La Russie a lancé une nouvelle offensive d'envergure sur l'Ukraine, confirmée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky vendredi après-midi. Le chef du Kremlin Vladimir Poutine aurait rassemblé jusqu'à 50'000 soldats, 400 chars et plus de 100 systèmes d'artillerie dans la zone frontalière au nord de la grande ville ukrainienne de Kharkiv.
Aux premières heures du matin, des troupes russes, couverts par des tirs, ont tenté d'envahir la petite ville de Vovtchansk, à la frontière russo-ukrainienne: «Les combats se poursuivent dans plusieurs secteurs de la frontière», a fait savoir le ministère ukrainien de la Défense. Les autorités ont appelé la population à quitter la région.
Mais en réalité, cette manoeuvre ne serait rien d'autre qu'une tentative de diversion: car selon plusieurs experts militaires, la Russie ne serait actuellement pas en mesure de s'emparer de Kharkiv, une métropole de 1,4 million d'habitants.
L'objectif de cette nouvelle offensive serait en réalité pour la Russie un moyen de contrôler une bande de terre d'une dizaine de kilomètres de large, le long de la frontière, pour ensuite permettre aux troupes russes d'intensifier les bombardements en direction de Kharkiv.
Que cherche la Russie avec cette nouvelle offensive?
Selon l'expert militaire ukrainien Yevhen Semekjin, l'objectif des Russes est clair: «Ils veulent attirer nos troupes du Donbass vers le nord et espère que nous retirions nos meilleurs combattants de Donetsk.»
Et la stratégie pourrait s'avérer payante pour les Russes, car l'Ukraine manque de réservistes qu'elle pourrait envoyer dans la région de Kharkiv. Depuis des mois, Volodymyr Zelensky se bat en effet pour renouveler ses troupes. Mais les hommes manquent. La Slovaquie a même annoncé cette semaine que le nombre de ressortissants ukrainiens en âge de se battre ayant trouvé refuge dans le pays avait doublé.
Par ailleurs, de nombreux comptes Telegram pro-russes diffusent des vidéos montrant des rangées de voitures sur la route, le long de la frontière ukraino-moldave, sans doute abandonnées par tous ceux qui ont fui l'ordre de marche à l'étranger.
Les pertes ukrainiennes continueront d'augmenter
La nouvelle offensive russe sur Vovtchansk, qui avait déjà été conquise par les troupes au début de la guerre avant d'être récupérée lors de la contre-offensive ukrainienne de l'automne 2022, arrive donc au pire moment pour l'Ukraine. En effet, les armes promises par les États-Unis ne sont pas encore arrivées sur le front et les avions de combat F-16, dont l'Ukraine aurait besoin pour repousser les bombardiers russes, seront livrés au plus tôt en été.
En attendant l'aide américaine, l'Ukraine dispose donc de peu de moyens face à la machine russe. Il faut désormais attendre les munitions promises par Washington pour voir si le rapport de force s'inverse et si l'offensive russe s'essouffle. Mais d'ici là, les pertes côté ukrainien continueront d'augmenter de manière significative.