Deux expertes partagent leur stratégie
Comment tenir nos résolutions facilement et sans douleur

Que serait le mois de janvier sans sa liste de résolutions ambitieuses? Souvent synonymes de stress et de culpabilité, elles peuvent s'avérer impossibles à tenir… Une psychologue et une coach de vie nous aident à voir ce rituel autrement.
Publié: 02.01.2024 à 20:05 heures
«Chercher à s’améliorer en prenant des résolutions est une façon de se conforter dans l’idée que l’avenir sera meilleur et tel qu’on l’a décidé», indique la psychologue FSP Rachel Banderet.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Il y a les résolutions stéréotypées (aller au fitness, manger moins de sucre, méditer chaque matin) et les résolutions insolites (apprendre la ventriloquie, plonger dans un lac glacé, s’entraîner au crochet). Et puis, il y a les objectifs impossibles (tenir ses résolutions jusqu'à février). Ce joyeux trio nous accueille à bras ouvert dès le 1er janvier, couronné d’espoir et auréolé de bonne volonté. Encore un peu sonnés par les fêtes, on le retrouve avec joie, feignant brillamment d’avoir oublié la désillusion de l’année dernière quand, à l’aube du 15 janvier, on avait déjà rompu toutes nos promesses.

Un sondage diffusé fin 2023 par le magazine Forbes relève en effet que 62% des participants se sentent obligés de prendre des résolutions, tandis que 48% d'entre eux visent plutôt l'amélioration de leur niveau de fitness. Pour 36% des sondés, la santé mentale trône au sommet de la liste. 

Pourquoi tant de pression, alors qu’on pourrait laisser au mois de janvier la simplicité d’un timide novembre? «Il s’agit d’un mois comme tous les autres, caractérisé par la fatigue hivernale et le blues, constate la coach de vie Victoria Sardain. Mais il incarne quand même le renouveau! Il me semble que l’idée, même symbolique, d’un nouveau chapitre, favorise la réflexion et l’envie de créer un changement.» 

Un besoin de reprendre le contrôle

En outre, le passage à la nouvelle année possède un côté anxiogène que les résolutions nous permettent d’apaiser: «D’une part, on prend conscience de ce qui ne s’est pas passé comme nous l’aurions souhaité en 2023 et, d’autre part, du temps qui passe et de notre propre finitude, ajoute la psychologue FSP Rachel Banderet. Parallèlement, les rétrospectives de fin d’année nous bombardent d’événements passés sur lesquels nous avons le sentiment de n’avoir que peu ou pas de prise.» 

Notre experte constate ainsi que de nombreuses personnes ressentent le besoin de reprendre le contrôle sur ce qui semble leur échapper: «Chercher à s’améliorer est une façon de se conforter dans l’idée que l’avenir sera meilleur et tel qu’on l’a décidé, poursuit-elle. C’est une façon de conjurer notre sentiment d’impuissance et d’agir concrètement pour améliorer les choses.»

Pour résumer, cette impulsion mi-angoissante, mi-motivante peut nous donner l’élan nécessaire à repartir du bon pied. Or, il est important de prendre quelques précautions, avant de se lancer corps et âme dans une liste de mesures révolutionnaires: 

1

Choisir des objectifs confortables qui nous plaisent

Vous avez pris le chemin du fitness les épaules voûtées, un grognement assourdissant au bord des lèvres? Ne bougez plus! Nos intervenantes déconseillent en effet de choisir de nouvelles habitudes qui nous horripilent: «Certains fitness et influenceurs mettent le paquet sur les programmes costauds en début d’année, pointe Victoria Sardain. Mais si cela ne vous parle pas, vous n’êtes pas obligé de suivre le mouvement! Le but est plutôt de se demander sincèrement ce que vous souhaitez accomplir cette année, où vous voulez être et d’ici au prochain Nouvel-An. La réponse à cette question sera votre objectif.»

La coach souligne par ailleurs que nous avons tendance à choisir des résolutions trop ambitieuses: «La météo du mois de janvier n’est pas propice aux défis sportifs trop exigeants, par exemple, et risque de nous décourager d’emblée, constate-t-elle. Je conseille de démarrer par la plus petite étape possible, le plus petit pas qu’on peut prendre dans la direction souhaitée pour s’approcher de notre but. Il doit s’agir d’une action facile, qu’on a envie d’accomplir et qui ne sera pas trop désagréable pour nous!» Par exemple, plutôt que de s’imposer de lire cinquante pages par jour, on peut commencer par lire un chapitre. Step by step! 

2

Identifier nos besoins secondaires

Même s’ils sont d’abord minimes, chaque changement d’habitude risque d’en déloger une autre, finissant par déséquilibrer les fondations de votre routine. «Nous tendons en effet à sous-estimer les bénéfices secondaires qu’il y a derrière chaque comportement, précise Rachel Banderet. Même ceux qu’on estime néfastes pour notre santé ou notre bien-être et que l’on aimerait voir se modifier!» 

La psychologue propose l’exemple classique du grignotage: «Ce réflexe n’est pas “juste” une mauvaise habitude ou un comportement qui nous empêche d’atteindre nos objectifs de santé. Il s’agit peut-être aussi d’une façon inconsciente de gérer notre stress!» Dans ce cas, notre intervenante conseille de dénicher d’autres manières de répondre aux besoins cachés qu’on vient de débusquer, en gérant mieux notre stress, par exemple. 

4

Planifier concrètement les étapes

Avec poésie, Rachel Banderet cite Antoine de Saint–Exupéry, le père du Petit Prince: «Tout objectif sans plan n’est qu’un souhait». Pour reprendre l’exemple de la course à pied, la psychologue affirme qu’il vaut mieux procéder par étapes claires et simples: «On peut commencer par acheter des chaussures et un équipement, construire un programme d’entraînement progressif avec une alternance de marche et de course, s’informer sur la technique de la course à pied et de l’entraînement, énumère-t-elle. Il s’agit aussi de se fixer un laps de temps raisonnable pour la mise en place du nouveau comportement. On pourra ainsi se féliciter pour chaque étape accomplie. Cette gratification est importante pour le maintien de la motivation!»

5

Ne pas culpabiliser si la motivation baisse

Abandonner une résolution fait partie de la vie. D’ailleurs, si on parvenait à les tenir tous sans ciller, la fierté d’atteindre nos objectifs se dissiperait aussitôt! «Rappelons que personne ne dispose d’une motivation à toute épreuve, rassure Rachel Banderet. Celle-ci dépend souvent d’une meilleure préparation et de la discipline. Bien que la motivation soit très présente les premiers jours, il arrive qu’elle s’amenuise et disparaisse même complètement par moments!» Lorsque cela vous arrive, notre experte insiste sur l’importance des étapes citées précédemment: le fait de se raccrocher à notre plan concret permet de renforcer le mental et de raviver la motivation. 

«Si vous vous fixez une résolution que vous ne parvenez pas à tenir, ne jetez pas toutes ces bonnes intentions à la poubelle, conclut Victoria Sardain. Ce n’est pas un échec, juste une occasion de recommencer à imaginer des petits pas dans la bonne direction.» 

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