La crise immobilière chinoise s’étend, et l’économie mondiale s’en trouve aussi ébranlée. Evergrande est actuellement menacé de liquidation après qu’un créancier a déposé une demande de mise en faillite à Hong Kong. Le deuxième plus grand groupe immobilier au monde est en crise depuis près d’un an. Et si l’effondrement avait pu être évité jusqu’à présent, Evergrande contamine désormais d’autres grands noms de la branche: le secteur immobilier chinois s'écroule.
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Ainsi, le promoteur immobilier Shimao ne peut plus payer les intérêts de ses crédits. L’entreprise de Shanghaï a fait savoir en début de semaine qu’elle ne pourrait pas honorer les paiements de son crédit d’un montant d’un milliard de dollars américains: le délai a expiré dimanche. Le promoteur rejoint ainsi la liste des groupes immobiliers chinois qui sont en retard de paiement: en plus d’Evergrande, Kaisa et Sunac China sont également concernés.
Il s’agit toutefois du plus grand défaut de paiement dans le secteur cette année. Il serait dû à «des changements significatifs dans le secteur immobilier en Chine depuis le deuxième semestre 2021» et aux «conséquences du Covid-19», selon Shimao. «Cet acteur majeur de l’immobilier en Chine est également actif dans le secteur de la copropriété, entre autres de bureaux. C’est justement là que la demande s’est effondrée», précise Ursina Kubli, experte immobilière en chef à la Banque cantonale de Zurich.
Des conséquences pour la Suisse?
«Les informations sur Evergrande et maintenant sur Shimao provoquent une certaine nervosité, poursuit la spécialiste. Pas seulement en Chine, mais aussi dans d’autres pays.» L'effondrement du secteur immobilier chinois influencera-t-il la Suisse? «Les gens lisent des articles sur le risque de bulle et les marchés immobiliers surévalués, souligne Ursina Kubli. Et cela déclenche forcément quelque chose au niveau émotionnel: des craintes apparaissent.»
Mais les propriétaires d’immeubles en Suisse ne devraient toutefois pas avoir peur, avance l’experte: «En Chine, l’Etat a les mains dans le cambouis avec des mesures d’encouragement.» Ce qui n’est pas le cas ici, où «le marché libre fonctionne très bien», affirme-t-elle. Le marché immobilier suisse aurait par exemple bien réagi aux taux de vacance élevés de ces dernières années: les demandes de permis de construire ont diminué de 30%.
De plus, en Chine, «il faut composer avec la problématique du zéro Covid, ajoute Ursina Kubli. Cette politique rend l’activité de construction extrêmement difficile. La demande s’est également effondrée parce que les gens ont peur que les biens immobiliers ne soient pas achevés.» Or, nous n’aurions pas à nous inquiéter de tels arrêts dans les constructions en Suisse, rassure la spécialiste.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)