Thomas Matter fait partie de ceux qui n'ont pas à se soucier de l'état de leur compte en banque à la fin du mois: selon une estimation du magazine économique «Bilanz», le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) et banquier dispose d'une fortune d'environ 175 millions de francs.
Lorsque Thomas Matter a remplacé Christoph Blocher au Conseil national en 2014, il a promis de renoncer à sa compensation financière en tant que politicien. Mais cela n'était juridiquement pas possible. Thomas Matter a alors annoncé qu'il ferait don de son revenu de conseiller national d'environ 120'000 francs par an à des œuvres caritatives – une promesse qu'il tient encore aujourd'hui. «Je suis un privilégié et je n'ai pas besoin de cette indemnité», explique-t-il lors de l'entretien au Palais fédéral.
Un foyer dirigé par un Suisse
Juste à temps pour Noël, Blick a voulu savoir à qui Thomas Matter avait fait don de son salaire cette année. «La majeure partie de l'indemnité a été versée à un foyer pour enfants au Honduras.» Le foyer El Refugio s'occupe d'environ 80 enfants et est dirigé par un Suisse.
Thomas Matter connaît personnellement le foyer, il s'y est déjà rendu à plusieurs reprises. «Quand on voit de ses propres yeux la pauvreté brutale et la pollution de l'environnement là-bas, on porte un autre regard sur la Suisse», explique Thomas Matter. Outre son engagement en Suisse, il soutient le foyer au Honduras parce qu'il est certain que ses fonds y parviennent directement et ne se perdent pas dans un appareil administratif, assure-t-il. L'État hondurien ne soutient pas le foyer.
Favorable à une réduction de l'aide au développement
L'engagement est une tradition dans la famille de Thomas Matter. Sa mère a cofondé le foyer pour enfants après avoir lu un rapport sur un projet au Honduras. «La classe moyenne y vit très pauvrement et la criminalité y est effroyablement élevée», explique Thomas Matter. Sa femme préside aujourd'hui le conseil de fondation.
Le contraste entre l'engagement personnel de Thomas Matter et sa position politique est particulièrement paradoxal. Lors de la session d'hiver, la majorité du Parlement fédéral – soutenue par l'UDC – s'est engagée à réduire sensiblement les fonds suisses destinés à la coopération au développement.
«Les fonds de la Suisse vont souvent à des États corrompus ou à des ONG qui détournent elles-mêmes beaucoup, de sorte que seule une fraction parvient aux personnes dans le besoin», sans preuve à l'appui. Il demande qu'à l'avenir, l'aide au développement suisse ne soit versée qu'aux pays qui coopèrent avec la Suisse, par exemple pour la réadmission des demandeurs d'asile déboutés.
La stratégie de coopération internationale change la donne
La Suisse apporte également son aide au Honduras. Le travail de la Direction du développement et de la coopération (DDC) au Honduras n'est toutefois pas concerné par cette mesure d'économie.
Interrogée à ce sujet, la DDC a déclaré qu'elle se retirerait de la coopération bilatérale au développement en Amérique latine à la fin de l'année 2024, et donc aussi du Honduras, qui était jusqu'à présent un pays prioritaire. Cette décision a toutefois été prise avant le récent débat sur les économies.