«Un pas en avant»
Les partis saluent la reprise des discussions avec l'UE... sauf l'UDC

Le Conseil fédéral veut un mandat de négociations avec l'UE d'ici à la fin juin. A l'exception de l'UDC, l'annonce est globalement saluée par les différents partis et l'économie. Le Centre, la gauche et les syndicats insistent toutefois sur la protection des salaires.
Publié: 29.03.2023 à 19:11 heures
Photo: keystone-sda.ch

L'UDC se dit «choquée» d'apprendre que le Conseil fédéral prévoit un nouvel accord-cadre, a déclaré à Keystone-ATS son chef de groupe au Parlement, le Zougois Thomas Aeschi. Selon lui, un tel accord reviendrait à enterrer les droits populaires.

L'UDC continuera à s'opposer de toutes ses forces à la reprise automatique du droit européen et à la soumission de la Suisse à la Cour de justice européenne.

A l'inverse, pour les Vert'libéraux, l'annonce du Conseil fédéral constitue un pas dans la bonne direction. Mais le processus est beaucoup trop lent, écrit le président du parti Jürg Grossen sur Twitter. «Le Conseil fédéral aurait dû commencer les négociations avec l'UE dès maintenant», estime-t-il. Il ne pourra y avoir aucun autre retard, plaide le Bernois.

Protection des salaires

Le Centre salue le fait que les discussions exploratoires permettent au Conseil fédéral d’établir les grands axes d’un mandat de négociation. Il attend toutefois des avancées concrètes pour maintenir le niveau des salaires et protéger les institutions sociales. Le parti réclame notamment la mise en place de clauses de sauvegarde.

Le co-président du Parti socialiste Cédric Wermuth salue également la volonté du Conseil fédéral d'élaborer les grandes lignes du mandat de négociation d'ici juin. Des questions restent néanmoins en suspens pour lesquelles des solutions de politique intérieure sont nécessaires.

Et l'Argovien de citer la protection des salaires, l'électricité et le service public. «Mais le Conseil fédéral semble en être conscient», a-t-il déclaré à Keystone-ATS. Cédric Wermuth espère que la démarche du Conseil fédéral sera perçue par la Commission européenne «comme un signe de bonne volonté. Il est essentiel que la confiance mutuelle soit rétablie», ajoute-t-il.

Les plans du Conseil fédéral pour une reprise des négociations incitent le président des Verts Balthasar Glättli à un optimisme prudent. Il est toutefois encore trop tôt pour enterrer l'initiative Europe, estime-t-il.

Le scepticisme n'a pas encore disparu, notamment en raison du rythme lent des deux dernières années, a confié M. Glättli à Keystone-ATS. «Si l'on parvenait à nouveau à mener de véritables négociations, je m'en féliciterais.» Mais d'une manière générale, il estime que le calendrier est trop hésitant.

Dans un communiqué, l'Union syndicale suisse (USS) insiste également sur la protection des salaires et le service public. Pour Travail.Suisse, la garantie de la protection des salaires n'est possible qu'avec une concession de l'UE, ce qu'elle n'a toujours pas fait publiquement pour l'heure. Les propositions de la Commission européenne concernant les mesures d'acompagnement ne sont pas une base de négociation suffisante, estime la faîtière syndicale.

Un pas en avant pour l'économie

Du côté de l'économie, Economiesuisse parle sur Twitter d'un «pas important pour les relations politiques avec l'Europe, mais aussi pour l'économie suisse.» Aujourd'hui, seule une solution institutionnelle permettrait de tenir compte des relations qui se sont développées au fil du temps.

L'association de l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (Swissmem) s'est réjouie sur Twitter d'un pas en avant pour de nouvelles négociations. Interpharma, l'association des entreprises pharmaceutiques suisses, appelle à maintenir cette dynamique, en rappelant que selon un récent sondage qu'elle a mandaté, les accords bilatéraux restent la meilleure option aux yeux des Suisses.

Selon le président de la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC) Markus Dieth, les cantons continueront à soutenir le Conseil fédéral «dans la voie qu'il a choisie.» La CdC prend acte du fait que le dialogue avec les cantons a permis de «définir, tant pour les aides d'Etat que pour les questions d'immigration, des ébauches de solutions qui ont conduit à une compréhension commune avec l'UE.»

La Commission européenne se réjouit également de la décision du Conseil fédéral. Elle salue le fait que la «dynamique positive» actuelle vers la modernisation des relations entre la Suisse et l'UE ait été mise à profit. «Cela va maintenant aider à déployer tout le potentiel de notre coopération, y compris dans d'autres domaines comme l'électricité, la santé et la sécurité alimentaire.»

Le Mouvement européen suisse salue enfin une dynamique positive sur laquelle le gouvernement devrait capitaliser. Il invite le Conseil fédéral à présenter, dans le courant du mois de mai déjà, une proposition de mandat de négociation.

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