Salut, c'est moi qui me suis cogné Top Chef hier. Excusez Valentina, elle ne pourra pas revenir cette semaine. Trop marquée. Depuis qu'elle s'est infligée l'épisode 2 sur les illusions, elle hante la rédaction en chevauchant un balai, habillée en sorcière, le regard vide, tout en psalmodiant des incantations mystiques incompréhensibles. Le diagnostic des psychiatres est sans équivoque: surexposition prolongée aux deux émissions de mercredi dernier. C'est triste de finir comme ça, à son âge en plus.
Mais moi ça va, merci: hier, le thème était la street food, donc du facile pour bibi, si ce n'est que c'est mon dernier article pour Blick. À l'heure où vous lirez ces lignes, j'aurai tout plaqué pour aller vendre des churros dans un food truck à Moudon.
Sur Top Chef
Le récap' du dernier récap'
Avant de commencer, faisons un petit récap de la semaine dernière. Danny, notre Genevois rappeur, a été éliminé face à la – déjà très insupportable – Albane, dans une dernière chance sur le thème de la transparence. On l'a retrouvé dans la fameuse nouvelle émission en deuxième partie de soirée: «Top Chef: la brigade cachée». Il y a affronté Miguel (interviewé par Konbini), éliminé la semaine précédente, il l'a battu, et tout le monde a été soulagé. Pas parce que ce pauvre Miguel a perdu, mais parce qu'on a enfin pu aller se coucher.
Précision importante: seule une partie des candidats étaient présents lors de l'épisode 2. Hier, c'était donc un épisode avec les autres participants. Oui parce que bon sinon, on se coucherait à quatre heures, merci bien.
Allez, pour se mettre en appétit, le teaser de M6:
«N'oubliez pas qu'il n'y a pas de couteau ni de fourchette», leur rappelle Glenn Viel. On demande aux candidats de révolutionner la street food, lui en est encore à leur expliquer comment ça se mange. Vous voyez, c'est à cause de ce genre d'inepties qu'on n'a pas pu concrétiser notre projet initial d'articles, qui visait à vous donner les «trucs et astuces appris grâce à Top Chef». Vous imaginez vous connecter sur Blick ce matin et tomber sur un titre lamentable, du genre «figurez-vous que la street food se mange avec les doigts»? Non, ce ne serait pas très sérieux.
Première épreuve libre
L'épreuve se déroule dans un superbe lieu parisien: la Félicita, un immense food court trop stylé. Nous à Lausanne, on a Manora, c'est un autre délire, on va dire. Le chef invité, c'est Guillaume Sanchez, le mec tatoué de partout de la saison 8. On dirait qu'il débarque encore un peu déchiré de sa soirée de la veille.
Est-ce pour le réveiller que M6 met le paquet sur les effets sonores idiots? Boum boum, pouet pouet, schling schling sur un ralenti d'un économe qui pèle une carotte… C'est, comme toujours, le cirque absolu sur la piste audio.
Carla et Sarika (brigade bleue, Etchebest) se lancent. Comme dans l'épisode 1, Carla, l'Italienne de service (enfin, l'expatriée) ne peut s'empêcher de vouloir faire des pâtes. «Un plat street food? Euh, une carbonara!». Dans une glace, certes. Sa proposition est vite retoquée par le chef Etchebest. Elle a bien compris le message, ce sera donc... des raviolis. Euh, OK.
Léo et Victor (brigade violette, Pairet) veulent proposer une sucette à la salade César. Je ne trouve pas ça très gourmand, mais puisque mon avis ne compte pas, ils le font quand même. Ah non, Paul Pairet les en décourage lui aussi, arguant que ça ne va jamais tenir en place. Du coup, ce sera non plus une sucette, mais une sorte de sac de voyage en bois. Mais toujours avec une salade César dedans. Ils ont pensé à mettre des petits croûtons, de la peau de poulet croustillante, des sauces pour tremper les ballotines de chou farci... non, l'idée est là, rien à dire.
De leur côté, Jérémie et Alexandre (brigade orange, Glenn Viel) envisagent un bœuf bourguignon servi dans une patate creusée qu'on tient dans la main. C'est pas mal du tout comme idée, même si leur dressage me semble totalement incompatible avec un emballage street food. Il y a un effiloché dans le fond avec un bon jus corsé, et des petits dés d'entrecôte snackée sur le dessus. Non zut, ça a l'air incroyable, je leur décerne le Blick Food d'or, et un an d'abonnement à Blick premium.
Verdict: Aux côtés d'un aréopage d'influenceurs food, le chef Sanchez attribue des notes aux brigades. Les influenceurs ont l'air d'avoir kiffé le bourguignon, mais la voix du chef Sanchez (qui est donc assis sur un banc) compte triple, c'est comme ça. Il avance, suspense, il snipe les oranges puis les bleus («Là y'a pas d’texture, là y'a pas d’assaisonnement») et renverse le game en donnant la victoire finale à la brigade violette pour leur salade césar de voyage. Victor et Léo sont qualifiés.
Épreuve éliminatoire: le naufrage du kebab
Je mangerais bien un bœuf bourguignon. Mais j'ai autre chose à faire, comme vous expliquer ce qui arrive, et c'est compliqué, alors concentrez-vous, s'il vous plaît.
Les 4 candidats non qualifiés lors de la première épreuve vont s'affronter sur le thème du kebab gastronomique. Mais attention, coup de théâtre: Gaston, le chef pour VIP londoniens qualifié in extremis lors de l'épisode 1 va s'incruster dans l'épreuve. Il n'a pas de brigade, mais il a la possibilité de piquer la place à quelqu'un, comme un gros enfoiré de bernard l'hermite. Il prépare un kebab qui ne sera pas goûté par le jury initial, comme les autres candidats. Son assiette, ainsi que le kebab le moins convaincant des 4 autres, est simplement dégusté à l'aveugle par le chef de brigade de son adversaire. C'est clair, non?
Bon allez, un kebab frites sauce samouraï et un Fanta, chef!
Sarika n'a visiblement jamais mangé de kebab puisqu'elle cuit un gros tentacule de poulpe, qu'elle accompagne d'une espèce de bao fourré avec une compotée aux oignons relevée. La pauvrette issue d'Objectif Top Chef est en galère. Elle s'énerve, mitraille les gros mots. Elle est pire que moi, à tel point que M6 doit mettre des «bips» pour la censurer, comme à la télé américaine. Son assiette est pas mal. Mais sans vouloir être chiant, c'est pas du tout un kebab.
Carla, dont M6 nous a servi un portrait bien lourdingue (avec du piano lancinant, pour s'assurer qu'on soit vraiment émus alors qu'on est juste là pour la bouffe). Elle fait un kebab al pastor mexicain, c'est-à-dire au porc, en mode tacos, et servi avec de l'ananas. Puisqu'elle vit à Naples et qu'elle a tenu une pizzeria par le passé, c'est sûrement un troll de sa part, en référence à la pizza hawaïenne. Là non plus, ça ne ressemble pas à un kebab (plutôt à un taco).
Jérémie propose quant à lui un kebab au maquereau fumé en version monochrome rouge, avec de la betterave, forcément. Son plat est salué pour sa «manière créative de réinterpréter le kebab», avec des références aux variations régionales du kebab. D'accord, mais ça ne ressemble pas non plus à un kebab (plutôt à une salade de betterave de la cantine).
Pour Alexandre, ce sera un «kebab sur nappe». Eh bien, c'est comme son nom l'indique, et au moins ça ressemble (un peu) à un kebab, là. Bon par contre, les manques de cuisson de la viande et du pain lui sont reprochés.
Enfin, Gaston cuisine un «néo-kebab» déstructuré dont la pièce originale est une glace parfum salade. Ça. Ne. Ressemble. Pas. A. Un. Kebab. Mais enfin, pourquoi un tel acharnement à vouloir absolument déstructurer le kebab?
Verdict: Le kebab au maquereau monochrome – que nous appellerons désormais maquerhome – remporte la mise. Jérémie est donc qualifié, tout comme son comparse Alexandre ainsi que Carla, qui passe de justesse. Le chef Etchebest déguste donc à l'aveugle les assiettes de Sarika et de Gaston et élimine la moins bonne: c'est Gaston qui dégage en troisième épreuve.
Mais vous, vous allez rester, non?
Troisième épreuve: la brigade cachée
Allez, on rappelle que cette ultime épreuve de la soirée consiste en un duel entre l'éliminé du jour (Gaston) et le sauvé de la semaine passée (Danny). Le thème exigé par la cheffe Darroze: un dessert, mais avec une surprise à la découpe.
Gaston s'y colle en premier avec un pithiviers (un gâteau de vieux) avec, pour surprise, de… la courge. Je ne sais pas vous, mais moi si je reçois comme surprise de la courge, je suis quand même un peu dégoûté. Et pourtant j'aime bien la courge. Bref, ça sent l'idée à la con, et la cheffe Darroze lui fait savoir. Il persiste néanmoins et ajoute un pumpkin latte en accompagnement. Avec sa dégaine de hipster londonien, normal, me direz-vous. Signalons au passage qu'on a eu ENCORE droit à un portrait de Gaston, indice suggérant qu'il va être éliminé.
Danny le Genevois (dont on ne voit pas de portrait, comme quoi, il va gagner, vous allez voir) dit ne pas être à l'aise avec les desserts, ce qui ne l'empêche pas de nous gratifier de son rire de stoner. Il annonce du grand n'importe quoi: un dôme de royale à la courge butternut et fève tonka fourré avec un praliné aux cèpes et aux noix. C'est culotté. Ha, et il prévoit aussi une coquille d'œuf remplie de crème anglaise à la vanille brûlée, soit non pas une, mais deux surprises au final. En une heure. Un ouf ce Danny, d'autant qu'il parviendra encore une fois à sortir son assiette in extremis.
Verdict: C'est Danny qui gagne et qui reviendra la semaine prochaine (je vous l'avais dit!). Gaston reconnaît sa défaite avec un certain fair play. Une qualification limite, et deux éliminations: il faut nous laisser maintenant Gaston. Et moi aussi, je vous laisse, à la semaine prochaine!