#MeToo au Cervin: l'image du tourisme valaisan souffre de l'affaire Yannick Buttet. L'ancien conseiller national du Parti démocrate-chrétien (PDC) a été condamné deux fois de manière définitive – une fois pour harcèlement sexuel, une fois pour contrainte. Malgré cela, la Chambre valaisanne du tourisme l'a élu président, alors que sa victime travaille chez Valais Promotion. En tant que membre du comité directeur de Valais Promotion, l'homme politique aura donc désormais affaire à sa victime.
Une réunion de crise est prévue ce mardi 30 juillet. À en croire une pétition en ligne et de nombreuses femmes politiques du Parti socialiste (PS) et du Centre, Yannick Buttet sera bientôt de l'histoire ancienne. «Si j'étais Yannick Buttet, je démissionnerais. Il a nui à l'image du tourisme valaisan», déclare la politicienne valaisanne du PS Sarah Constantin. «Nous avons besoin d'un nouveau départ et non d'une Chambre du tourisme qui s'occupe d'elle-même. J'attends de Buttet qu'il prenne ses responsabilités et offre sa démission.»
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Critique du «Boys Club» valaisan
Si l'intéressé n'est pas prêt à se retirer, les membres du comité directeur devront agir. «On ne peut laisser un "Boys Club" continue à soutenir Buttet en tant que président», poursuit Sarah Constantin. Car au sein du comité directeur, 13 membres sont des hommes, contre une seule femme. «C'est un scandale! Je vais faire de ce qui se passe à la Chambre du tourisme et de la faible représentation des femmes un sujet de discussion au Parlement en septembre», a déclaré la socialiste.
Du côté de l'aide aux victimes, le personnel de Yannick Buttet fait également l'objet de critiques. «La violence sexualisée est une question de pouvoir, de contrôle et d'humiliation», explique Beat John, directeur de l'association Opferhilfe beider Basel. «Dans le monde du travail, un patron – s'il le veut et en a besoin – peut sans problème exercer un pouvoir et un contrôle et faire en sorte qu'une personne se sente mal à l'aise et humiliée. Pour la personne victime de violence, il s'agit d'une situation intolérable qui peut avoir un effet retraumatisant.»
Contesté au sein du comité directeur
Pourtant, Yannick Buttet continue de bénéficier de la bénédiction du gouvernement valaisan. Le conseiller d'État en charge du dossier, Christophe Darbellay, précise à Blick: «Monsieur Buttet dispose des compétences pour occuper ce poste. La Chambre valaisanne du tourisme est une entité totalement indépendante de l'Etat et a pris sa décision à l'unanimité et en toute connaissance de cause.»
Mais ce que Christophe Darbellay ne dit pas, c'est que la nomination du principal intéressé était tout à fait controversée. Seule une courte majorité du comité directeur s'est prononcée en faveur de Yannick Buttet, selon nos informations. Celui-ci aurait ensuite été recommandé à l'assemblée générale pour être élu – comme unique candidat. Au moment de la procédure de sélection, peu de personnes au sein du comité directeur de la Chambre du tourisme savaient que Yannick deviendrait le chef indirect de son ancienne victime. «Si cela avait été connu, Buttet n'aurait pas gagné l'élection», explique un initié.
De leur côté, Yannick Buttet et la Chambre du tourisme ne souhaitent pas s'exprimer avant la réunion de crise prévue ce mardi. Les conseillers nationaux et aux Etats valaisans de l'ancien parti du politicien, Le Centre, se murent également dans le silence. Le «Boys Club» semble avoir la main. Pour l'instant.