Il n'y a pas que des votations fédérales ce dimanche 24 novembre! Les citoyens ont également été appelés aux urnes pour plusieurs objets cantonaux et communaux, aussi divers qu'une baisse d'impôts, la loi sur le climat, le soutien au concours Eurovision ou l'élection de membres du gouvernement. Tour d'horizon.
Valais
Le Valais n'aura pas sa loi sur le climat. La population a refusé dimanche un texte qui devait permettre au canton d'atteindre la neutralité carbone en 2040. Adoptée l'an dernier par le Grand Conseil mais combattue par un référendum, la loi cantonale sur le climat a été rejetée par 55,83% des votants, tandis que le taux de participation s'est élevé à 42,08%.
L'écrasante majorité des communes (109 sur 122) a rejeté la loi avec, comme attendu, une forte opposition dans le Haut-Valais. Les villes du Bas-Valais (Sion, Sierre et Martigny, mais pas Monthey) se sont montrées favorables, mais pas suffisamment pour inverser la tendance. Le camp du non a réussi à convaincre la population en critiquant une loi jugée «inutile» et «irréaliste», du fait notamment qu'elle visait à atteindre le zéro émission de CO2 en 2040, soit 10 ans plus tôt que la Confédération. Les opposants ont également dénoncé les coûts que le texte aurait engendrés pour la population et l'économie valaisanne. Tous les partis soutenaient la loi, sauf l'UDC et le Centre du Haut-Valais.
Genève
Le corps électoral était appelé à se prononcer sur trois objets cantonaux révélateurs du clivage gauche-droite: une baisse d'impôt, une modification du processus d'adoption des plans localisés de quartier (PLQ) et une loi qui donne au Conseil d'Etat le dernier mot sur les tarifs des transports publics. Concernant cet objet, la fixation des tarifs des TPG reste du ressort du Grand Conseil genevois et in fine de la population. Les électeurs ont refusé, à une majorité de près de 70% de la population de transférer cette compétence au Conseil d'Etat. Ce résultat tient compte du dépouillement de 95% des bulletins.
Le gouvernement estimait que la situation actuelle, trop rigide, ne permettait pas aux TPG d'adapter leurs tarifs prestement. En effet, aujourd'hui, les tarifs sont inscrits dans la loi, en vertu d'une initiative acceptée en 2014. Leur modification nécessite donc l'adoption par le Parlement d'une nouvelle loi.
Pour le gouvernement, ce processus est trop long et ne permet pas aux TPG de réagir rapidement à l'évolution de leur environnement. Le transfert de compétences à l'exécutif devait remédier à ce problème. La gauche s'opposait à ce transfert, y voyant une tentative de passer outre la volonté populaire. La participation au scrutin s'est élevée à 43,8%.
Pas de passerelle piétonne
En ville de Genève, le projet de passerelle piétonne du pont du Mont-Blanc est refusé, selon des résultats anticipés. Les citoyens de la Ville de Genève disent non à 53,93% au crédit de 54,6 millions de francs destiné à la réalisation de cet ouvrage. L'objectif de cette passerelle était de séparer les piétons des cyclistes et du trafic motorisé. Un des trottoirs du pont du Mont-Blanc devait être supprimé au profit d'une piste cyclable bidirectionnelle, permettant ainsi de compléter le tracé autour de la rade.
Un référendum avait été lancé par des citoyens et l'association SOS Patrimoine Contre l'enlaidissement de Genène (CEG) contre le crédit de 54,6 millions de francs jugé «excessif». Les opposants doutaient de l'utilité de cet ouvrage en termes de mobilité et dénonçaient une atteinte à l'image de la rade ainsi qu'à l'environnement. Le taux de participation a atteint 38,71%. Les habitants de la ville de Genève se prononcent, eux, sur un projet de passerelle piétonne en amont du pont du Mont-Blanc. L'utilité de cet ouvrage devisé à 54,6 millions de francs est contestée. Les référendaires craignent aussi un impact négatif sur l'environnement.
Neuchâtel
La population neuchâteloise a plébiscité dimanche l'introduction d'un droit à l'intégrité numérique dans la Constitution cantonale. Le Conseil d'Etat et tous les partis y étaient favorables, sauf le PLR qui avait laissé la liberté de vote, et l'UDF qui s'y est opposée. Le corps électoral neuchâtelois a accepté à 91,51% ce nouveau droit. Le taux de participation s'est élevé à 28,74%.
Ce nouveau droit ne déploiera que des effets entre l'Etat et ses citoyens et dans un périmètre cantonal. Le canton ne peut pas légiférer en matière de traitement des données par les entreprises et les personnes privées, car ceci relève de la Confédération. La population pourra être protégée contre le traitement abusif des données liées à sa vie numérique, aura droit à la sécurité dans l'espace numérique, à une vie hors ligne ainsi qu'un droit à l'oubli. L'Etat devra continuer de proposer un accès à un contact humain de l'administration.
Jura
La Ville de Moutier devrait bien former le 4e district du canton du Jura et compter 7 sièges sur 60 au Parlement dès 2026. Après dépouillement de 26 communes sur 50, les Jurassiens acceptent à plus de 80% dimanche cette modification de la Constitution cantonale. L'intégration de la Ville de Moutier et de ses 7200 habitants dans le canton du Jura est donc en passe de se matérialiser avec ce vote. Cette modification de la Constitution cantonale n'était pas contestée. Pour le moment, le oui obtient 4810 voix contre 1147. La ville formera une circonscription pour l'élection au Parlement et élira 7 députés sur 60 lors des élections en automne 2025 pour une législature de cinq ans. Les trois autres districts verront eux leur députation maigrir: Delémont perdra 4 élus, Porrentruy 2 et les Franches-Montagnes 1.
Les Jurassiens doivent aussi désigner le successeur du ministre PLR Jacques Gerber, nommé délégué de la Confédération pour l'Ukraine. Et c'est le candidat du Centre Stéphane Theurillat qui est en tête de l'élection complémentaire au Gouvernement jurassien après le dépouillement dimanche des résultats de 19 communes sur 50. Il obtient 2210 voix contre 1159 à la candidate des Vert-e-s Pauline Godat. Troisième candidat en lice pour succéder au ministre PLR Jacques Gerber, Pascal Prince, représentant du mouvement d'HelvEthica qui a vu le jour au cours de la pandémie, est distancé avec 471 suffrages. Un éventuel second tour est fixé au 15 décembre.
L'objectif du Centre est de récupérer son 2e siège perdu lors d'une élection complémentaire en 2020. Les Vert-e-s, qui peuvent compter sur le soutien de la gauche, veulent faire leur entrée pour la première fois au Gouvernement jurassien. Le PLR a renoncé à défendre son unique siège au sein de l'exécutif cantonal. L'UDC ne participe pas non plus à ce scrutin. Ces partis veulent concentrer leurs forces en vue des élections cantonales du mois d'octobre 2025.
Berne
Des élections auront aussi lieu dans le canton de Berne. A Bienne, les électeurs doivent départager les deux candidates francophones à la mairie. Lors du premier tour, la conseillère municipale socialiste Glenda Gonzalez Bassi avait devancé sa collègue PLR Natasha Pittet de 427 voix, manquant de peu une élection.
En ville de Berne, la gauche part divisée dans la course à la mairie avec des visées socialistes sur le siège écologiste. Le camp rose-vert pourrait perdre un de ses quatre sièges au gouvernement face à un centre-droit uni.
Net oui au crédit pour l'Eurovision à Bâle
Les citoyens de Bâle-Ville approuvent massivement le crédit de 37,5 millions de francs pour le Concours Eurovision 2025, sur la base du vote par correspondance. En revanche, on s'achemine vers un "non" au droit de vote des étrangers disposant du permis C. Plus de 90% des Bâlois votent par correspondance. Parmi eux, 66,4% soutiennent le crédit accordé à la SSR pour l'organisation du Concours Eurovision à Bâle, en mai prochain. Le microparti ultra-évangélique UDF avait saisi le référendum contre la décision du Grand Conseil. Par contre, les citoyens bâlois ne semblent pas vouloir accorder le droit de vote aux étrangers disposant du permis C, comme le proposaient les autorités. Cet objet est rejeté à près de 56,1% par celles et ceux qui ont voté par correspondance.
L'élection au gouvernement de Bâle-Ville s'achemine vers un statu quo. Le résultat du vote par correspondance donne une nette avance à la ministre sortante Esther Keller (PVL) au 2e tour face à la candidate verte Anina Ineichen. La conseillère d'Etat vert'libérale a obtenu 29'628 voix par correspondance alors que sa rivale n'en compte que 18'828, indique la Chancellerie d'Etat dimanche. L'écrasante majorité des Bâlois votent par correspondance. Si ce résultat se confirme, la gauche aura échoué dans sa tentative de reconquérir la majorité à l'exécutif de Bâle-Ville. Actuellement, le PS y détient trois fauteuils, le PVL un, les libéraux deux et Le Centre un. Six des sept ministres sortants ont été réélus, le 20 octobre, au premier tour. A Bâle-Ville, libéraux et radicaux n'ont pas fusionné comme dans les autres cantons.
Dans le reste de la Suisse
En Argovie, les citoyens argoviens rejettent l'introduction du droit de vote à partir de 16 ans. Ils ont balayé, dimanche, à 79,74% une initiative lancée en ce sens par un comité de jeunes politiciens. Les partis bourgeois s'opposaient à l'initiative. La gauche, le PVL et le PEV la soutenaient. Le taux de participation au scrutin a atteint 42%.
A Uri, l'investisseur égyptien Samih Sawiris pourra construire un complexe hôtelier doté d'une petite marina sur la presqu'île d'Isleten (UR), au bord du lac des Quatre-Cantons. Les citoyens uranais ont rejeté une initiative des Vert-e-s, qui voulait y faire barrage. Les votants ont balayé, dimanche, à 66,42% un texte exigeant que le canton régisse le site de manière à y proposer une exploitation restreinte, respectant la nature et le développement durable. Les Vert-e-s suggéraient la construction d'un petit village de vacances, d'une auberge de jeunesse ou l'installation d'un camping. Le taux de participation au scrutin a atteint 52,8%.
Les Schaffhousois doivent trancher sur la transparence dans le financement des campagnes électorales et de votations. Ils votent sur une initiative de mise en oeuvre d'un texte des Jeunes socialistes approuvé en 2020 et sur un contre-projet moins contraignant des autorités.
A Lucerne, les autorités veulent accélérer les procédures d'autorisation pour installer des éoliennes.