qu’on a ouvert, c’est complet tout le temps», me confie-t-elle avec un sourire. Je veux bien la croire, ça fait plusieurs soirs que j’essaie de réserver une table, sans succès. Cette annonce me rend encore plus curieuse de goûter ces plats qui ont enflammé l’enthousiasme des Lausannois. Pour patienter, et sur conseil du personnel, je sirote une de leurs boissons spéciales, une limonada parfumée à la fleur d’oranger et mon compagnon de table prend un verre d’arak, boisson alcoolisée à l’anis, forte, et dont le goût rappelle un peu celui du pastis.
Et enfin… la révélation
Après une petite dizaine de minutes d’attente, les plats arrivent. Ils arrivent et arrivent encore, jusqu’à ce que notre table soit recouverte d’une dizaine de petites assiettes remplies à ras bord de mets qui ont tous l’air plus appétissants les uns que les autres. Je prends des photos, forcément, pour rendre compte un maximum de l’expérience, et le serveur empressé m’aide, pensant que je veux prendre un selfie avec les plats – c’est vous dire s’ils sont attentifs!
Ils ne nous ont pas menti – la taolé du chef, pour deux, permet vraiment d’avoir une bonne idée des plats disponibles, alors accrochez-vous. Je me lance avec le tabouleh, fait de persil, de menthe et de grains de grenade qui explosent en bouche et ajoutent une touche d’acidité. La moussaka, de laquelle j’attends beaucoup, ne me déçoit pas: les aubergines marinées fondent dans la bouche, la viande hachée mélangée aux herbes est tendre et les pois chiches amènent une texture différente, qui rend le tout soyeux pour le palais. Le fattit lahmé, fondant de bœuf nappé de yaourt et de pignons de pin, mélange des sensations différentes: le frais du yaourt, le croquant des pignons et le goût un peu fumé de la viande.
Le hommos lahmé, onctueux et garni d’agneau et de mélasse de grenade, rend bien compte du crémeux du houmous, relevé par une touche acide sur la fin. Si vous aimez garnir vos pains pita, essayez le caviar d’aubergine, salé et crémeux. Si vous aimez le croustillant, leurs pains libanais toastés à la viande sont bien épicés et la viande parfaitement assaisonnée d’herbes aromatiques et d’oignons. Du côté des brochettes, moins d’innovation: la viande est bien grillée, mais appelle les autres plats pour retrouver un peu de saveur.
Tout au long de notre dégustation, les serveurs restent très attentionnés. Ils passent de table en table, s’assurant que tout se passe bien, répondant aux moindres besoins.
Arrive le moment du dessert. Après avoir tant mangé (et accepté l’offre du doggy bag, automatiquement proposé par notre serveuse), j’hésite. J’hésite, puis je regarde la carte et me décide finalement pour le «crispy ossmallié», composé de cheveux d’anges dorés, de crème de lait et de sirop de miel. Sans regret: ce dessert est tout ce qu’il promet, croustillant et crémeux, avec un goût presque dominé par la fleur d’oranger mais souligné par le sucré du miel, doux et fleuri. La présentation est impeccable et les prix des desserts varient entre 5 et 7 francs seulement, de quoi se permettre d’en goûter plusieurs, si on ne se laisse pas totalement aller à la gourmandise sur les plats principaux.
Verdict
Raffiné sans être hors de prix, Taolé peut séduire un large public. Les plats sont fins et la présentation est sobre, dans des assiettes toutes noires, mais efficace. D’ailleurs, entre les familles, les tables de potes et même un dîner d’affaires, le public de «mon» soir était très varié. Petit bémol peut-être pour le bruit dans la salle, assez assourdissant par moments. Ce restaurant n’est pas le bon si vous comptez avoir de longues discussions sérieuses!
Cerise sur le gâteau et attention non négligeable, le chef Toni Chidiac termine la soirée en venant saluer chacune des tables, touche personnelle qui met les convives en valeur.
L'addition | |
1 taolé du chef | 45 CHF |
1 limonada | 6.90 CHF |
1 ossmalié | 5 CHF |
TOTAL | 56.90 CHF |
Restaurant Taolé, avenue du Théâtre 1, 1005 Lausanne
Lu-Sam 11h30-14h00 / 18h30-22h00