En voilà une qui fait une carrière éclair: fin juin, Mirjam Hostetmann a été élue présidente de la Jeunesse socialiste suisse. Un mois plus tard, la jeune femme de 24 ans fait déjà la une des journaux. Cette semaine, elle s'est retrouvée dans le top des articles de Bloomberg. Le principal média économique américain a publié un long article sur les conséquences de l'impôt sur les successions que les Jeunes socialistes veulent introduire en Suisse.
Mirjam Hostetmann peut remercier Peter Spuhler d'avoir permis que le projet fasse l'objet d'autant de discussions intenses: c'est en menaçant de manière spectaculaire de déménager que l'entrepreneur ferroviaire thurgovien a fait de l'initiative un sujet d'actualité. S'il n'avait pas crié aussi fort contre l'«initiative d'expropriation», le sujet n'aurait pas fait autant de bruit dans les médias – pas en Suisse et encore moins à l'étranger.
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Désormais, le mal est fait: «Même la Suisse discute d'impôts plus élevés pour les super-riches», titrait Bloomberg mercredi. Le débat, devenu international, fait son effet: de plus en plus de riches Suisses envisagent de partir à l'étranger. C'est ce que montrent les chiffres de Henley & Partners, une société de conseil active dans le monde entier qui conseille les familles fortunées sur les questions fiscales et en matière de Citizenship by Investment, le changement de pays des grands noms de l'économie.
Le nombre de demandes a augmenté de 26%
Selon Jacopo Zamboni, qui s'occupe des clients suisses chez Henley & Partners, les demandes de Suisses souhaitant quitter le pays augmentaient déjà avant la menace de Peter Spuhler. En 2023, la société de conseil a enregistré presque quatre fois plus de demandes qu'en 2020. «Cette année devrait être une nouvelle année record», affirme Jacopo Zamboni. Selon lui, le nombre de demandes a déjà augmenté de 26% au premier semestre 2024 par rapport à la même période de l'année précédente.
«L'initiative des Jeunes socialistes est sans aucun doute l'une des principales raisons de la récente augmentation de l'intérêt et des demandes», poursuit Jacopo Zamboni. Bien que le vote n'aura probablement lieu qu'en 2026, il a déjà un impact sur les clients aisés: Ils ont cherché «des résidences alternatives et des options de citoyenneté».
Beaucoup de bruit pour rien. Selon un sondage publié cette semaine, 73% des électeurs rejettent l'initiative. Mais «Perception is reality», dit un proverbe anglo-saxon – la perception est la réalité. Malgré tout, de grands chamboulements se font déjà sentir en Suisse. Que ce soit pour Peter Spuhler, pour les politiciens bourgeois ou encore les associations économiques. Ils craignent que la Suisse ne perde son statut de refuge pour les riches et les grands propriétaires. Après la chute du secret bancaire, c'est le paradis fiscal qui est menacé.
De nombreux Norvégiens très aisés ont afflué en Suisse ces dernières années, après que le gouvernement social-démocrate d'Oslo a pratiquement doublé l'impôt sur la fortune pour les plus hauts revenus. Aujourd'hui, beaucoup réfléchiraient à deux fois avant de déménager une nouvelle fois des collines d'Oslo à Lucerne ou Andermatt. «C'est une proposition très radicale et je suis convaincu qu'elle aura un impact négatif sur de nombreux entrepreneurs», a déclaré le Norvégien Tord Kolstad dans une interview. «Même si je suis très heureux en Suisse, je réfléchirais à deux fois à un déménagement si cela devait passer.»
La Suisse n'est pas toute seule
Il semble que des plaques tectoniques bougent dans le monde de l'économie. Et pas seulement en Suisse. Dans plusieurs pays européens, les gouvernements augmentent les impôts et suppriment les privilèges des riches étrangers. En Grande-Bretagne, le gouvernement travailliste du Premier ministre Keir Starmer prévoit d'abolir en grande partie le traitement fiscal préférentiel des riches étrangers. Il y a en outre une tentative d'augmenter les impôts sur les revenus du capital et les successions.
En France, l'opposition politique menace de renverser la fiscalité favorable aux entreprises de ces dernières décennies. L'alliance de gauche a promis de taxer davantage les milliardaires, ce qui lui a permis de remporter la plupart des sièges. «Depuis les élections en Grande-Bretagne et en France, nous enregistrons une nette augmentation des demandes en provenance de ces pays», explique-t-on chez Henley & Partners.
Les lieux de fuite les plus prisés
Les lieux de fuite existent toujours: selon l'entreprise de conseil, les Emirats arabes unis, c'est-à-dire Dubaï ou Abu Dhabi, ainsi que la Thaïlande, la Grèce et l'Italie font partie des lieux les plus demandés par les Suisses. Certes, le gouvernement italien a annoncé il y a quelques jours qu'il allait doubler l'impôt forfaitaire pour les nouveaux arrivants riches, le faisant passer de 100'000 à 200'000 euros. Mais la «Bella Italia» reste surtout attractive pour les retraités: tous les types de revenus sont imposés à un taux forfaitaire de 7%
Selon Henley & Partners, les riches ne changent jamais de pays uniquement à cause des impôts. Mais souvent, «une augmentation des impôts est la goutte d'eau qui fait déborder le vase».