La grande traque a commencé. Dans chaque pays membre de l’Union européenne, l’heure est à l’inventaire des capacités de défense antiaérienne. Combien de batteries de missiles disponibles dans les arsenaux, ou positionnés dans les bases de l’OTAN? Les missiles Patriot sont les plus recherchés. Il y a aussi le système franco-italien Mamba.
Mais au-delà des missiles, la même question se pose pour les canons antiaériens, et notamment les pièces d’artillerie très rapides comme le système Slinger américain, très performant contre les drones. A chacun de regarder et d’interroger son État-Major, pour répondre au plus vite aux demandes de l’Ukraine, dont le ciel est saturé par les frappes russes qui s’intensifient.
Une partie de l’Union européenne est désignée comme coupable de non-assistance à pays en danger: le flanc sud de l’UE – Espagne, Italie, Portugal, Grèce – est en effet soupçonné de ne pas donner assez de moyens à Kiev, alors qu’aucune menace aérienne directe ne pèse sur eux.
Le cas de la Grèce, en guerre froide permanente avec la Turquie voisine, est sans doute l’exception. Mais pourquoi l’Espagne, qui dispose de sept batteries actives de missiles Patriot, n’imite pas l’Allemagne qui vient de décider de donner un système supplémentaire à l’Ukraine. Le chancelier allemand Olaf Scholz, vivement critiqué pour son refus persistant de livrer les missiles Taurus à longue portée, a pris les devants en matière antiaérienne. Et il le fait savoir.
L’artillerie danoise
Cette traque aux missiles Patriot suit la décision du Danemark de donner la quasi-totalité de son artillerie à l’Ukraine. Elle est conforme aux souhaits du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg. «L’Ukraine ne peut tout simplement pas attendre, elle a besoin de systèmes de défense antiaérienne, de munitions et d’aide maintenant», a expliqué celui-ci en amont du sommet des 27, qui s’est achevé ce 18 avril à Bruxelles. «Je sais que certains pays alliés réfléchissent maintenant à ce qu’ils peuvent faire de plus, à la manière dont ils peuvent puiser encore dans leurs stocks pour fournir davantage de défense antiaérienne à l’Ukraine, car c’est urgent.»
L’Italie a immédiatement réagi. Sa Première ministre Giorgia Meloni a affirmé que son pays envisage de donner davantage de systèmes de défense antiaériens Spada et Skyguard en plus du SAMP-T/Mamba, dont la France a aussi livré plusieurs batteries.
Le «dôme de fer» israélien
Pour Volodymyr Zelensky, les Patriot sont plus que des outils indispensables pour protéger le ciel ukrainien. Ils sont la garantie que l’Ukraine n’est pas moins bien traitée qu’Israël, dont le «Dôme de fer» a été renforcé par les Occidentaux face aux frappes iraniennes. Le président ukrainien estime que 25 système Patriot de huit batteries chacun sont nécessaires.
Son pays dispose actuellement d’au moins trois systèmes Patriot, dont l’un est situé autour de la capitale Kiev. Avant cette nouvelle requête, l'Ukraine a déjà reçu des dons des États-Unis, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Au moins une batterie a été endommagée, mais on pense qu’elle a été rapidement réparée. Les Patriot sortent des usines des géants de l’armement américains Raytheon (pour les radars et les systèmes terrestres) et Lookheed Martin (pour les missiles et les intercepteurs).
«Nous savons que de nombreux pays sont assis sur de grandes piles de systèmes Patriot et ne veulent peut-être pas les livrer directement», a déploré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, donné favori pour succéder à Jens Stoltenberg à la tête de l’OTAN lors du prochain sommet de l’alliance en juillet à Washington.
Au total, 19 pays dans le monde utilisent des Patriot. En Europe, ceux-ci sont actifs en Allemagne, Grèce, Suède, Pologne, Roumanie, Pays-Bas et Espagne. La Suisse a décidé d’acquérir en 2022 et 2023 plusieurs systèmes Patriot. Ils seront progressivement livrés à partir de 2026.