L'annonce a créé la surprise, ce mercredi 15 janvier: la conseillère fédérale du Centre Viola Amherd, 62 ans, a annoncé qu'elle quitterait le gouvernement suisse fin mars. Des rumeurs courent déjà sur la liste potentielle des candidats à la succession. Alors que deux femmes ont récemment occupé le siège du Centre au gouvernement, il se pourrait que ce soit à un homme de prendre le relais.
Le parti décidera lundi du processus pour la succession de sa conseillère fédérale. La présidence du parti se réunira ce jour-là avec le comité du groupe parlementaire pour une séance extraordinaire commune, afin de définir le calendrier. On saura alors également quel sera le délai pour annoncer les noms des candidats intéressés par la succession de Viola Amherd.
Mais le Centre est face à double enjeu, la direction du parti devant être bientôt repourvue. Le 28 juin, la succession du chef de parti Gerhard Pfister, doit être clarifiée. Que ce soit pour occuper le poste d'Amherd ou de Pfister, les politiciens doivent réfléchir à leur avenir politique, et où ils ont le plus de chances de réussir.
Qui envisage de se présenter au poste de Viola Amherd? Qui, au contraire, passe son tour? Rapide tour d'horizon.
Personne n'a encore fait d'annonce officielle
Pour l'instant, rien n'est encore officiel. La personne qui s'intéresse vraiment et sérieusement à briguer un siège au conseil fédéral s'autorisera un temps de réflexion. Personne ne veut s'aventurer trop tôt. On attend avec impatience de voir qui osera se jeter dans l'arène.
Les intéressés
L'expérimenté – Gerhard Pfister (62 ans): Le président du Centre, Gerhard Pfister, a choisi le bon moment pour annoncer en ce début d'année sa démission du poste de chef de parti. Son départ est prévu pour juin, mais il pourrait partir plus tôt au vu du contexte. Dans ce cas-là, il faudrait que quelqu'un reprenne le flambeau par intérim. Le Zougois est à la tête du parti depuis 2016: il a transformé le PDC en Centre, et l'a fusionné avec le Parti bourgeois-démocratique (PBD), prouvant ainsi sa capacité à s'imposer. Ses ambitions au Conseil fédéral est un secret de polichinelle.
Le compatriote – Philipp Matthias Bregy (46 ans): Un Valaisan pour succéder à la Valaisanne? Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, a déjà succédé à Viola Amherd: il l'avait remplacée au Conseil national en mars 2019. Il s'est fait un nom en tant que chef de groupe et est considéré comme une personne rassembleuse. Grâce à son lobbying pour une extension complète du tunnel principale du Lötschberg, il a fait un coup politique. Mais on parle aussi de lui comme d'un possible chef de parti. Il devra réfléchir à quel poste il souhaite briguer. Quoi qu'il en soit, Philipp Matthias Bregy n'a pas encore dévoilé ses intentions: «Aujourd'hui, c'est Viola qui est au centre de l'attention», déclarait-il à Blick.
L'étoile montante – Martin Candinas (44 ans): Le conseiller national grison, Martin Candinas, est très en vue. Il siège au Conseil national depuis 2011 et a la réputation d'avoir un esprit conciliant. Sur le plan politique, il s'est engagé en faveur des régions montagneuses et des transports publics. En 2023, il a pu marquer des points en tant que président du Conseil national. Un poste qui a déjà représenté un tremplin pour accéder au gouvernement. Il a déclaré ne pas être intéressé par la succession de Gerhard Pfister, mais le poste de Viola Amherd devrait l'intéresser. Il se montre toutefois discret. «Aujourd'hui, l'accent est mis sur la conseillère fédérale Amherd et ses excellentes performances», déclarait-il à Blick. Ce n'est pas un oui, mais certainement pas un non.
L'ambitieux – Benedikt Würth (56 ans): On prête au conseiller aux Etats saint-gallois Benedikt Würth des ambitions pour la Confédération. Il est moins connu du public suisse que ses concurrents potentiels. Il a toutefois fait la une des journaux récemment: il a par exemple plaidé pour une attitude plus ferme envers les réfugiés ukrainiens, et a évoqué un «pour cent de sécurité» de TVA pour l'armée et l'AVS. Son atout: en tant qu'ancien conseiller d'Etat, il a de l'expérience au niveau exécutif. Son handicap: avec Karin Keller-Sutter, le canton de Saint-Gall est déjà représenté au Conseil fédéral. Après l'annonce de démission de Pfister à la tête du Centre, l'élu a déclaré au «Linth-Zeitung»: «Devenir conseiller fédéral ne fait plus partie de mes projets de vie. Pour moi, le sujet est clos.» Est-ce qu'il y réfléchit encore une fois, compte tenu de la situation inattendue? Mercredi, il n'était pas joignable pour répondre à nos questions.
La voix des femmes – Priska Wismer-Felder (54 ans): La conseillère nationale lucernoise, Priska Wismer-Felder, siège depuis 2019 à la Chambre des cantons, où elle s'est notamment distinguée pour son soutien à l'énergie éolienne. Elle déclare à Blick qu'elle reste ouverte à toute les options: «Il est encore bien trop tôt pour décider si l'on se lance dans la course. Nous avons dans nos rangs de nombreuses personnes compétentes pour cette fonction.» Elle estime toutefois qu'il est important qu'au moins une femme occupe à nouveau l'un des deux postes qui se libèrent, soit la présidence du parti ou le Conseil fédéral.
La discrète – Andrea Gmür (60 ans): La conseillère aux Etats lucernoise, Andrea Gmür, réfléchit à déposer sa candidature. «Cela vaut toujours la peine d'y réfléchir», déclare-t-elle à Blick. Elle fait de la politique au Palais fédéral depuis 2015, d'abord comme conseillère nationale, avant de faire le saut à la Chambre haute en 2019. De 2020 à 2021, elle a en outre été cheffe du groupe parlementaire, son passage relativement bref ayant suscité l'étonnement.
La fine politique européenne – Elisabeth Schneider-Schneiter (60 ans): La conseillère nationale de Bâle-Campagne, Elisabeth Schneider-Schneiter, s'était déjà portée candidate en 2018 pour succéder à Doris Leuthard. Depuis 2010, cette fine politicienne des affaires étrangères fait de la politique au Palais fédéral. Va-t-elle tenter une nouvelle approche cette fois-ci? Pour l'instant, c'est l'heure de rendre hommage aux grands mérites de Viola Amherd, «ce n'est que plus tard» qu'elle réfléchira «aux prochaines étapes». Mais une chose est claire: «Il faut une personne au Conseil fédéral qui poursuive le dossier européen dans son sens.»
La revenante – Heidi Z'graggen (58 ans): La conseillère aux Etats Heidi Z'graggen s'était, elle aussi, lancée dans la course à la succession de Doris Leuthard en 2018 et avait été nommée par son groupe parlementaire aux côtés de Viola Amherd. L'Uranaise avait toutefois été battue par Viola Amherd, qui faisait alors déjà de la politique depuis 13 ans au Palais fédéral. En 2019, Heidi Z'graggen est devenue conseillère aux Etats. Il est néanmoins peu probable qu'elle se présente à nouveau.
L'incontournable – Christophe Darbellay (53 ans): Ces dernières années, rares sont les candidats qui ont réussi à entrer au gouvernement, sans avoir mis un pied au Palais fédéral. L'actuel conseiller d'Etat valaisan Christophe Darbellay a siégé au Conseil national de 2003 à 2015. De 2006 à 2016, il a présidé le PDC (aujourd'hui Centre). On lui prête également des ambitions pour le Conseil fédéral. Interrogé, il reste mystérieux: «Pour l'instant: no comment!»
Elle se désiste
Pas l'envie d'avoir envie – Isabelle Chassot (59): La conseillère aux États fribourgeoise, Isabelle Chassot, est récemment apparue sous les feux de la rampe en tant que présidente de la commission d'enquête parlementaire (CEP) sur le Credit Suisse. Mais elle ne veut pas devenir présidente du Centre ni conseillère fédérale, comme elle l'a clairemement fait savoir dimanche soir dans l'émission politique de la RTS «Mise au point». «Il me manque l'envie d'avoir envie», a-t-elle commenté lorsqu'on lui a demandé si elle souhaitait devenir candidate au Conseil fédéral. Y réfléchira-t-elle à nouveau?