Genève détient le record du nombre de femmes
«Les femmes peuvent s'émanciper et s'épanouir en viticulture»

Dans environ 25% des exploitations viticoles du canton de Genève, ce sont des femmes qui commandent. C'est un record, comparé au reste de la Suisse. Blick est allé à la rencontre de trois d'entre elles et leur a demandé quelles perspectives ce métier offrait aux femmes.
Publié: 09.03.2024 à 10:03 heures
|
Dernière mise à jour: 09.03.2024 à 11:23 heures
1/5
Émilienne Hutin Zumbach dirige l'entreprise familiale à Dardagny depuis 2008.
Photo: Richard Martinez
RMS_Portrait_707.JPG
Ursula Geiger

Émilienne Hutin Zumbach, Céline Dugerdil et Camille Cretegny ont appris le métier sur le tas dans l'exploitation familiale tout en suivant des études d'œnologie à Changins (VD). Aujourd'hui, elles dirigent seules ou avec leur partenaire les travaux de la vigne, de la cave et de la vente. Elles souhaitent que la proportion de femmes dans ce «domaine masculin» continue d'augmenter.

Émilienne Hutin Zumbach travaille depuis 1989 dans le Domaine Les Hutins à Dardagny et le dirige depuis 2008. Céline Dugerdil est propriétaire et cheffe du Domaine de la Printanière à Avully. Camille Cretegny a d'abord fait des études de droit avant de prendre les rênes du Domaine de la Devinière à Satigny en 2022, après une formation agricole de base.

La proportion de femmes dans les formations en viticulture et en œnologie en Suisse est plutôt faible. En Suisse alémanique, elle est de 25%, selon Jürg Bachofner, directeur de l'association interprofessionnelle du vin de Suisse alémanique. Au Tessin, deux apprentis sur 19 sont des femmes. A l'école d'agriculture de Châteauneuf (VS), la proportion de femmes est de 22% dans le domaine de la viticulture et de 17% dans celui de la technologie du vin.

Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution, car les effectifs sont très faibles, et peuvent donc varier avec une personne en plus ou en moins. A la Haute école d'œnologie de Changins, la proportion de femmes est passée au fil des décennies de 10 à 38% aujourd'hui.

Dans la production viticole, on recherche désespérément du personnel qualifié. Comment encouragez-vous les jeunes femmes à suivre une formation professionnelle dans ce secteur?
Émilienne Hutin Zumbach:
J'embauche souvent des apprenties ou des stagiaires féminines. De plus, j'essaie de permettre à ma collaboratrice d'assumer son rôle de mère et de viticultrice. Cela prouve aux jeunes femmes que la conciliation entre travail et famille est certes compliquée, mais qu'elle est possible. En tant que mère de trois enfants, je suis consciente de ce défi.
Céline
Dugerdil: Être vigneronne est un métier polyvalent, exigeant certes, mais dans lequel les femmes peuvent s'émanciper et s'épanouir. Et ce n'est pas un problème si la famille n'est pas issue de ce secteur.
Camille Cretegny: Plus nous aurons de femmes à la tête de nos exploitations, plus il sera facile de motiver les jeunes pour ce merveilleux métier. Notre travail prouve que ce métier est accessible aux femmes.

Contre quels préjugés les femmes se battent-elles encore dans la production viticole?
Camille Cretegny: Je pense que les préjugés liés à la dureté physique du métier ou à l'utilisation de machines dans les vignes sont encore tenaces. Les stéréotypes concernent plutôt les travaux dans les vignes que dans les caves lors de la vinification.
Céline Dugerdil: Dois-je dire que les femmes sont obligées d'être «meilleures» dans tous les métiers pour enterrer les préjugés? Plus sérieusement, les femmes sont bien acceptées et respectées dans ce domaine.
Émilienne Hutin Zumbach: Heureusement, les choses ont beaucoup évolué et dans le secteur, je pense que les femmes sont respectées. Nous sommes sur la bonne voie. Les commentaires désobligeants sont devenus rares, même s'il faut toujours s'imposer en tant que chef d'équipe! Je suis plus préoccupée par les salaires. Sont-ils identiques pour les femmes et les hommes? Ou sur la possibilité pour les femmes de reprendre une entreprise. L'aménagement des horaires de travail est aussi préoccupant. Il doit être possible pour les femmes de travailler à temps partiel dans la production et de pouvoir mener une vie de famille.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la