Pas besoin d'en arriver à l'incident de Winterthour, où un fan de foot genevois a balancé une torche dans la foule, pour que les supporters n'en puissent plus. Les ultras et leurs fumigènes inquiètent les familles qui se rendent aux stades de la Pontaise et de la Tuilière, à Lausanne. Le conseiller communal (législatif) vert Valéry Beaud demande des comptes à la Municipalité.
Si la question de la répression divise, une chose est sûre: les engins pyrotechniques agacent. «Le Lausanne sport a effectué un sondage auprès de ses fans, et l'une des principales préoccupations sont les fumigènes et la pyrotechnie, assure l'élu écologiste. Les mesures de dialogue ne suffisent pas, le club le reconnaît.»
Valéry Beaud souligne une forme d'hypocrisie et de complaisance. «C'est interdit d'entrer avec des fumigènes et interdit de les utiliser! Pourtant, ils sont allumés à chaque match, les clubs n'ont pas envie de fâcher les supporters ultra.»
Oxyder et enflammer les cellules humaines
Son inquiétude principale? La santé, notamment des plus jeunes fans. «Entre fumigène et famille, il va falloir que les clubs choisissent! tonne l'élu. Régulièrement, l'ensemble du stade est complètement enfumé et beaucoup de spectateurs s'en plaignent.»
Valéry Beaud cite, dans son texte, une thèse de doctorat sur les fumées et fumigènes publiée dans «Science et Avenir». «La toxicité vient de l'inhalation de particules fines et ultrafines. Des études in vitro montrent que les fumées respirées peuvent oxyder et enflammer les cellules humaines», développe le conseiller communal.
Alerter sur les dangers
Son texte, déposé le 23 avril, vise deux objectifs. D'une part, thématiser l'impact sur la santé, sujet moins évoqué dans la capitale vaudoise que, mettons, les interruptions des transports publics les soirs de match. D'autre part, il veut responsabiliser la Municipalité, qui est propriétaire des deux stades. «Leur usage n'est pas conforme au règlement, Lausanne doit donc prendre des mesures pour que la loi y soit respectée», demande l'élu.
Il ajoute que les autorités ont une responsabilité de protection de la population. «Je doute qu'on en arrive là, mais Lausanne va peut-être devoir conseiller aux familles de ne plus aller voir les matches tant qu'il y aura des fumigènes?»
Le conseiller communal voudrait renforcer la fouille. «Il faut identifier les personnes et les sanctionner. La Suisse est très en retard par rapport aux pays voisins, on a un grave problème. On parle tout de même d'objets qui peuvent atteindre mille degrés et sont allumés à chaque rencontre.»
Clubs «entre le marteau et l'enclume»
Valéry Beaud cite les propos du conseiller d'État valaisan Frédéric Favre, chef de la sécurité, des institutions et du sport. Interrogé par «Mise au point» le 28 avril, ce dernier tient des propos clairs: «les clubs ont perdu le contrôle de leurs supporters ultras».
Le conseiller communal lausannois abonde. «Les clubs sont mal pris, entre le marteau et l'enclume. Il faut assurer le confort des spectateurs et satisfaire les plus fervents.» Il demande notamment aux autorités si des pénalités sont prévues en cas de mauvais usage des stades. Son texte a pour l'heure été renvoyé en Municipalité
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