Une large alliance réclame une «Lex Temu»
Vent debout contre les boutiques en ligne aux pratiques douteuses

Une large alliance veut que les plateformes commerciales comme Temu soient tenues de respecter les lois suisses. Tous les partis politiques font cause commune.
Publié: 19.12.2024 à 19:23 heures
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Aujourd'hui, les commerçants en ligne comme Temu ne sont pas tenus de respecter les normes de sécurité suisses pour les produits.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Céline Zahno

Temu, Shein et Aliexpress. Ce sont des noms bien connus de boutiques en ligne étrangères qui inondent le marché suisse avec leurs produits bon marché. Malgré une réputation douteuse, ces firmes ont connu une ascension fulgurante: l'année dernière, la plateforme Temu a fait son entrée parmi les dix boutiques en ligne réalisant les plus gros chiffres d'affaires en Suisse. Shein a également multiplié ses bénéfices par plus de trois.

Et ces boutiques ont un avantage indéniable par rapport aux commerçants helvétiques: en matière de sécurité des produits ou de mesures de protection de l'environnement, elles n'ont pas à se conformer aux lois locales.

Les politiques veulent des règles plus strictes

Des parlementaires de tous les bords veulent maintenant mettre ces plateformes commerciales à bas prix au pas. L'UDC, le PS, le PLR, les Vert-e-s et le Centre font cause commune et déposent des propositions similaires. Concrètement, l'alliance demande que les plateformes étrangères ne puissent vendre en Suisse que des articles qui respectent la réglementation locale en matière de sécurité des produits.

A l'origine de cette alliance et de cette offensive lancée en juin, on retrouve la conseillère nationale vaudoise Sophie Michaud Gigon et secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC) qui a œuvré en collaboration avec Swiss Retail Federation, l'association des moyennes et grandes entreprises du commerce suisse de détail.

Temu, en particulier, est aujourd'hui bien implanté, explique la conseillère nationale UDC Diana Gutjahr (40 ans). «Lorsque l'on cherche des cadeaux de Noël ou des calendriers de l'Avent sur Internet, par exemple, on ne peut guère éviter les offres de Temu». Une situation qui l'inquiète l'élue, car ces articles ne sont souvent pas conformes aux prescriptions de sécurité suisses. «C'est justement pour les enfants qui mettent des objets à la bouche que cela représente un risque».

L'application d'une telle loi sera difficile

Une récente enquête de l'Association suisse des jouets a montré que 15 des 18 jouets commandés sur Temu et Shein ne respectent pas la réglementation en vigueur dans notre paye. Pour Diana Gutjahr, il faut mettre tous les acteurs du marché sur un pied d'égalité. En matière de sécurité, les règles du jeu doivent être les mêmes pour tout le monde, estime-t-elle.

Le conseiller national du Centre Andreas Meier (62 ans) partage cet avis, même s'il sait que l'application d'une telle réglementation sera difficile, les contrôles aléatoires ne permettant pas de déceler toutes les infractions. Mais ce n'est pas parce qu'il «y a aussi des voitures qui roulent trop vite sur l'autoroute» qu'il faut supprimer la limitation de vitesse, image-t-il.

Le commerce de détail fait pression depuis longtemps

La problématique n'est pas nouvelle. Les associations économiques font pression depuis longtemps sur Temu & Co. En mai dernier, l'association professionnelle Swiss Retail Federation a déposé une plainte contre Temu auprès du Secrétariat d'État à l'économie (Seco), reprochant à l'enseigne une publicité mensongère et des pratiques commerciales déloyales.

Et en novembre, des associations économiques et de consommateurs se sont réunies et ont rédigé une lettre à l'attention du Conseil fédéral. Ces dernières ont demandé au gouvernement de mettre officiellement en demeure ces boutiques en ligne étrangères. 

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