«C’est le totalitarisme libéral, ou le fascisme libéral. C'est le totalitarisme occidental», tonnait Daria Douguine dans une interview. La fille de celui qui était considéré par les Etats-Unis comme le «cerveau» ou l’inspirateur du président Vladimir Poutine, tuée dans une explosion samedi dernier, n’était pas une fan de l’Occident. La jeune russe qualifiait la guerre en Ukraine de «choc des cultures» et aurait désigné les Ukrainiens comme des «non-humains».
Blick fait le portrait de cette journaliste pro-russe de 29 ans, accusée à de nombreuses reprises de propagande par l'Occident et adulée par ses compatriotes.
Elle figurait sur des listes de sanctions
Les Etats-Unis lui avaient imposé des sanctions en mars dernier. Elle aurait été la rédactrice en chef d’un site web de désinformation anglophone. Ce média appartient à Evgueni Prigoschin, l’oligarque russe connu sous le nom de «cuisinier de Poutine», et qui serait serait, selon les Américains, le chef de la fameuse troupe de mercenaires Wagner engagée en Ukraine.
En juillet, le gouvernement britannique avait lui aussi sanctionné la fille d’Alexandre Douguine. En cause: elle aurait diffusé, sur différentes plateformes en ligne, «fréquemment et dans une large mesure, des désinformations sur l’Ukraine et l’invasion russe en Ukraine», indiquent les autorités du pays.
Quelques jours avant sa mort, elle aurait notamment nié le massacre de Boutcha, qualifiant le massacre de ce printemps de «mise en scène». Un livre intitulé «Kniga Z» (Livre Z), dont elle est co-autrice, sera publié prochainement, comme le rapporte le «New York Times». Pour rappel, le «Z» est le signe distinctif apposé sur les chars russes, et également désigné comme la croix gammée de Poutine.
Les partisans de Poutine jurent de se venger
Mais de l'autre côté, en Russie, la mort de Daria Douguine suscite l’horreur absolue. «Cela s’est passé dans la capitale de notre patrie», écrit le présentateur de télévision Tigran Keosayan, favorable au Kremlin. Et l'attentat ne manque pas d'attiser la haine de l’Occident. Faisant allusion au siège du président ukrainien, le présentateur s’est ainsi empressé d’ajouter: «Je ne comprends pas pourquoi il y a encore des bâtiments dans la rue Bankova à Kiev.»
Daria Douguine était une «vraie patriote», se désole quant à lui Leonid Sloutski, éminent spécialiste des affaires étrangères et négociateur russe dans le conflit avec l’Ukraine, sur le canal de messagerie Telegram. «Le meurtre barbare de Daria n'est rien de moins qu'une attaque terroriste contre l’idéologie et ce qui unit le monde russe.» Les coupables doivent être punis avec toute la rigueur de la loi, tonne-t-il.
Le jour de l’attentat, la journaliste russe s’était rendue avec son père à Tradition, un festival nationaliste situé à l’extérieur de Moscou. Akim Apachev, un musicien russe, y a pris la dernière photo d’eux ensemble. Il l’a postée sur les réseaux sociaux. «L’ennemi est à nos portes, légende le musicien. Repose en paix, Daria. Tu seras vengée.»
Daria Douguine a été assassinée samedi soir dans une banlieue de Moscou. Sa voiture a explosé peu après qu’elle y soit montée. Son chauffeur a lui aussi perdu la vie. On suppose que l’attentat visait son père, qui s'était mis en retrait pour une courte durée, et qu’il a été perpétré par la résistance russe.
La Russie, quant à elle, tient l’Ukraine pour responsable. «Ce crime a été préparé et commis par les services secrets ukrainiens», a asséné lundi le FSB, le service de renseignement intérieur russe, cité par l’agence Interfax. De son côté, Kiev a nié une quelconque implication avec l’assassinat de Daria Douguine.