Une injustice selon la famille de la victime
Le policier qui avait tué un Congolais à Bex en 2016 a été acquitté

Le Tribunal cantonal a confirmé jeudi l'acquittement du policier qui avait abattu Hervé, un jeune Congolais armé d'un couteau, lors d'une intervention à Bex (VD) en 2016. La Cour d'appel pénale a aussi estimé que l'agent avait agi en état de légitime défense.
Publié: 19.08.2021 à 17:51 heures
Dans le drame de Bex (VD), la Cour d'appel pénal du Tribunal cantonal a donné raison aux juges de première instance. Le policier est à nouveau acquitté (archives).
Photo: Christian Merz

Le président du tribunal Marc Pellet a rejeté l'appel, arguant que la réaction du policier avait «respecté le principe de proportionnalité» au vu de la «menace grave et très concrète» ainsi que de la «proximité immédiate» entre Hervé et le policier. Les juges de première instance ont correctement appliqué la loi, a-t-il affirmé jeudi après-midi lors de la lecture du jugement.

Le policier, alors caporal, a subi «une attaque illicite et actuelle susceptible d'attenter à son intégrité physique ou à sa vie», a-t-il poursuivi. Rien ne permet de relativiser la dangerosité de l'attaque, selon lui. Le meurtre ne peut donc pas être retenu.

Les plaignants feront appel

A la sortie du tribunal, l'avocat de la partie plaignante, Ludovic Tirelli, a aussitôt annoncé qu'il recourra auprès du Tribunal fédéral (TF). L'enquête doit aller jusqu'au bout avec un tribunal qui se déplace sur les lieux du drame pour procéder à une inspection locale et une reconstitution des faits sur place, a-t-il dit en substance. Du côté de la défense, l'avocate Odile Pelet s'est dite «contente et soulagée» de la confirmation en appel pour son client.

En première instance le 31 mars dernier, la Cour criminelle du Tribunal d'arrondissement de l'Est vaudois avait suivi le réquisitoire du Ministère public, qui avait demandé lors du procès l'abandon des charges et donc l'acquittement. En Suisse, le meurtre est un chef d'accusation passible de cinq ans de prison au moins.

«J'ai le sentiment que la justice n'a pas fait son travail»

Jeudi matin, l'avocat de la famille d'Hervé s'était vu refuser une reconstitution des faits sur place, dans la cage d'escalier de l'immeuble où a eu lieu le drame, des auditions de témoins supplémentaires et des compléments d'expertises.

«J'ai le sentiment que la justice n'a pas fait son travail jusqu'au bout pour établir la vérité des faits», a-t-il affirmé. «Le procès a été balayé en un jour et demi, or il fallait au moins se rendre sur place pour établir les faits».

Pour rappel, les faits remontent au dimanche soir 6 novembre 2016. Une patrouille de police avait été alertée en raison d'un grabuge dans un immeuble de Bex. Sur place, Hervé, père de famille de 27 ans, avait défoncé une porte et réveillé un voisin, faisant mine de l'égorger avec un couteau à pain avant de le laisser tranquille.

Arrivés sur place, cinq policiers avaient essayé de calmer Hervé, drogué et dans un état second, avant que celui-ci s'en prenne à un des agents en lui courant après avec le couteau à la main. Puis il s'était dirigé vers le caporal, aujourd'hui âgé de 52 ans, le menaçant avec le couteau. Le policier avait dégaîné et tiré trois coups de feu, atteignant la victime à la cuisse et au thorax.

(ATS)

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