Un impôt spécial ou un emprunt de défense
Plus d'argent pour l'armée oui, mais comment?

La pression à faire des économies donne du fil à retordre à l'armée suisse. De nouvelles sources de financement sont nécessaires. Et c'est l'alternative d'un impôt spécial qui commence à gagner du terrain.
Publié: 03.04.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 03.04.2024 à 07:40 heures
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L'armée suisse manque d'argent.
Photo: Keystone
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Ruedi Studer

Économiser, économiser, économiser! La ministre des Finances PLR Karin Keller-Sutter a donné le ton pour équilibrer le budget fédéral. La pression est telle que même l'armée en souffre – bien qu'elle y ait échappé de justesse.

Mais la ligne de conduite stricte de Karin Keller-Sutter fait parler au sein des milieux de l'armée. On lui reproche de vouloir trop couper dans les budgets et de vouloir briller en tant que renarde en matière d'économies, au lieu de montrer la voie vers des recettes supplémentaires. Pour moderniser l'armée, il faut plus d'argent. Mais avec le diktat actuel, le Conseil fédéral est dans une impasse.

Il n'y a pas que dans l'administration fédérale que l'on se plaint de cette course aux économies. Au Palais fédéral aussi, l'appel à des recettes supplémentaires pour l'armée se fait de plus en plus urgent. Pour pallier ce phénomène, plusieurs alternatives s'imposent. Parmi celles-ci, la demande d'un impôt spécial pour la défense bénéficie d'un soutien croissant.

Un impôt spécial pour l'armée

Le PDG du groupe Ypsomed et conseiller national PLR Simon Michel s'engage en faveur d'un impôt spécial limité dans le temps pour le réarmement de l'armée, rapporte le «Tages-Anzeiger». Ce n'est toutefois pas la population qui devrait passer à la caisse, mais les entreprises. Le plan de Simon Michel? Augmenter l'impôt sur les bénéfices des entreprises au niveau fédéral de 9,5% sur 10 ans. Ce dernier s'élève actuellement à 8,5%. Une telle augmentation permettrait de récolter au total 13 à 14 milliards de francs supplémentaires. L'argent serait ensuite versé dans un fonds d'armement.

Le conseiller national soleurois n'est pas le premier politicien à vouloir allouer plus d'argent à l'armée par le biais d'un impôt spécial. Le conseiller aux Etats du Centre Peter Hegglin vise notamment à augmenter la TVA d'un point pendant six ans, et ce dans le but de l'affecter à l'armée. De quoi rapporter un peu plus de 20 milliards de francs en six ans.

L'UDC veut réaffecter les fonds

Le conseiller aux Etats UDC Werner Salzmann cherche lui aussi des moyens de financement supplémentaires pour l'armée. Sa dernière proposition? Un emprunt de défense. Les citoyens suisses ou les investisseurs étrangers se verraient ainsi offrir la possibilité d'investir dans l'armée dans l'espoir d'un joli bénéfice.

Le politicien de la sécurité est soulagé que l'armée ne doive pas économiser davantage pour le moment. Mais il est également agacé par le fait que le financement de l'armée n'avance pas. «Le Conseil fédéral doit se réunir à huis clos pour prendre conscience de ce qui est vraiment important pour notre pays, d'autant plus si l'on envisage un cas d'urgence.»

Mais contrairement à ses deux collèges du PLR et du Centre, Werner Salzmann n'est pas pour des impôts supplémentaires. Il voit plutôt dans le budget fédéral un certain potentiel d'économies qui pourrait être libéré pour l'armée. «Dans le domaine de l'asile ou de l'aide au développement, il est possible de réaffecter des milliards dont nous avons maintenant un besoin urgent pour l'armée», explique le politicien de droite. «Un impôt spécial est pour moi la dernière priorité.» Sur ce point au moins, il se range du côté de Karin Keller-Sutter.

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