Ce mois de juillet a connu les températures mensuelles les plus élevées jamais enregistrées dans le monde. A Athènes, les autorités ont dû fermer temporairement l’Acropole et d’autres sites touristiques; dans la ville américaine de Phoenix, des sans-abri se sont brûlés en s’endormant sur l’asphalte; en Chine, un nouveau record a été enregistré avec 52,2 degrés.
En Suisse aussi, le thermomètre élevé de juillet a donné du fil à retordre à de nombreuses personnes. Des telles températures sont particulièrement désagréables dans les villes, qui deviennent des îlots de chaleur et ne se rafraîchissent guère, même pendant la nuit. Dans les centres, il fait souvent jusqu’à dix degrés de plus que dans les environs.
Le réchauffement climatique va encore aggraver la situation. Selon les chercheurs de l’ETH, il devrait faire aussi chaud à Zurich en 2050 qu’à Milan aujourd’hui. Et dix ans plus tard, les températures dans la vieille ville de Berne atteindront le niveau de Madrid, selon les autorités. Le conseiller d’Etat genevois Antonio Hodgers avertissait déjà que Genève aura, en 2090, le climat des Pouilles, dans le sud de l’Italie, ou de la Bosnie-Herzégovine.
Les villes suisses ne sont pas prêtes
Mais les villes suisses ne sont pas encore prêtes pour un tel climat, comme le montre l’exemple de l’Europaallee de Zurich: au lieu d’arbres, ce sont le verre, l’acier et le béton qui dominent. Et même lors de la rénovation des rues et des bâtiments, les autorités misent encore souvent sur l’imperméabilisation – alors que le contraire serait nécessaire: plus de verdure, plus d’eau, plus de circulation d’air.
Pourquoi n’en fait-on pas davantage? «Ce qui est mis en œuvre aujourd’hui a été planifié il y a cinq ou dix ans», explique Anders Stokholm, président de l’Union des villes. A l’époque, l’accent n’était pas mis sur le problème de la chaleur – mais sur la densification.
L’espace est limité
Même au sein des projets en cours, il est, par exemple, presque impossible de planter plus d’arbres. «Si les villes veulent changer quelque chose au plan initial, elles doivent refaire ce dernier. Cela entraîne des retards de plusieurs années», précise le spécialiste. A cela s’ajoute le fait que les prescriptions dans les règlements de construction et de zonage sont nombreuses. Dans les vieilles villes, «le site doit être préservé selon la loi».
Et il y a une autre raison pour laquelle les villes n’avancent pas plus vite dans la lutte contre leur réchauffement: l’espace limité. Plus d’arbres signifie souvent moins de voitures. Des recours – et donc des retards supplémentaires – sont programmés dans de tels cas.
Anders Stokholm n’a pourtant aucun doute: «A moyen terme, nous devrons dans certains cas réduire les voies de circulation ou renoncer à des places de stationnement pour assurer l’ombrage.»
Les riverains s’opposent aux arbres
Il sait par expérience que ce n’est pas facile: «Lorsque j’étais maire d’une petite commune de Thurgovie, nous voulions réduire la vitesse sur une route et planter trois arbres. Les riverains ont alors récolté des signatures contre les arbres.» Ils étaient dérangés par les feuilles qui tomberaient sur le goudron en automne.
Désormais maire de Frauenfeld, il rencontre également de la résistance: «Lorsque nous voulons planter des arbres, il y a toujours une partie de la population qui s’y oppose: ils craignent que les feuilles atterrissent sur la chaussée ou dans leur jardin, ou que les arbres bloquent la vue.» Selon lui, il est décisif d’impliquer la population. «Dans de nombreux cas, il n’y a pas de solutions rapides, conclut-il. Nous ne pourrons pas éliminer le problème de la chaleur dans les cinq prochaines années.»
Des solutions sont possibles
Mais il existe des exemples de villes qui, malgré les obstacles, parviennent à remédier aux températures élevées. Christine Bächtiger, directrice adjointe de la stratégie climatique de la ville de Zurich, cite la végétalisation de la façade de l’hôpital Triemli, une tour en béton située à la périphérie de la ville. En raison des exigences en matière de protection contre les incendies, il n’était pas possible de végétaliser sur plusieurs étages. A la place, la ville a fait installer des bacs plus petits à chaque étage – au total, 4600 plantes ont été mises en pot.
La spécialiste cite un autre exemple: la plantation de 48 arbres dans la Heinrichstrasse à Zurich – en contrepartie, 14 places de parking ont été supprimées. Ces exemples montrent, selon Christine Bächtiger, que «beaucoup de solutions sont possibles pour changer les bâtiments et les rues déjà existantes.»