Un silence grotesque à Berne
Le Conseil fédéral peut-il encore éviter un fiasco avec l'UE?

Des négociations interminables et un silence de plusieurs mois: le Conseil fédéral n'est plus maître dans sa communication sur l'accord avec l'UE. Il doit maintenant sortir de l'ombre et prouver qu'il peut renverser la vapeur.
Publié: 19.12.2024 à 19:55 heures
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La Suisse négocie depuis des années avec Bruxelles: le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ici lors d'une rencontre en 2022.
Photo: Keystone
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Sven Altermatt

Pendant des mois, il s'est tu, pendant des mois, il s'est abstenu. Alors que les opposants au nouvel accord européen agitaient le pays, le Conseil fédéral est resté muet. La Suisse est plus que jamais confrontée à la question de son destin européen. Le Conseil fédéral va enfin devoir sortir de sa réserve après ces interminables négociations!

Ce vendredi, il annoncera la conclusion des discussions avec Bruxelles. La question clé: qu'a obtenu la Suisse en matière de reprise du droit européen, de règlement des litiges et d'immigration?

Dans ce dossier, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis fait office de tête pensante. C'est en grande partie grâce à lui que les discussions avec Bruxelles ont repris. Après l'échec de l'accord-cadre, le conseiller fédéral PLR s'est engagé pour un nouveau départ. Même le mandat de négociation a été rendu public.

Il y avait une «communication de bas niveau»

Mais ensuite, silence radio. À peine un murmure de la part du Conseil fédéral. Ici et là, une déclaration soignée de la présidente de la Confédération Viola Amherd ou du ministre de la Justice Beat Jans, mais rien de plus. Ignazio Cassis, lui, est resté silencieux.

Le Conseil fédéral tenait absolument à protéger sa position de négociation. La consigne: mieux vaut ne rien dire tant qu’il n’y a rien de concret. Une stratégie qualifiée de «communication minimale», rapporte la «NZZ». Ignazio Cassis a donc gardé le silence. Et s'est tu.

A vouloir s'appliquer une telle retenue, le Conseil fédéral a perdu sans raison le contrôle narratif sur l’accord avec l’UE. Les opposants, eux, ont mis les bouchées doubles, notamment le réseau d’entrepreneurs influent «Kompass Europa». Avec une initiative populaire, ils ont lancé une offensive frontale, soutenue par des figures de proue.

Parallèlement, le président de l'Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard a déclenché un feu d'artifice de critiques. Et du côté européen, le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, n’a pas hésité à fixer publiquement les règles du jeu. Pendant ce temps, aucune réaction du Conseil fédéral. Les quelques partisans de l’Europe au sein du PS, du PLR et du Centre avaient peu d’influence, tandis que leurs directions restaient discrètes.

Dire ce que le pays gagne et ce qu'il perd

Avant même que les résultats des négociations ne soient dévoilés, l’accord avait déjà été critiqué et démoli. Le Conseil fédéral, obstiné, s’est accroché à son absence de communication. Un comportement absurde à l’ère de la communication continue, où chaque vide est immédiatement comblé.

L'heure de vérité a maintenant sonné: fini le low level ! Le Conseil fédéral a-t-il davantage envie d'expliquer pourquoi, de son point de vue, un accord est nécessaire? Ignazio Cassis et consorts veulent-ils inverser le cours des débats?

Si oui, le Conseil fédéral a besoin d'une stratégie pour convaincre le Parlement et le peuple du bien-fondé de l'accord avec l'UE. Mais avant tout, il doit montrer honnêtement quels sont les engagements pris par la Suisse. Ce que le pays gagne – et ce qu'il perd.

Ou bien les sceptiques sont-ils depuis longtemps aux commandes au sein du Conseil fédéral? La majorité ne croit-elle secrètement plus du tout au succès d'un nouvel accord? Dans ce cas aussi, l'honnêteté serait de mise. Sinon, les consultations sans fin après les négociations sans fin ne seront qu'un alibi.

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