Une décision controversée
Pas besoin de l'aval du Parlement sur l'initiative de défense aérienne Sky Shield

Le Conseil fédéral a mis le Parlement devant le fait accompli. La Suisse participera au système de défense aérienne européen Sky Shield. Rétrospectivement, le Conseil national a rejeté la demande visant à ce que le Parlement ait son mot à dire. Controverse.
Publié: 12.12.2024 à 14:15 heures
La Suisse souhaite participer au système de défense aérienne européen Sky Shield, mais ce projet est controversé au Parlement.
Photo: IMAGO/U.S. Army / Avalon
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ATS Agence télégraphique suisse

Le Parlement n'a pas à se prononcer sur l'adhésion de la Suisse à l'initiative European Sky Shield. Le National a rejeté jeudi, par 101 voix contre 81, une motion de commission en ce sens. Le Conseil fédéral était aussi contre.

L'initiative European Sky Shield (ESSI) a été lancée par l'Allemagne en août 2022 peu après le début de la guerre en Ukraine. Elle a pour objectif de mieux coordonner et de regrouper les projets d'acquisition de matériel de défense aérienne en Europe, afin d'obtenir des économies d'échelle, d'améliorer l'interopérabilité des systèmes et de renforcer les coopérations.

Rapprochement avec l'OTAN

La question de la neutralité suisse et d'un rapprochement avec l'OTAN ont été au centre des débats. Il s'agit d'allier les forces au sein de l'Europe, pour avoir une certaine indépendance par rapport à l'OTAN, a estimé Nicole Barandun (Centre/ZH). Et de plaider pour une meilleure coopération internationale en matière de défense au vu des fortes tensions géopolitiques actuelles.

Cette adhésion n'a pas de caractère contraignant, il n'y a donc pas besoin d'un veto du Parlement, a ajouté la présidente de la Confédération Viola Amherd. Elle a demandé de respecter la répartition des compétences.

Et la neutralité?

La ministre de la Défense a encore rassuré sur le respect du droit de la neutralité, des réserves ayant été fixées en la matière, notamment en vue d'exclure toute collaboration à des conflits militaires internationaux. «A chaque discussion, les autres pays ont reconnu notre neutralité.»

La Valaisanne a encore précisé que la Suisse pourra décider de manière indépendante dans quelle mesure elle participera à l'ESSI. Et Nicole Barandun de compléter: «La Suisse peut quitter l'Initiative quand elle le souhaite.»

Question de transparence

Pour la commission, Jean-Luc Addor (UDC/VS) a lui parlé d'une «stratégie d'adhésion rampante» à cette organisation, accusant le gouvernement d'avoir fait «passer en catimini» cette adhésion. La co-rapportrice Marionna Schlatter (Vert-e-s/ZH) a fait valoir le «malaise» de la commission, «qui a peu apprécié de ne pas être impliquée dans une décision aussi importante».

Viola Amherd a rejeté les accusations concernant un manque de transparence. «Les commissions de politique extérieure et de la politique de sécurité des deux Chambres ont été consultées et ont approuvé l'adhésion», a-t-elle rappelé. Seulement l'UDC et les Vert-e-s ne l'ont pas écoutée.

Le chef d'armasuisse, Urs Loher, a signé en octobre dernier le protocole d'accord et la déclaration d'adhésion unilatérale de la Suisse à l'ESSI. La ministre de la défense Viola Amherd avait déjà signé en été 2023 une déclaration d'intention en faveur d'une adhésion avec l'Allemagne et l'Autriche. Le Conseil fédéral avait annoncé sa décision définitive en avril dernier.

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