Se réfugier en Suisse sans obtenir l'asile, commencer à dealer ou à voler, et finir en prison: voilà le rêve déchu des nombreux jeunes en arrivant dans notre pays. Pourtant, cette vie-là est déjà meilleure que leur ancien quotidien.
Dans leur pays d'origine, ils n'ont aucune perspective: autant rejoindre les «belles cellules» de la Suisse. «Vos prisons sont tellement luxueuses», s'exclamait Wajdi, 17 ans, lors du reportage de Blick à la rencontre de jeunes Tunisiens. «Ce sont des déclarations choquantes», estime Livia Schmid, responsable du service de consultation sur la privation de liberté de l'association humanrights.ch. «Cela montre quand même à quel point la situation des gens là-bas doit être pénible.»
«On nous signale plutôt des expériences de racisme»
Le service spécialisé de humanrights.ch gère une hotline pour les détenus et leurs proches. «Personne ne nous a encore jamais parlé de cellules de luxe, déclare la spécialiste. Au contraire: on nous signale plutôt des expériences de racisme ou même des violations systémiques des droits fondamentaux.»
En principe, l'aménagement d'une cellule ne joue qu'un rôle secondaire. C'est la privation de liberté en tant que telle qui est contraignante. «Une privation de liberté serait grave même dans un hôtel 5 étoiles, explique Livia Schmid. En détention, on vous dicte quoi faire: quand on se lève, quand on mange, où on va au travail, quand on se lave. On contrôle avec qui on téléphone, qui échange des lettres, qui vient nous rendre visite. On peut comprendre ce que ça signifie que lorsqu'on l'a vécu.»
Chambre individuelle, air frais et aumônerie obligatoire
Au niveau fédéral, aucune norme légale n'est fixée en Suisse pour la détention. Ce sont les cantons qui déterminent les conditions. L'exécution des peines est toutefois régie par des règles internationales telles que les Règles pénitentiaires européennes ou les Règles Nelson Mandela.
Ces dernières interdisent d'accroître la souffrance des détenus en raison de la privation de liberté, par exemple en créant de mauvaises conditions de détention. Les normes minimales pour l'hébergement sont notamment des fenêtres suffisamment grandes, un accès permanent aux toilettes, de l'air frais, des chambres individuelles pour dormir ou des dortoirs uniquement dans des conditions strictes. Les détenus doivent avoir la possibilité de travailler, de se former, de faire du sport et de parler à un aumônier.
Des «prisons de bien-être» dans d'autres pays?
Ces principes internationaux sont valables dans la plupart des autres pays européens. Rien d'étonnant donc à ce que des termes tels que «prison design», «hôtel de prison» ou «prison bien-être» soient également utilisés dans le débat en Allemagne et en Autriche. Les prisons ne devraient-elles pas avoir un effet plus dissuasif? Livia Schmid n'en est pas certaine: «Il n'y a pas de recherche qui prouve que cela permet de prévenir la criminalité.»