Les enfants ont une excellente mémoire. C’est ce qui m’est apparu lors des portes ouvertes du Centre Leenaards de la mémoire du CHUV, à Lausanne. Afin de marquer son 10e anniversaire, coïncidant avec la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, le centre médical a orchestré une série d’ateliers autour des maladies neurodégénératives.
Face aux jeux et exercices destinés à challenger notre cerveau, les plus jeunes étaient plutôt impressionnants: «Je suis venu pour apprendre», a humblement déclaré l’un d’eux, après avoir remporté haut la main une version pimpée du Memory. Il était beaucoup plus doué que moi… même si j’ai brillé lors du quiz Harry Potter.
Nos derniers articles santé
Ainsi que l’expliquait notamment la psychologue Francesca Centomo lors de son atelier, la mémoire s’accroît durant l’enfance pour stagner à l’âge adulte et décliner peu à peu dès la soixantaine. Si un véritable déclin ne s’observe généralement qu’à un âge assez avancé, les experts soulignent l’importance de nos habitudes, à n’importe quel stade de la vie, pour protéger nos capacités cognitives. Rappelons que la maladie d'Alzheimer concerne 60% des 32'900 cas de démence enregistrés chaque année, en Suisse.
Le professeur Gilles Allali, directeur du Centre Leenaards de la mémoire, souligne ainsi l’importance de la prévention: «Actuellement, on a réalisé la nécessité d'investir dans les Brain Health Clinics, afin de mieux prendre en charge les maladies neurodégénératives. Le but de ces centres est de recevoir des personnes saines, d’analyser leurs risques de développer des troubles et de créer des programmes ciblés.»
L'hygiène de vie est la clé
L’idée est ainsi d’anticiper les premiers symptômes, sachant que l’apparition de ceux-ci signifie souvent que les dégâts sont déjà irréversibles: «Il est possible de ralentir l’avancée de la maladie, mais on observe une réelle prise de conscience quant à l’importance de la prévention, poursuit le spécialiste. Ce type d’établissement n’existe pas encore en Suisse, mais va certainement voir le jour dans les années à venir dans les centres universitaires.»
En ce qui concerne la probabilité de développer des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer, le professeur Allali mentionne plusieurs facteurs, dont les troubles cardiovasculaires, le tabac, l’hypertension ou encore le diabète. Or, il est possible de diminuer ces risques au travers de plusieurs habitudes.
La stimulation cognitive
Vous avez certainement déjà entendu parler des bienfaits du Sudoku, de la lecture ou des mots croisés pour offrir une session de gymnastique au cerveau. «L’un des axes de prévention essentiels est la stimulation cognitive par la pratique d’une activité intellectuelle, confirme notre expert. Je conseille toutefois de choisir une occupation qui vous plait, car cette habitude sera plus difficile à mettre en place sur le long terme en l’absence du facteur plaisir.» Difficile, en effet, de se forcer chaque matin à remplir une grille de Sudoku quand on n’aime pas les chiffres...
La pratique de loisirs
Le facteur plaisir est d’autant plus important, puisque les loisirs ont également un impact positif sur le cerveau: «Ils permettent aussi de baisser les risques, poursuit notre expert. D’ailleurs, l’activité la plus préventive est la danse, qui est à la fois physique, intellectuelle et émotionnelle.» À noter qu’elle est souvent utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson. Une étude publiée en 2020 dans le «National Library of Medicine» démontre que les effets directs de ce type de danse sont une amélioration de la posture et de la démarche des personnes touchées par cette maladie, entraînant de grands changements psychologiques et un renforcement de la confiance en soi au quotidien.
Les activités physiques et sociales
Parmi les autres facteurs de prévention cruciaux, le Professeur Allali cite «30 minutes quotidiennes d’activité physique, ainsi qu’une stimulation sociale suffisante, avec des interactions différentes et l'intégration à une communauté. Les personnes isolées sont effectivement plus à risque de souffrir d'une maladie neurodégénérative.»
Si vous souhaitez inclure plus de mouvement dans vos journées, ne manquez pas notre article sur les 4 habitudes pour bouger suffisamment.
Le régime méditerranéen
La santé du cerveau passe également par l’assiette: les bienfaits des noix et du saumon n’est pas une légende! «Certains types d’aliments comme ceux du régime méditerranéen peuvent aussi jouer un rôle préventif, acquiesce le professeur Allali. Ce dernier combine beaucoup de fruits rouges, de légumes verts, de poisson et de bonnes huiles, avec très peu de viande rouge. Il convient de viser des aliments aussi bruts et naturels que possible, dans une grande variété, et de limiter sa consommation d’alcool.»
Continuer d’apprendre… à n’importe quel âge
Pour conclure, j’ai demandé au spécialiste quelle habitude toute personne (même les jeunes adultes) peut mettre en place pour protéger son cerveau. Verdict: l'expert recommande aux jeunes de continuer d’étudier et d’apprendre: «Qu’il s’agisse de littérature, d’histoire ou encore de mathématiques, l’accès à la connaissance, l’enrichissement du répertoire sémantique et la création de nouveaux liens cognitifs est un excellent moyen de diminuer les risques.» Si vous attendiez un signe pour vous inscrire à ce cours d'histoire de l'art: le voici!