Selon une chaîne d’opposition russe gérée en Ukraine, une organisation clandestine russe serait derrière la tentative d’assassinat de la journaliste et partisane de l’invasion de l’Ukraine, Daria Douguine. Ilia Ponomarev, cofondateur de la chaîne, a lu dimanche soir un prétendu manifeste de l'Armée républicaine nationale (NRA), bataillon jusqu'alors inconnu, dans lequel Daria Douguine est désignée comme une cible légitime dans la lutte contre le président russe Vladimir Poutine.
Ilia Ponomarev est un ancien membre de la Douma russe. Il était à l’époque le seul membre à avoir voté contre l’annexion de la Crimée. Après un séjour aux États-Unis, il n’est pas retourné dans son pays d’origine par crainte de la répression, et s’est installé en Ukraine.
L’attaque visait-elle le père?
Daria Douguine était la fille de l’influent philosophe et politologue russe Alexandre Douguine. Ce nationaliste est régulièrement décrit par les médias et les auteurs comme l’inspirateur – ou le «cerveau» – de Vladimir Poutine, ainsi que comme celui qui a instigué certaines idées politiques, notamment celle de l’attaque contre l’Ukraine.
Daria Douguine a perdu la vie samedi soir dans une banlieue de Moscou lorsqu’une bombe fixée à la voiture qu’elle conduisait, apparemment celle de son père, a explosé. Selon un rapport de l’agence de presse russe Interfax, Alexandre Douguine et sa fille avaient assisté ensemble samedi au festival patriotique Tradition. «Il était prévu que le père et la fille quittent le festival ensemble», précise Interfax. L’attentat visait-il en fait son père? Daria Douguine est montée dans le véhicule sans lui. La jeune femme de 29 ans et son chauffeur ont perdu la vie.
Des cibles liées au Kremlin
«Hier soir, un événement lourd de conséquences s’est produit près de Moscou. Cet attentat ouvre une nouvelle page pour la résistance russe au poutinisme. Une nouvelle – mais pas la dernière, a déclaré Ilia Ponomarev à propos de l’attentat. Cette action, comme beaucoup d’autres actions partisanes menées ces derniers mois sur le territoire russe, a été perpétrée par l’Armée républicaine nationale.»
Le groupe est prêt à commettre d’autres attaques similaires contre des cibles de haut niveau liées au Kremlin, a déclaré Ilia Ponomarev. Par exemple contre des fonctionnaires, des oligarques et des collaborateurs des services de sécurité russes. «Pauvreté et cercueils pour les uns, palais pour les autres. C’est l’essence même de la politique de Poutine», a lu Ilia Ponomarev dans le prétendu manifeste de la NRA.
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Kiev rejette toute participation
«Poutine est un criminel de guerre qui a déclenché une guerre fratricide entre les peuples slaves et envoyé des soldats russes vers une mort certaine et insensée, a poursuivi Ilia Ponomarev en lisant le document. Nous pensons que les personnes privées de leurs droits ont le droit de se rebeller contre les tyrans. Poutine sera renversé et détruit par nous!»
Au journal britannique «The Guardian», Ilia Ponomarev confirme les déclarations qu’il a faites à la télévision. Ses affirmations ainsi que l’authenticité du manifeste de la NRA ne peuvent pas être vérifiées pour le moment. On ne sait pas si la NRA existe vraiment.
Pourtant, selon un communiqué du services de sécurité russes (FSB) cité par les agences russes, le meurtre «a été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens». Selon eux, une agent et sa fille seraient arrivées en Russie fin juillet et auraient loué un appartement à Moscou dans l'immeuble où vivait Daria Douguine. Elles auraient alors suivi leur victime dans une Mini Cooper avec de fausses plaques d'immatriculation.
Le jour de l'attentat, l'agent et sa fille auraient assisté au festival. Après l'explosion de la bombe, la mère et la fille auraient pris la fuite via l'Estonie, toujours selon le FSB. Kiev rejette catégoriquement ces accusations.
(ATS/Adaptation par Lliana Doudot)