La Confédération est confrontée à de graves difficultés financières. Pour augmenter le budget de l'armée, le Parlement a décidé cette semaine de réduire l’aide au développement. Mais d'autres mesures d’économies et des augmentations d’impôts sont également envisagées. De son côté, la conseillère nationale du Parti socialiste (PS) Andrea Zryd pense avoir trouvé un moyen simple de combler ces déficits de plusieurs milliards et ce, sans augmenter les impôts: abolir le secret bancaire au niveau national.
La socialiste bernoise en est convaincue: un échange automatique d'informations sur les comptes financiers nationaux mettrait en lumière des milliards d'argent sale. «L'argent est sous notre nez, il suffit de le saisir!» Mais le Conseil national ne veut pas en entendre parler: il a rejeté mercredi l'initiative parlementaire d'Andrea Zryd. Pour cette dernière, il est donc clair que «l'abolition du secret bancaire doit être soumise au peuple», affirme-t-elle désormais à Blick.
Le Parti socialiste y est ouvert
Andrea Zryd souhaite qu'une initiative soit lancée le plus rapidement possible. «Le moment est bien choisi, les gens qui travaillent dur en ont assez de devoir passer toujours plus à la caisse, alors que certains continuent de cacher leur argent au fisc.» La socialiste est certaine que sa requête aurait de bien meilleures chances devant le peuple qu'au Parlement.
Le coprésident du PS Cédric Wermuth ne se montre pas hostile à une initiative visant à abolir le secret bancaire en Suisse. La question «mérite d'être examinée», dit-il. «Lorsque je suis entré en politique, une telle demande aurait été considérée comme une trahison. Aujourd'hui, je partage l'avis qu'elle pourrait être gagnée devant le peuple.»
Selon lui, il n'est pas impératif que le PS prenne le lead sur ce sujet, car les socialistes seront déjà fortement sollicités l'année prochaine avec des initiatives pour des loyers équitables et pour le financement des primes.
Plus de 400 milliards de francs dissimulés?
Avec le secret bancaire, Andrea Zryd a remis sur le tapis un sujet autour duquel le calme était revenu depuis 2017. A l'époque, le secret bancaire avait été supprimé vis-à-vis de l'étranger. La Suisse pratique désormais l'échange automatique d'informations avec 111 pays.
L'abolition du secret bancaire à l'étranger a également eu des effets étonnants parmi les fraudeurs fiscaux suisses. Peu avant 2017, les dénonciations spontanées ont explosé en Suisse. Les fraudeurs fiscaux sont devenus nerveux, car l'échange d'informations risquait de faire apparaître l'argent non déclaré sur des comptes étrangers. Selon une étude de l'EPF de 2023, plus de 100'000 Suisses ont révélé de l'argent sale pour un montant de 35 milliards de francs rien que pour cette raison.
Il n'existe aucune base de données sur le montant de l'argent sale que les Suisses pourraient cacher dans leur pays. Mais Andrea Zryd l'affirme: «Rien n'indique que les Suisses se comportent différemment en matière d'argent sale à l'intérieur du pays qu'à l'étranger». Sur ce sujet, elle reçoit le soutien du professeur d'économie lausannois Marius Brülhart. Il a extrapolé à l'ensemble de la Suisse des chiffres tirés d'une étude sur le canton de Lucerne. Le professeur arrive à la conclusion qu'il faut partir du principe qu'il y a au moins 425 milliards de francs de fortune non déclarée dans toute la Suisse.
Pour la gauche, il est clair que le secret bancaire permet aux fraudeurs fiscaux de dissimuler facilement leur argent. Les partisans bourgeois du secret bancaire au Conseil national argumentent au contraire en faveur de la sphère privée et de la menace d'une bureaucratie supplémentaire pour les autorités et les établissements financiers.