Un record depuis 2015
Les demandes d'asile s'accumulent à la Confédération

Malgré la mise en place d'une «'task force' pour la réduction des cas en suspens», Berne n'arrive pas à faire face à ses demandes d'asile. Le Secrétariat d'Etat aux migrations veut même recruter du personnel supplémentaire à cet effet.
Publié: 12.03.2023 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2023 à 21:28 heures
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Demandeurs d'asile au centre fédéral d'asile de Glaubenberg dans le canton d'Obwald.
Photo: Keystone
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Fabian Eberhard

La pile de dossiers d'asile en suspens au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) ne cesse de croître. Fin janvier, le département de la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider comptait exactement 12'768 demandes non traitées — un chiffre qui n'avait plus été atteint depuis près de cinq ans. Ce n'ombre n'a été dépassé qu'au lendemain de la crise historique des réfugiés de 2015.

Les nombreuses demandes en suspens s'expliquent logiquement par l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile. En 2022, 24'500 personnes ont déposé une demande, soit environ 64% de plus que l'année précédente. A cela s'ajoutent 75'000 demandes de statut de protection S des réfugiés en provenance d'Ukraine.

Dès la fin de l'année 2021, la Confédération a mis en place une taskforce pour réduire les temps d'attente. Mais les postes nouvellement créés ont rapidement dû être mis à disposition pour d'autres tâches. C'est ce qui ressort des nouveaux procès-verbaux de réunion de l'état-major spécial Asile, dont le «SonntagsBlick» a pu prendre connaissance. Selon ces derniers, les ressources du SEM dans le domaine de l'asile étaient soit «occupées par les procédures S, soit par l'augmentation des nouvelles entrées.»

40'000 nouvelles demandes

Reto Kormann, porte-parole du SEM, explique: «Depuis juin 2021, le nombre de demandes d'asile a de nouveau nettement augmenté, après le recul dû à la pandémie. La capacité de traitement du SEM a été constamment dépassée, notamment en raison de la charge parallèle dûe à la crise ukrainienne.»

La situation devrait encore s'aggraver au cours des prochains mois. Pour 2023, la Confédération prévoit jusqu'à 40'000 nouvelles demandes d'asile et de nouveaux réfugiés en provenance d'Ukraine.

C'est surtout au printemps que le nombre de demandes devrait grimper en flèche. «Les capacités dont nous dispons ne sont pas suffisantes pour pouvoir traiter les demandes attendues dans les mois à venir» selon Reto Kormann. Le SEM exprime donc sa «volonté» de recruter du personnel supplémentaire.

Téléphones portables fouillés

Le porte-parole du SEM fait toutefois remarquer que le recrutement de personnel prend du temps, et que les nouvelles personnes engagées ne sont «productives» qu'après une période d'initiation d'environ six mois. Toujours est-il que le Secrétariat d'Etat aux migrations a quand même pu augmenter le nombre de dossiers traités ces derniers mois.

Berne aura aussi bientôt besoin de plus d'argent et de personnel dans un autre domaine lié à l'asile. A l'avenir, la Confédération veut procéder dans de nombreux cas à des évaluations de téléphones portables pour identifier au mieux les requérants d'asile. La mise en œuvre d'un projet adopté par le Parlement entraîne un surcroît de dépenses financières et de personnel. Selon les informations du Conseil fédéral, ces nouvelles tâches seront assumées par des collaborateurs dans les six centres fédéraux d'asile.

Près des trois quarts des requérants d'asile n'ont pas remis de papiers d'identité au cours des dernières années. Pour la moitié d'entre eux, la Confédération part du principe que d'autres supports de données pourraient être exploités à l'avenir, c'est le cas notamment des téléphones portables.

Accélération des procédures d'asile

A moyen terme, la Confédération attend une réduction des coûts grâce à ces possibilités d'exploitation supplémentaires. La procédure d'asile pourrait être accélérée grâce à la disponibilité précoce d'informations supplémentaires sur l'identité, la nationalité ou l'itinéraire de voyage.

Les demandeurs d'asile ne devront toutefois remettre des supports de données électroniques que si des informations personnelles ne peuvent pas être obtenues d'une autre manière.


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