Il suffit d'un petit tweet écrit à chaud pour déclencher une polémique, de nos jours. D'autant plus quand il s'agit de sujets qui chauffent l'atmosphère à blanc, à l'image des questions climatiques. Une leçon que le président du Conseil communal de Lausanne, Matthieu Carrel, a appris à ses dépens, le vendredi 7 juillet.
En effet, l'élu local PLR, également candidat au Conseil national, s'est fendu d'une réaction qui n'est pas passée inaperçue, en réponse à une brève météo publiée par RTSinfo le même jour. Contexte: le service public alertait — comme à son habitude — de la canicule à venir sur Twitter. «La Confédération met en garde contre une vague de chaleur. À partir de samedi midi dans le nord-ouest de la Suisse et dimanche midi dans les autres régions, le niveau de danger de canicule est de trois sur quatre en plaine.»
Matthieu Carrel a alors sauté sur l'occasion pour rappeler la RTS à l'ordre (tweet ci-dessous). «Ce tweet halluciné de la rts pour une alerte météo prouve une fois de plus que l'écoanxiété est surtout construite par le goût immodéré des médias pour le traitement anxiogène de l'actualité», a-t-il écrit sous le poste météorologique.
Le commentaire n'a pas tardé à devenir viral, comptabilisant plus de 20'000 vues et suscitant quelques réactions outrées. On traite le premier citoyen de la capitale vaudoise de «climatosceptique». On appelle carrément les libéraux-radicaux à «fusionner» avec l'UDC, tellement leurs positions sur le climat seraient proches. À noter que depuis, le tweet polémique, ainsi que le compte Twitter de Matthieu Carrel, ont été rendus privés.
Le PLR se rapproche de l'UDC?
Parmi ceux que l'élu PLR a choqués, on compte le conseiller communal (législatif) lausannois Vert Ilias Panchard. Celui qui est en outre coprésident du parti en Ville et candidat au Conseil national, n'a pas manqué d'épingler son homologue de droite, toujours sur le réseau social à l'oiseau bleu (tweet ci-dessus). Pour l'écologiste, la réaction de l'élu libéral-radical «prouve une fois de plus que la droite, le PLR en tête, est en pleine dérive à la remorque de son allié l'UDC climatosceptique». Aouch.
Contacté à la suite de cette prise de position, Ilias Panchard nuance un peu: «Je n'accuse pas directement Matthieu Carrel de climatoscepticisme, contrairement à certains internautes, glisse-t-il au bout du fil. Ce qui me dérange, surtout, c'est qu'il n'incarne pas vraiment la retenue qu'on pourrait attendre du premier citoyen d'une ville comme Lausanne. Dans tous les cas, ce n'est pas le genre de réactions que j'attends de la part de l'actuel président du Conseil communal.»
Outre le non-respect d'un certain devoir de réserve, le Vert s'inquiète aussi de ce qu'il voit comme étant une liaison dangereuse en devenir: «Aujourd'hui, dans la majorité des cantons, le PLR et l'UDC sont des alliés. Et il n'y a qu'à voir les soutiens du tweet problématique de Matthieu Carrel: il n'y a que des trolls, ou des personnes d'extrême droite qui le plébiscitent. Donc je pense qu'il y a une visée électorale, dans ce genre de messages. Je n'ai jamais entendu l'homme tenir des discours climatosceptiques lui-même: mais ce genre de commentaires cultivent le discours climatosceptique sur internet, en revanche, oui.»
Il s'en mord les doigts
Aussi confronté à ce shitstorm par Blick, Matthieu Carrel confesse que, si c'était à refaire, non, il ne le reposterait pas forcément, ce tweet. Cependant, il assume: «Je maintiens que j'ai trouvé que ce message de la RTS n'avait pas vraiment de valeur ajoutée, à part être anxiogène.»
N'est-il pas normal — et même nécessaire — que le service public relaie les alertes météorologiques? «Oui, naturellement. Mais je trouve tout de même que le traitement médiatique des actualités météo est devenu plus anxiogène qu'auparavant.»
Quoi qu'il en soit, le libéral-radical se défend de tout climatoscepticisme: «Le réchauffement climatique est un phénomène attesté par la science, que je ne remets pas du tout en question. Je soutiens par ailleurs les mesures de lutte contre ce dernier. Je pense simplement que la façon de communiquer là-dessus n'est pas toujours optimale — tout comme ma façon de communiquer ne l'a pas été, à l'occasion de ce tweet.»