Un #MeToo japonais
100'000 signatures pour révéler une agression sexuelle dans l'armée

Une ancienne soldate japonaise a remis mercredi au ministère de la Défense une pétition signée par plus de 100'000 personnes demandant une enquête indépendante sur une agression sexuelle dont elle aurait été victime de la part de collègues masculins.
Publié: 31.08.2022 à 16:38 heures
Déçue par sa plainte dans l'impasse, la jeune femme a lancé une pétition en ligne, demandant «une enquête équitable, des sanctions et des excuses».
Photo: Anadolu Agency via Getty Images

Rina Gonoi, 22 ans, a décidé de révéler publiquement ses accusations après l'abandon d'une enquête judiciaire, les procureurs ayant invoqué des preuves insuffisantes. Or, les accusations d'agression sexuelle se font rarement sur la place publique au Japon, et très peu de victimes de viol osent porter plainte, même si le mouvement social #MeToo a un peu fait bouger les lignes dans le pays.

En 2021, un an après le début de sa carrière dans les Forces d'autodéfense terrestres, Rina Gonoi a participé à un exercice d'entraînement d'un mois dans des montagnes. Et lors de cette formation, elle aurait été appelée par des collègues masculins qui buvaient, et deux de ses supérieurs, qui parlaient d'arts martiaux. Ils ont demandé à leurs subordonnés d'utiliser une technique sur elle, a-t-elle raconté mercredi lors d'une conférence de presse à Tokyo.

Elle affirme qu'un des hommes a appuyé sur son cou, l'a poussée au sol, a écarté ses jambes de force et a appuyé à plusieurs reprises son entrejambe contre elle, simulant ainsi un acte sexuel. Deux autres hommes auraient ensuite fait de même, sous les rires d'autres collègues masculins.

«Se lever et agir»

Déçue par sa plainte dans l'impasse, la jeune femme a lancé une pétition en ligne, demandant «une enquête équitable, des sanctions et des excuses», pétition qui avait recueilli plus de 106'000 signatures mercredi. Son action a également déclenché une centaine d'autres accusations de harcèlement sexuel et de brimades dans les Forces japonaises d'autodéfense, émanant de femmes et d'hommes, que Rina Gonoi dit avoir également remises au ministère en même temps que sa pétition.

«J'ai pensé que rien ne changerait jamais si quelqu'un ne se levait pas et n'agissait pas», a déclaré Rina Gonoi. Jiro Kimura, un haut responsable parlementaire chargé des questions de Défense qui a reçu la pétition de Mme Gonoi, a assuré que le gouvernement allait suivre cette affaire de près. «Le ministère de la Défense et les Forces d'autodéfense ont une position ferme sur le fait que le harcèlement sexuel ne doit jamais se produire», a-t-il déclaré.

(ATS)

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