Le brusque retour du froid à partir de la seconde quinzaine d'avril a inquiété bon nombre de vignerons et agriculteurs, compte tenu d'une floraison qui avait deux à trois semaines d'avance. Deux semaines après ces températures glaciales, les dégâts se révèlent très localisés, selon un premier bilan de professionnels du terroir interrogés par Keystone-ATS.
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À Vaud, «certaines parcelles ont été touchées à 100%»
Dans le canton de Vaud, l'épisode de gel d'il y a deux semaines a majoritairement touché les vignes du Chablais où certaines parcelles ont été touchées à 100%. «Peut-être un tiers du Chablais a été touché à 100%», selon François Montet, président de la Fédération vigneronne vaudois.
Il y aura cependant une récolte, rassure-t-il. Les branches débourrées ont gelé, mais la vigne va repartir sur les bourgeons secondaires ou latents, en général peu ou pas porteurs de fruits», explique-t-il. Sur les deux tiers du vignoble restant, quelque deux tiers n'ont subi aucun dégât, tandis qu'un tiers a subi des dégâts partiels, précise-t-il.
Yvorne, Aigle, Ollon et Bex comptent parmi les lieux de production touchés, tandis que Villeneuve a été épargné. Dans le reste du canton, quelques parcelles ont été «bien touchées», tandis que quelques autres ont subi des «dégâts partiels».
«Avec le recul, cela ne va pas impacter le volume de la récolte», estime-t-il. L'épisode de gel «ne prétéritera en rien sa qualité». Certains vignerons ont cependant eu la malchance d'avoir quasiment l'entier de leurs vignes dans des zones gelées.
À Genève, les dégâts restent difficiles à évaluer
A Genève, le gel a touché quasiment toutes les parcelles de vignes du canton. La localisation des parcelles et la topographie ont joué un rôle sur l'importance des dégâts, qui reste à ce stade difficile à évaluer, selon Ellinor Sekund, conseillère viticole à AgriGenève. Les zones en bas de coteau ont ainsi été particulièrement touchées.
La spécialiste s'attend à des conséquences sur la récolte et sur le millésime 2024. Genève est le troisième canton viticole de Suisse avec 1355 hectares de vignes. Près de 85% des exploitations assurées ont déclaré un sinistre à l'assurance proposée par Suisse Grêle. L'Interpofession du vignoble et des vins de Genève a aussi sollicité l'aide du canton.
Dans le canton de Neuchâtel, seuls les vignerons de St-Blaise ont été touchés. Un encaveur a perdu 97% de sa récolte sur cette commune, mais heureusement il possède des vignes ailleurs. «Environ une dizaine d'hectares de vignes, sur 600 dans le canton, ont été concernés par le gel», a déclaré Yann Huguelit, directeur de la Chambre neuchâteloise d'agriculture et de viticulture.
Au niveau agricole, seulement quelques hectares ont été touchés par le gel. Un cultivateur de fraises en auto-cueillette à Wavre en a été victime. «Nos fraises avaient deux à trois semaines d'avance mais le gel est venu gâcher la fête. Nous avons subi des pertes de fraises et de temps», a-t-il annoncé sur Facebook.
Dans le Jura, «certains vergers ont souffert et d'autres pas du tout»
Dans le canton du Jura, la Fondation rurale interjurassienne (FRI) à Courtemelon ne disposait pas encore d'une vue d'ensemble pour mesurer les dégâts dus au gel sur les arbres fruitiers. «Certains vergers ont souffert et d'autres pas du tout», souligne Victor Egger. Ce spécialiste du domaine production végétale de la FRI constate que les températures sous zéro ont été très localisées.
Les vignerons du lac de Bienne ont été globalement épargnés par le gel même si des dégâts ont été constatés sur certains coteaux. Le climat tempéré du lac et la couverture nuageuse lors des nuits a protégé les vignes, explique Hannes Louis, vigneron à Chavannes (Schafis).
En Valais, le gel d'avril «devrait avoir un impact marginal sur le volume de la vendange 2024», a indiqué la semaine dernière le canton. Mais certaines parcelles ont localement subi des dégâts importants notamment dans les zones connues pour être sensibles au gel. La lutte par aspersion ou à l’aide de bougies a permis de limiter la casse. Du côté des fruits et légumes, «aucun dégât significatif n'est signalé».
(ATS)