Les acteurs du marché se frottent les yeux. Les rendements des obligations de la Confédération suisse sont au plus bas depuis août 2022. Depuis qu'ils ont atteint leur plus haut niveau annuel le 28 février, ils ont diminué de plus de moitié, passant de 1,50% à 0,71%.
De même, les taux swap, qui constituent la base de refinancement des banques suisses pour les hypothèques fixes, se sont effondrés. Les hypothèques fixes à cinq ans coûtaient encore plus de 2,30% il y a trois mois. Le prix actuel sur le site «hypotheke.ch» n'est plus que de 1,78%. La majoration d'une hypothèque fixe par rapport au taux swap est généralement de 0,50 à 0,70%.
Contexte de l'évolution
Les données sur l'inflation publiées depuis octobre aux États-Unis et en Europe ont entraîné une baisse globale significative des rendements des emprunts d'État. Parallèlement, la rhétorique du «plus haut pour longtemps» en matière de taux d'intérêt menace la situation économique des deux côtés de l'Atlantique.
La crainte d'une récession grandit, notamment en Europe, comme l'explique à «cash.ch» Jean-Christophe Rochat, responsable des placements à la Banque Heritage. «Nous ne nous attendons pas à une poursuite de la tendance haussière, car l'inflation semble désormais sous contrôle.»
Il poursuit: «Les banques centrales semblent avoir atteint un pic dans leurs taux directeurs, et le marché devra ensuite intégrer les premières baisses de taux.» Les taux swap devraient donc continuer à baisser dans les mois à venir, poussés par les données macro et les annonces de baisse des taux directeurs par les banques centrales, poursuit le spécialiste.
La baisse des rendements va-t-elle bientôt s'arrêter?
Aussi prononcée qu'ait été la baisse récente, en raison de l'augmentation des spéculations sur une éventuelle accélération de la baisse des taux d'intérêt par les banques centrales, la chute des taux d'intérêt pour les hypothèques fixes est incertaine.
Santosh Brivio, économiste à la Banque Migros, s'attend à ce que les taux swap à 3 mois à court terme évoluent dans un canal latéral étroit autour des cotations actuelles. Le swap à 10 ans devrait se stabiliser autour de 1,60%. Selon l'expert, la raison de ce pronostic «ennuyeux» réside dans le fait qu'il n'existe actuellement aucun moteur fondamental susceptible d'entraîner une rupture nette et durable vers le haut ou vers le bas.
Actuellement, la courbe des taux swap est très plate et la différence entre les hypothèques fixes à 2 ans et à 10 ans est faible. De même, les taux swap peuvent varier d'une banque à l'autre. C'est auprès de la Banque cantonale de Zurich qu'ils sont les plus intéressants à l'heure d'aujourd'hui.
Peu d'optimisme
Thomas Stucki, économiste en chef de la Banque cantonale de Saint-Gall, n'est pas non plus très optimiste quant à une baisse rapide des taux. Les taux swap en Suisse ont également nettement baissé dans le sillage du recul des taux aux Etats-Unis. Ils reflètent ainsi les attentes du marché selon lesquelles la BNS commencera dès l'été prochain à abaisser son taux directeur en plusieurs étapes en direction de 1%.
Thomas Stucki rétorque: l'année prochaine, le taux d'inflation se maintiendra obstinément dans la partie supérieure de la marge de fluctuation de la Banque nationale suisse (BNS), soit entre 0 et 2%. L'économie s'affaiblira certes, mais ne tombera pas en récession. «C'est pour cette raison que les attentes de baisses rapides des taux d'intérêt par la BNS sont exagérées.»
Les taux swap vont donc corriger une partie de leur baisse et remonter dans les prochains mois, sans toutefois atteindre à nouveau les niveaux de 2%, ajoute Thomas Stucki à «cash.ch».
Continuer à miser sur Saron?
Dans ce contexte, les hypothèques à taux fixe qui arrivent à échéance peuvent justement être renouvelées sous la même forme. Les taux d'intérêt de 2 à 7 ans sont attractifs, car ils sont actuellement inférieurs à 2%. C'est toujours 1% de plus que pendant la période de taux zéro, où l'on trouvait des hypothèques fixes à un taux inférieur à 1%. Mais les observateurs du marché ne s'attendent pas à un retour à ce niveau ultra-bas, comme le rapporte «cash.ch».
L'intérêt de continuer à miser entièrement sur une hypothèque Saron dépend de la tolérance au risque du preneur d'hypothèque. Si les banques centrales devaient effectivement abaisser rapidement et fortement les taux directeurs l'année prochaine en raison d'une éventuelle récession, l'hypothèque Saron représenterait la variante la plus intéressante, comme le constate «cash.ch».
En revanche, si l'on veut dormir sur ses deux oreilles ces prochaines années, il est certainement préférable d'opter pour un financement à 50% par une hypothèque fixe. Car une chose est sûre sur les marchés financiers: les choses ne se passent souvent pas comme on le pense. Et cela pourrait signifier, après la forte baisse surprenante des taux hypothécaires fixes au cours des trois derniers mois, que les taux pourraient à nouveau augmenter.